Musulmane, amazighe, voilée, enturbannée, maquée à un Antillais… Tous les ingrédients sont rassemblés pour que fleurissent les clichés, pour que s’épanouissent les délits de non-conformité dans une société française colorée et multiculturelle. Ne serait-elle pas un peu arabe aussi ? Samia est française et le prouve à travers les personnages qu’elle crée, ceux que des Blancs de souche croisent à longueur de quartiers à risques et de sphères huppées. Oui, ils sont partout et se permettent le luxe de se reproduire.
Pour l’ornement final, Samia Orosemane est elle-même basanée ! Une basanée de Clichy-sous-Bois et femme de surcroît. Si ce n’est pas de la provocation ! Alors voilà : en 2009, elle triture « Ali Baba et les 40 voleurs » et tricote « Samia et les 40 comiques ». Un spectacle forcément multicolore avec, en majeure partie, des noms à coucher dehors, « occidentalement » durs à prononcer : Majid Berhila, Candy Nguyen-Viet, Booder, Shirley Souagnon, Kyan Khojandi, Malik Bentalha, Mohamed Mamane Mustapha, Kamal Le Magicien Boutayeb… et, fatalement, Samia Tamansourt. L’incorrigible humoriste enfonce le clou en assurant en 2012 la première partie d’un spectacle du Congolais Phil Darwin né Nianga. Mais la bravade ne s’arrête pas en ce si bon chemin.
Désabusée, nourrice et escroc
Samia est cette fille qui grandit avec des rêves plein les neurones, un brin désabusée. Pourquoi ? Disons qu’elle inspire cet état d’esprit quoiqu’elle n’y soit pas pour beaucoup… Désabusée, elle fréquente le collège où elle découvre la magie du théâtre en étudiant le créateur de « L’Ecole des femmes ».
Désabusée, elle rejoint le Conservatoire d’art dramatique de Paris. Désabusée, elle s’éloigne de ses études en sociologie et en sciences politiques. Désabusée, elle fréquente l’usine pour pouvoir payer ses études en dramaturgie. Désabusée, elle est recalée du Conservatoire. Désabusée, elle épouse un Martiniquais croisé sur la scène d’un théâtre. Désabusée, elle renonce au spectacle because le voile. Désabusée, elle travaille comme nourrice. Désabusée, elle claque entre ses propres doigts et retrouve les planches.
Samia est plus Orosemane que jamais. Révélation en 2014 de l’évènement « Les Impertinentes » organisé par Le Grand Point-Virgule et Aufeminin (groupe de média international détenu dans son intégralité depuis 2019 pat TF1), elle intègre pour y demeurer le monde du spectacle, d’abord en « escroc » puisqu’elle joue le même one woman show pendant des lustres -« Femme de couleurs »- et ensuite en cherchant de ne plus l’être.
Dans le sketch « Ni pull ni chemise » où elle égratigne l’association française « Ni putes ni soumises », elle est sans merci. Elle y dénude Fadela Amara, alors présidente du mouvement et que Samia exècre avec élan : « Ce sont des arrivistes. Plus que le féminisme, elles faisaient avant tout la promotion d’elles-mêmes. Elles ont stigmatisé les leurs. Voile et féminisme ne sont pas antinomiques, au contraire. La libération de la femme ne passe pas par la nudité. On peut décider de se couvrir afin d’être appréciée pour ses valeurs. » Ca, c’est fait.
Tournée fleuve, longue et tranquille
Venue à Casablanca il y a cinq ans pour un show collectif au Studio des arts vivants, Samia Orosemane étonne et détonne. Seulement, attention, l’amuseuse peut péter les plombs.
Lors d’une entrevue avec un magazine féminin marocain la renvoyant au statut d’humoriste engagée, elle dit tout de go : « Ce sont les gens qui le disent. Moi, je n’en sais rien. Je raconte des histoires sans porter de jugement. Mais quand il y a des choses qui me dérangent, je n’hésite pas à en parler. Par exemple, la vidéo que j’ai réalisée après les attentats de Paris a buzzé parce que les gens avaient besoin d’entendre ce genre de choses à ce moment-là. Cette musulmane voilée qui demande à ces ‘’islamistes, intégristes, djihadistes, pianistes, cyclistes’’ d’arrêter de se cacher derrière l’islam et de choisir une autre religion pour nous laisser tranquille ! Il y en a marre des amalgames. Combien de musulmans ont été assassinés le 13 novembre au Bataclan ? Nous avons aussi été pris en otage. Nous sommes dans le même camp. J’ai envie de réconcilier les gens, de donner un peu de recul avec l’humour… Tant que les gens en auront besoin, je continuerai. » Et elle continue avec ce « Je suis une bouffonne » sanctionné par une tournée fleuve, longue et tranquille.
Ainsi va la vie de cette humoriste ni grossière ni vulgaire, militante anti-communautariste, universaliste, « pianiste, cycliste » et créatrice en 2014 du festival « L’Ile du rire » chez elle à Djerba (la douce), sa ville tunisienne d’origine, sur le modèle du « Marrakech du rire » de Jamel Debbouze. La « foulardée », comme elle s’amuse à se qualifier, continue à ne pas écrire son dernier sketch ni à prononcer sa dernière vanne. Alléluia, Allah est grand !
