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Culture

Lahbib El Moumou: le corps en handicap, l’âme s’envole dans les vastes étendues du Saint Coran


Rédigé par L'Opinion avec MAP le Mardi 26 Mars 2024

A sa naissance prématurée une journée du printemps 1980, Lahbib El Moumou n’a ni pleuré ni crié. Presque un corps sans âme. Que des battements de cœur en signe de vie!



Les médecins diagnostiquent aussitôt une paralysie cérébrale, et tranchent, en se basant sur ce que dit la science pour des cas similaires. "Le nouveau-né est affecté d’un trouble moteur sévère, avec une restriction extrême de l’autonomie et des possibilités de perception et d’expression"...
 
La maman, le cœur apaisé par la foi en la prédestination, prend son mal en patience, mais refuse de se soumettre au fatalisme du diagnostic médical, commence par prénommer joyeusement le nouveau-né "Lahbib" (Le bien-aimé) !
 
Les parents consultent différents médecins, essaient divers traitements, injections et séances de kinésithérapie et, par-delà tout, ne cessent de prier Allah, le Tout-puissant, pour un miracle.
 
A l’âge de 5-6 ans, Lahbib surprend son entourage par ses premiers mots prononcés, bien que difficilement: Al-Adhan (l’appel à la prière). Tenant de sa main tremblante la manivelle du rideau de la fenêtre, comme s’il tenait un micro, Lahbib fait l’appel à la prière tout au long de la journée, "Allahu Akbar, Allahu Akbar…", tel un muezzin.
 
Dans les méandres du destin, la beauté surgit là où on l’attend le moins. La maman voit dans le rituel de son petit ange une lueur d’espoir, décide de le ramener chaque jour à la mosquée du quartier, abritant un Kouttab (école coranique).
 
Lahbib, content, y passe toute la journée. De toutes façons, les conditions de l’époque ne permettaient pas de l’inscrire à une école ordinaire ou à une classe dédiée aux élèves souffrant de l’handicap.
 
A la méthode traditionnelle, planchette en bois (Louh) et récitation collective à haute voix, Lahbib apprend par cœur, au fil des jours, des sourates du Saint Coran, encadrés par deux maîtres bienveillants.
 
La prémonition des médecins étant désormais démentie par les faits, Lahbib s’envole dans les vastes étendues du Coran, puisant sa force dans sa foi et sa détermination et entreprenant un voyage extraordinaire vers la connaissance et la spiritualité.
 
A l’âge adulte, il aura déjà beaucoup appris et commence à participer, aux côtés de ses pairs normaux, à des compétitions et événements célébrant les apprenants du Saint Coran.
 
Ceci étant, l’année 2012 marquera un tournant majeur pour le jeune. Il a été invité pour prendre part à une compétition à l’étranger. Son tour venu pour être testé, le jury lui demande de réciter une partie du Coran à partir du verset : "Et si vous comptez les bienfaits d’Allah, vous ne saurez pas les dénombrer". Lahbib, au lieu de réciter comme demandé, fait remarquer que ce même verset est cité deux fois dans le Livre sacré: le verset 18 de sourate An-Nahl (Les abeilles) et le verset 34 de sourate Ibrahim (Abraham) !
 
Lahbib, à la surprise du jury et de l’assistance émus aux larmes, mémorise non seulement l’intégralité du texte, mais maîtrise les moindres détails, notamment la numérotation des versets et des pages.
 
Cette prouesse a donné lieu à plusieurs participations à des compétitions au Maroc et à l’étranger et de nombreux passages sur des médias et chaînes de télévision. Lahbib excelle et fait sensation.
 
Doté d’un talent divin et animé par la persévérance, les performances étonnantes de Lahbib ont, à chaque fois, été saluées comme un véritable miracle, une inspiration pour ceux qui croient en la force de l’esprit humain.
 
Chaque jour, tôt le matin après la prière d’Al fajr, Lahbib procède à une révision quotidienne du Coran. Cinq hizb par jour. Et pas que pour consolider sa mémorisation, il profite de ces moments pour plonger dans les profondeurs de ce Livre Saint, comme un explorateur curieux naviguant à travers les océans de la spiritualité.
 
"Le Coran est un refuge, un guide, une source inépuisable de force et de réconfort", indique Lahbib dans un entretien à la MAP. Certains de ses propos sont compréhensibles, d’autres sont déchiffrés par son père, qui, lui, comprend tout ce que son fils dit à demi-mot.
 
"Le Saint Coran est le phare de mon existence, ma boussole. Il m’a montré la voie. M’a affranchi des affres de l’handicap pour retrouver la liberté absolue dans ses vastes étendues", souligne le jeune, le cœur empli d’admiration.
 
Par ailleurs, Lahbib se dit particulièrement fier de faire partie des mémorisateurs du Saint Coran au Maroc, Royaume chérifien et terre bénie de l’Islam et où Amir Al Mouminine Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ne cesse d’entourer de sa haute bienveillance les adeptes du Coran, pour exalter la parole d’Allah.
 
L’état de santé de Lahbib ne s’est pas trop amélioré depuis sa naissance, l’handicap moteur persiste. Mais le jeune affirme qu’Allah l’a déjà comblé de nombreux bienfaits qu’il ne saura dénombrer. "Et si vous comptez les bienfaits d’Allah, vous ne saurez pas les dénombrer", fait-il référence au verset coranique.
 
Lahbib El Moumou incarne la résilience, la grâce, et la beauté de l’âme humaine. L’enfant "bien-aimé" nous enseigne que rien n’est impossible lorsque l’amour et la foi guident nos pas.q



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