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Location de voitures : Rien ne va plus pour ce secteur paralysé !


Rédigé par Abdellah EL MOUTAWAKIL Jeudi 6 Janvier 2022

Plus de 7.000 personnes exerçant dans les sociétés de location de véhicules ont perdu leur emploi au Maroc depuis le début du covid-19. Les professionnels du secteur sont désemparés et appellent à être inclus dans le contrat-programme conclu pour le secteur touristique.



Location de voitures : Rien ne va plus pour ce secteur paralysé !
Pour eux, c’est la « rencontre de la résurrection » ! Cette rencontre, c’est celle prévue ce vendredi 7 janvier avec le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil. Et eux, ce sont les professionnels de la location de véhicules, regroupés au sein de la Fédération des loueurs d’automobiles sans chauffeurs au Maroc (FLASCAM). Car pour leur président, Tarik Dbilij, ces opérateurs sont « dans la tombe ».

La parabole est dure, mais se comprend au regard des dommages constatés dans l’activité de la location automobile au Maroc. Tenez vous bien, en mars 2021, on comptait déjà plus de 3.200 faillites de sociétés actives dans ce créneau très dépendant du tourisme. « Cela représente environ 7.000 personnes qui ont perdu leur emploi », indique Tarik Dbilij.

Ce dernier déclare à « L’Opinion » que ce nombre a considérablement augmenté aujourd’hui. Surtout depuis la dernière mesure de fermeture des frontières aériennes et maritimes, prolongée encore pour au moins jusqu’à fin janvier. « Nous attendons ardemment la réouverture des frontières pour reprendre nos activités. Et même après cette reprise, il faudra compter au moins entre 3 à 4 mois avant un retour à la normale dans le fonctionnement de nos sociétés », fait-on savoir à la FLASCAM.

Une étude est actuellement en cours afin d’avoir des statistiques plus nettes sur les incidences provoquées par la crise sur les activités des sociétés de location de véhicules.

Activités à l’arrêt

Les villes où l’on compte le plus de sinistres pour les sociétés de location automobiles sont naturellement celles qui portent l’activité économique nationale. Il s’agit de Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger ou encore Fès. Ces pôles économiques sont traditionnellement les plus visités par les touristes. Car, il y a lieu de noter que pour les sociétés de location de véhicules, 78% des clients sont constitués des MRE, des touristes étrangers, puis les sociétés et bien après, les particuliers. « Avec la fermeture des frontières aériennes, nous nous retrouvons sans activités pratiquement» déplore Tarik Dbilij.

Selon le président de la FLASCAM, au-delà de cette fermeture, une autre donne complique la tâche : les restrictions sur les festivités, notamment les cérémonies de mariage et autres déplacements de personnes en groupes, sont venues les priver du peu qu’ils espéraient gagner avec le marché intérieur.

Doléances

Lors de la rencontre avec la tutelle, il sera donc question de solliciter l’assistance du gouvernement sur plusieurs points. Le premier est de permettre aux opérateurs d’avoir de la visibilité sur les fermetures et réouvertures des frontières. Au vu de la recrudescence de la pandémie, notamment avec le variant Omicron, il parait très difficile d’avoir une réponse claire sur cette question.

« Nous demandons également à être intégrés immédiatement dans le contrat-programme signé avec les autres acteurs touristiques », réclame-t-on au sein de la FLASCAM. Pour eux, font-ils savoir, rien ne leur a été accordé dans le cadre des mesures de soutien mis en place par le Comité de veille économique (CVE) dès l’arrivée de la pandémie et son corollaire de crise économique sans précédent. La conception d’un nouveau cahier des charges figure également parmi les doléances des loueurs de voitures. « L’actuel cahier des charges date de 1997 et franchement, il n’est plus en phase avec l’évolution du Maroc d’aujourd’hui », déclare Tarik Dbilij.

Rééchelonner les crédits

Contrairement à bon nombre d’entreprises qui ont bénéficié des dispositifs « Damane Relance » et « Damane Oxygène », celles opérant dans la location automobile disent ne pas être favorisées par ce système. « Ce produit n’est pas adéquat avec notre secteur. Nous sommes en leasing et avons des affaires avec les établissements de crédit. Donc ce système n’est pas adapté pour nous », éclaire Tarik Dbilij, président de la FLASCAM. Pour cette dernière, c’est plutôt une garantie de la CCG qui est sollicitée, en plus d’un rééchelonnement des crédits bancaires.


Abdellah EL MOUTAWAKIL

Repères

Marché de l’automobile : l’AIVAM fait le point !
L’Association des Importateurs de Véhicules au Maroc (AIVAM) tient une conférence ce jeudi à Casablanca pour faire le bilan sur l’activité du secteur durant l’année 2021. Il faut noter qu’à fin novembre dernier, le marché de l’automobile enregistre une croissance de 8,97% par rapport à la même période en 2019, année de référence avant la pandémie. En volume, le nombre de véhicules vendus s’élève à 156.920 unités contre 143.993 à la même période en 2019. Ce qui est plutôt une très bonne nouvelle.