Pour l’ornement final, Samia Orosemane est elle-même basanée ! Une basanée de Clichy-sous-Bois et femme de surcroît. Si ce n’est pas de la provocation ! Alors voilà : en 2009, elle triture « Ali Baba et les 40 voleurs » et tricote « Samia et les 40 comiques ». Un spectacle forcément multicolore avec, en majeure partie, des noms à coucher dehors, « occidentalement » durs à prononcer : Majid Berhila, Candy Nguyen-Viet, Booder, Shirley Souagnon, Kyan Khojandi, Malik Bentalha, Mohamed Mamane Mustapha, Kamal Le Magicien Boutayeb… et, fatalement, Samia Tamansourt. L’incorrigible humoriste enfonce le clou en assurant en 2012 la première partie d’un spectacle du Congolais Phil Darwin né Nianga. Mais la bravade ne s’arrête pas en ce si bon chemin.
Désabusée, nourrice et escroc
Samia est cette fille qui grandit avec des rêves plein les neurones, un brin désabusée. Pourquoi ? Disons qu’elle inspire cet état d’esprit quoiqu’elle n’y soit pas pour beaucoup… Désabusée, elle fréquente le collège où elle découvre la magie du théâtre en étudiant le créateur de « L’Ecole des femmes ».
Désabusée, elle rejoint le Conservatoire d’art dramatique de Paris. Désabusée, elle s’éloigne de ses études en sociologie et en sciences politiques. Désabusée, elle fréquente l’usine pour pouvoir payer ses études en dramaturgie. Désabusée, elle est recalée du Conservatoire. Désabusée, elle épouse un Martiniquais croisé sur la scène d’un théâtre. Désabusée, elle renonce au spectacle because le voile. Désabusée, elle travaille comme nourrice. Désabusée, elle claque entre ses propres doigts et retrouve les planches.
Samia est plus Orosemane que jamais. Révélation en 2014 de l’évènement « Les Impertinentes » organisé par Le Grand Point-Virgule et Aufeminin (groupe de média international détenu dans son intégralité depuis 2019 pat TF1), elle intègre pour y demeurer le monde du spectacle, d’abord en « escroc » puisqu’elle joue le même one woman show pendant des lustres -« Femme de couleurs »- et ensuite en cherchant de ne plus l’être.
Dans le sketch « Ni pull ni chemise » où elle égratigne l’association française « Ni putes ni soumises », elle est sans merci. Elle y dénude Fadela Amara, alors présidente du mouvement et que Samia exècre avec élan : « Ce sont des arrivistes. Plus que le féminisme, elles faisaient avant tout la promotion d’elles-mêmes. Elles ont stigmatisé les leurs. Voile et féminisme ne sont pas antinomiques, au contraire. La libération de la femme ne passe pas par la nudité. On peut décider de se couvrir afin d’être appréciée pour ses valeurs. » Ca, c’est fait.
Tournée fleuve, longue et tranquille
Venue à Casablanca il y a cinq ans pour un show collectif au Studio des arts vivants, Samia Orosemane étonne et détonne. Seulement, attention, l’amuseuse peut péter les plombs.
Lors d’une entrevue avec un magazine féminin marocain la renvoyant au statut d’humoriste engagée, elle dit tout de go : « Ce sont les gens qui le disent. Moi, je n’en sais rien. Je raconte des histoires sans porter de jugement. Mais quand il y a des choses qui me dérangent, je n’hésite pas à en parler. Par exemple, la vidéo que j’ai réalisée après les attentats de Paris a buzzé parce que les gens avaient besoin d’entendre ce genre de choses à ce moment-là. Cette musulmane voilée qui demande à ces ‘’islamistes, intégristes, djihadistes, pianistes, cyclistes’’ d’arrêter de se cacher derrière l’islam et de choisir une autre religion pour nous laisser tranquille ! Il y en a marre des amalgames. Combien de musulmans ont été assassinés le 13 novembre au Bataclan ? Nous avons aussi été pris en otage. Nous sommes dans le même camp. J’ai envie de réconcilier les gens, de donner un peu de recul avec l’humour… Tant que les gens en auront besoin, je continuerai. » Et elle continue avec ce « Je suis une bouffonne » sanctionné par une tournée fleuve, longue et tranquille.
Ainsi va la vie de cette humoriste ni grossière ni vulgaire, militante anti-communautariste, universaliste, « pianiste, cycliste » et créatrice en 2014 du festival « L’Ile du rire » chez elle à Djerba (la douce), sa ville tunisienne d’origine, sur le modèle du « Marrakech du rire » de Jamel Debbouze. La « foulardée », comme elle s’amuse à se qualifier, continue à ne pas écrire son dernier sketch ni à prononcer sa dernière vanne. Alléluia, Allah est grand !
Anis HAJJAM