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L'Opinion

Le temps des incertitudes


Rédigé par Soufiane CHAHID le Lundi 12 Septembre 2022



Une croissance de 4,5% du PIB, c’est ce que prévoit le Projet de Loi des Finances (PLF) pour 2023. Le gouvernement table sur une reprise du secteur agricole, qui devrait enregistrer une récolte de 75 millions de quintaux, et une croissance de la valeur ajoutée agricole de 12,9%, après une baisse qui devrait atteindre 14% pour l’année en cours. Des projections trop optimistes, diront certains, tant elles restent tributaires d’une pluviométrie sinon exceptionnelle, pour le moins normale.

Or, l’optimisme n’a plus sa place dans le monde actuel, marqué par un contexte politiquement, économiquement et, surtout, climatiquement incertain. Le gouvernement ne prévoyait-il pas une croissance de 3,2% pour 2022, avant de retomber à 1,5% ?

Personne à cette époque ne pouvait s’attendre à ce qu’une sécheresse d’une rare gravité s’abatte sur le Maroc et condamne la saison agricole. Personne non plus n’anticipait qu’une guerre d’une grande ampleur frapperait l’Europe, engendrant une flambée des cours de produits vitaux comme le pétrole, le gaz naturel, le charbon ou le blé. Alors que gouverner, c’est prévoir, l’anticipation et la prévision sont devenues tellement difficiles à notre époque où les changements climatiques et l’instabilité géopolitique semblent s’installer dans la durée pour devenir des paramètres quasiment structurels. Les risques se multiplient et deviennent des éléments prépondérants de toute prise de décision en politique publique.

Faudra-t-il pour autant se résoudre à naviguer à vue, en attendant que le pire advienne ? Nassim Nicholas Taleb, connu pour sa théorie du cygne noir, propose le concept de l’antifragilité. Théorisée dans un livre «Antifragile : les bienfaits du désordre », paru en 2013, l’antifragilité se définit comme la capacité d’un organisme à s’améliorer en s’exposant au stress et à l’incertitude. Ce concept vient en opposition à la résilience, qui se limite à encaisser les chocs sans que cette expérience ne soit enrichissante.

Comment transposer ce concept au niveau d’un Etat ? Qu’il soit sanitaire (pandémie), climatique (sécheresse, inondation) ou géopolitique (guerre, difficultés d’approvisionnement), tout choc doit faire l’objet d’un retour d’expérience à même de permettre à l’État et à la société de s’adapter à ces nouvelles réalités, en vue de réagir rapidement et efficacement au cas où ces événements venaient à se reproduire. D’où la nécessité impérieuse pour un pays comme le Maroc de devenir antifragile.



Soufiane CHAHID