 
Véhicules immatriculés : hausse sur tous les segments
Il faut noter que les véhicules utilitaires légers (VUL) immatriculées sont au nombre de 19.376 à fin novembre 2021, contre 15.970 au même moment en 2019, soit une hausse de 21,32%. Quant aux véhicules particuliers (VP), leurs ventes sont passées de 128.023 à fin novembre 2019 à 137.544 à fin novembre 2021, soit une progression de 7,44%, indique l’AIVAM. Dans le top 5 des ventes, on trouve Dacia, Renault, Hyundai, Peugeot, et Citroën.

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Location de voitures : Rien ne va plus pour ce secteur paralysé !

Crise


Quand les loueurs vendent leurs véhicules
 
C’est un révélateur de la détresse qui règne chez les loueurs de véhicules. A en croire les membres de la FLASCAM, ils ont vendu au bas mot quelque 27.000 véhicules afin d’alléger leurs charges.

Finalement, c’est à se demander si vraiment certains opérateurs du secteur pourront reprendre du service ou revenir dans cette activité motrice dans le bon fonctionnement du tourisme national.

Les gérants des sociétés se sont non seulement retrouvés dans l’incapacité de gérer leurs charges, mais les salariés s’estiment également oubliés, eux qui n’ont pas bénéficié de la subvention de 2 000 DH par mois, accordée aux salariés d’autres secteurs. Il est à noter que selon les chiffres de la FLASCAM, quelque 7.200 sociétés opèrent dans leur secteur d’activités. Avec la crise actuelle qui perdure, difficile de prédire combien d’entre elles seront encore en vie d’ici quelques mois.
 

Ecosystème touristique


Vers un élargissement du contrat-programme ?
 
Le secteur touristique est en ébullition. Les professionnels de la location se réclament de cette grande famille. Une famille en grogne pratiquement à tous les niveaux. Des opérateurs hôteliers ou restaurateurs, tous appellent l’Etat au secours.

Si certains d’entre eux ont pu être inclus dans le contrat-programme, d’autres continuent de solliciter leur intégration. C’est notamment le cas des restaurateurs, et aujourd’hui des loueurs de véhicules. Car tous estiment faire partie du même secteur et jouent un rôle non négligeable dans la réussite des activités du tourisme au Maroc.

A ce propos, la nouvelle ministre du Tourisme, Fatima-Zahra Ammor s’est récemment engagée à « intégrer les restaurants touristiques dans les mesures les plus adaptées parmi l’arsenal de mesures dont bénéficiera le secteur du tourisme », indique un communiqué du ministère. Plusieurs de ces mesures seront opérationnalisées dans les plus brefs délais, précise la même source.

Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion de travail tenue avec le groupement des associations régionales des restaurants touristiques. La Fédération des loueurs d’automobiles sans chauffeurs au Maroc (FLASCAM), compte obtenir la même réponse lors de sa rencontre avec sa tutelle.

 

3 questions à Tarik Dbilij, président de la FLASCAM


« Il sera très difficile de reconstituer un personnel opérationnel »
 
Pour Tarik Dbilij, président de la Fédération des loueurs d’automobiles sans chauffeurs au Maroc (FLASCAM), un retour à la normale ne sera pas de sitôt, car le secteur a perdu énormément de compétences qu’il sera difficile de reconstituer.

- Quelles sont vos attentes vis-à-vis du gouvernement ?
 
- Nous attendons vivement l’ouverture des frontières, car notre activité en dépend. S’il n’y a pas de touristes nous ne pouvons pas exercer, car ces derniers et les MRE sont nos principaux clients. Aujourd’hui, il n’y a pas de visibilité pour nous. De même, nous réclamons que l’Etat nous inclut dans le contrat-programme signé avec les autres acteurs du secteur touristique.


- Mais n’avez-vous pas profité des produits mis en place pour soutenir l’ensemble des secteurs économiques ?


- Il faut savoir que notre activité obéit à certaines particularités. Les produits « Damane Relance » ne peuvent pas s’appliquer à notre secteur. Ce qui nous arrange est que les banques rééchelonnent les échéances des crédits. Sans activités nous ne pouvons rien payer. Aujourd’hui, les faillites s’enchaînent dans notre secteur et il est grand temps d’agir, car ce sont des milliers de familles qui sont impactées.


- Pensez-vous que votre secteur parviendra à se redresser rapidement ?


- Absolument pas. Même si relance il y a, il faut compter au minimum entre 3 et 4 mois avant un retour à la normale. Vous savez, avec les différents profils que nous perdons (chauffeurs, mécaniciens, etc.), il sera très difficile de reconstituer un personnel immédiatement opérationnel. Cela nécessitera vraiment du temps. Ce qui veut dire que nous en avons encore pour plusieurs mois devant nous avant que les choses ne reviennent à la normale.
 

Recueillis par A. M.