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Actu Maroc

Les professionnels appellent à un plan de relance post-épidémie

Tourisme / crise du coronavirus


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 27 Avril 2020

La CNT tire la sonnette d’alarme sur la situation du secteur, touché par la crise de coronavirus. Elle réclame, par conséquent, un plan de relance urgent pour une valeur de 1,7 milliard de DH.



Depuis le déclenchement de l’épidémie de coronavirus au Maroc, l’industrie touristique est en arrêt total d’activité depuis la mi-mars. La Confédération Nationale du Tourisme (CNT) tire la sonnette d’alarme sur la situation et évalue les pertes de recettes à -74%, soit 57,8 milliards de dirhams pour 2020.

Même après le dé-confinement, la CNT estime que la reprise de l’activité sera graduelle et lente. « Tous les acteurs du secteur devront affronter une période très difficile jusqu’à décembre 2020 (9 mois) et une reprise timide et graduelle à partir d’avril 2021 », explique-t-on.

D’autant plus, selon la CNT, les mesures déjà prises par le Comité de veille économique (CVE) pour limiter l’impact de la crise dans l’économie en général sont insuffisantes. Il s’agit notamment de la suspension du paiement des charges sociales (cotisation CNSS - Caisse nationale de sécurité sociale) et d’un moratoire pour le remboursement des crédits bancaires.

Report des échéances de crédit

Pour sauver le secteur, la CNT préconise la mise en place d’un dispositif de sauvegarde proactif spécifique autour de trois axes. Le premier axe est le maintien de l’outil de production. « En priorité, préserver l’écosystème en permettant aux entreprises de faire face aux besoins urgents de liquidité pour le paiement des charges courantes critiques et éviter des faillites », souligne-t-on.

Pour atteindre cet objectif, la CNT suggère le report de toutes les échéances de crédit pour les entreprises de 12 mois minimum (étendre les 3 mois accordées dans le pack CVE à 12 mois minimum). Elle demande également aux banques des facilités de caisse avec un taux préférentiel de 2% maximum, et d’adapter les conditions du produit Daman Oxygène par un relèvement du plafond de 20% de la ligne de trésorerie.

De même, les compagnies d’assurances sont sollicitées pour réajuster le plafond des polices et reporter les échéances des salariés en perte de revenus.

LA CNT demande aussi le report des échéances de facture d’eau et d’électricité à 2021 avec un étalement des paiements sur douze mois, et le report des déclarations et paiement de toutes les obligations fiscales (TVA et acomptes Impôt sur les sociétés - IS) pour 2020…

Préservation du pouvoir d’achat de la classe moyenne

Le second axe préconisé par la Confédération est le maintien de l’emploi. Elle préconise à cet égard l’exonération des charges sociales et fiscales (IR, CNSS…) pour douze mois pour les entreprises en activité qui maintiennent 80% des effectifs. Elle demande aussi la sauvegarde des aides allouées aux emplois les plus vulnérables, notamment les travailleurs indépendants, les femmes et les jeunes. Elle demande également la préservation du pouvoir d’achat de la classe moyenne et la défiscalisation des départs en retraite anticipée pour les salariés proches de cette échéance.

Enfin, pour ce qui est du troisième axe, la CNT réclame un plan de relance pour sauvegarder la compétitivité du secteur. Le plan s’articule autour du marché national, du marché international et de l’Offre Produit. Pour le tourisme local, la CNT suggère un budget de promotion pour stimuler la demande nationale, la mise en place d’une plateforme collaborative de distribution à destination du tourisme interne, la révision du calendrier scolaire pour étaler la saison, le redémarrage des lignes intérieures de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM), et la création de crédits vacances et de chèques vacances défiscalisés.

Au niveau international, là aussi un budget additionnel de promotion sera nécessaire. De même, il faudra accélérer le plan digital pour la promotion de la destination.

Enfin, pour améliorer l’Offre Produit, la CNT demande la mise en place d’un soutien spécifique pour accompagner le secteur durant les prochaines années permettant notamment le déploiement d’un plan d’investissement dans le tourisme rural et le tourisme durable.

La CNT « calcule » l’ensemble de ces mesures à 1,7 milliard de dirhams, dont 1,2 milliard pour la sauvegarde du secteur et 500 millions pour la relance. « La mise en place d’un Plan et d’un budget pour la relance permettra de mobiliser les forces vives du secteur pur transformer la crise en opportunité et reprendre rapidement des parts de marchés auprès des pays émetteurs », souligne la CNT. Et d’ajouter qu’un redressement plus rapide permet un gain cumulé estimé à 46 milliards de dirhams.

A. CHANNAJE