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Le verre Beldi, une philosophie, une esthétique, un art de vivre


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 2 Mai 2021

Identifiable entre tous, le verre Beldi se distingue par sa couleur bleutée, son relief signature et ses légères irrégularités. Cette icône de l’artisanat marocain est un must-have qui a pourtant bien failli disparaître.



Le verre Beldi, ce récipient a accompagné les Marocains sur plusieurs générations. Utilisé dans les cafés pour servir le thé ou le café, ce verre 100% local a fait son entrée dans les grands hôtels et dans les valises des touristes qui l’emportent comme souvenir.

Véritable institution marocaine, le verre Beldi est depuis 1946, année de sa création, le verre à thé de toutes les familles du pays. Soufflé à la bouche à partir de verre recyclé, il est reconnaissable par sa petite boursouflure qui permet de le saisir sans se brûler les doigts ou bien encore, de le ranger dans les cafés, sur les râteliers de fer. « La légende c’est le verre Beldi. On en trouve dans tous les cafés traditionnels, et les restaurants, dans différentes tailles, pour le thé, le café… c’est un symbole très fort au Maroc », nous raconte Jean-Dominique Leymarie, propriétaire de la fabrique « Le verre Beldi ». 

L’atelier de l’espoir 

Le verre à thé marocain était sur le point de disparaître puisque la dernière usine de Casablanca a fermé ses portes en 2013. Mais la fabrique Le Verre Beldi a rallumé ses fourneaux il y a un an et redonné du travail aux artisans de Marrakech. 

Depuis 1973, ce symbole atypique des tables marocaines était produit par l’usine casablancaise Sover à raison de 10.000 verres par jour. Toutefois, en juin 2013, la fabrique située à Aïn Sebaa s’est vue obligée de déposer le bilan face à une rude concurrence des produits chinois et au surendettement laissant ainsi ses 80 employés dans une situation précaire.

S’approvisionnant jadis chez l’entreprise Sover, le Beldi Country Club, dirigé par Jean-Dominique Leymarie, décide de délocaliser l’entreprise afin de sauver l’emblématique verre Beldi et ses souffleurs au savoir-faire inégalé. Depuis quelques années, le domaine de ce boutique-hôtel abrite un atelier doté d’installations conformes aux normes de sécurité.

Comment ça marche ?

La production journalière de l’atelier est de 8.000 pièces, destinées à la vente en gros et à l’exportation. « Le verre Beldi est original, esthétique et surtout écologique puisqu’il est fabriqué à partir de différents débris de verres et de bouteilles. La matière première est ainsi fondue dans un four à 1.600 degrés et maintenue à température 24 h sur 24 afin d’obtenir une pâte orange qui sera soufflée, passée au moule puis découpée à la flamme d’oxygène avant un deuxième passage par le four », explique Jean-Dominique Leymarie. « Les débris repartent à la fusion, tandis que les verres sont placés dans un four de recuite pendant 3 heures. Ils sont ensuite lavés et acheminés sur un chariot par rail jusqu’à leur lieu de stockage », ajoute-t-il. 
La fabrique « Le Verre Beldi » a sauvé cet objet ancré dans la culture marocaine, mais pas que, le verre Beldi est désormais modernisé et décliné sous diverses formes : bols, vases, saladiers, carafes, photophores, etc.Toujours fabriqué à la main selon la méthode d’origine, le verre à thé classique est actuellement décliné en 5 autres tailles pour différents usages.

« C’est un véritable challenge que de relancer la diffusion d’un produit vintage en vue d’une exploitation équilibrée. Pour reconquérir le marché menacé d’être remplacé par des produits industriels n’ayant pas le charme du verre soufflé, l’ambition du Beldi est de compléter la gamme ‘‘arts de la table’’ de nouveaux objets, de s’assurer la coopération de designers et de développer la distribution de la production à l’étranger », indique Jean-Dominique Leymarie.

Des modèles inspirés du verre Beldi

Objet du quotidien qui fait partie du patrimoine marocain, le verre Beldi a inévitablement fait des petits. Les artisans se sont naturellement appropriés sa forme si reconnaissable pour créer toutes sortes de versions. Ainsi, on peut en trouver en céramique unie ou en argile ornée de motifs traditionnels. Verre à boire, pot à rangement… les nouveaux modèles du verre Beldi sont destinés à de multiples usages : dans la salle de bain ou sur une coiffeuse, vous pourrez y ranger vos bijoux du moment, accessoires de coiffure, de maquillage, les produits de beauté des plus petits aux plus grands. Son élégance l’autorise même à apparaître dans une pièce à vivre, ou à se suffire à lui-même en tant qu’objet décoratif.

Repères

KessyBeldi, la préservation du savoir-faire

Créée en 2014 par Bouchaib Harmouzi, KessyBeldi est un atelier de verre recyclé situé à Marrakech. Le verre de KessyBeldi subit un procédé entièrement artisanal pour ensuite prendre la forme d’objets au design élégant et racé. À l’image de toutes les fabriques du verre Beldi, Bouchaib a fait de KessyBeldi une marque qui s’inscrit dans un cadre écologique fort, où 100% du verre utilisé provient du recyclage. Un recyclage, adoubé de préoccupations environnementales, qui marquent toujours un peu plus les discours de cet homme passionné et visionnaire, dont rien ne semble décidemment pouvoir arrêter le voyage.

Une variété de couleurs

Le verre Beldi se décline dans une multitude de couleurs. Les couleurs du verre sont obtenues soit par le recyclage de verre coloré soit par un bain dans une teinture alimentaire (pour les objets de vaisselle) ou non alimentaire (pour les objets de décoration). « On utilise du verre de différentes couleurs pour la fabrication du verre beldi : vert, bleu ou autre, c’est en fonction de la provenance du verre recyclé », explique Jean-Dominique Leymarie, propriétaire de la fabrique « Le Verre Beldi ».
 







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