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Actu Maroc

La presse papier pouvait-elle vraiment redémarrer le 26 mai ?


Rédigé par S.J Lundi 25 Mai 2020

Après plus de deux mois d’arrêt, les journaux et magazines périodiques au Maroc pourront reprendre l’édition, la distribution et la vente de leurs versions papier à partir du mardi 26 mai. Ça c’est en principe, mais qu’en est-il sur le terrain lorsque l’on sait que ni la distribution, ni la vente ne sont parés pour une telle reprise ?



Depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, la presse papier s’est retrouvée dans une situation économique délicate, non pas suite à l’impossibilité d’imprimer, mais plutôt du fait de l’incapacité de distribuer et de vendre. En effet, depuis le début du confinement obligatoire une décrue significative des ventes de journaux arabophones et francophones avait été relevée par les distributeurs.

C’est ainsi que les ventes de quotidiens accusaient une baisse de 45% dans les villes à partir de mercredi 18 mars par rapport au même jour, une semaine auparavant. L’écart était de 12,5% par rapport à la veille mardi 17 mars. L’impact de cette crise était inégal entre journaux francophones et arabophones. Alors que les premiers qui pèsent 30% du marché ont accusé une baisse de – 26%, les seconds, affectés par la fermeture de leurs lieux de lecture habituels que sont les cafés, ont perdu plus de 50% de leurs ventes.

Deux mois plus tard, le ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, Othman El Firdaous, a annoncé sur son mur Facebook, qu’il était possible de reprendre l’impression, la publication et la distribution des éditions papier, à partir du 26 mai 2020 comme si la presse n’attendait que son signal pour reprendre du service. Le problème n’a en effet jamais été une question d’édition, mais plutôt de vente, puisqu’en plus du confinement du lectorat, la majorité des points de vente sont fermés.
 
La réaction des distributeurs ne s’est pas trop faite attendre, eux qui planifiaient une reprise à partir du 10 juin, date officielle et prévisionnelle du déconfinement. 

Ainsi, le groupe Edito qui regroupe Sochepress, Sapress et Warak press, leader du secteur de la promotion et de la distribution de journaux et de livres au Maroc, a souligné dans un communiqué, que le secteur «était déjà confronté à une crise majeure avant même l’arrivée de l’épidémie, et aujourd'hui, après plus de deux mois d'arrêt, la situation est devenue plus difficile qu'elle ne l'était, avec un manque de clarté sur les perspectives de sortie de la crise», soulignant au passage la fermeture toujours en vigueur  des kiosques et des cafés et rappelant que jusqu’à maintenant il n’y a pas de visibilité sur les tendances du marché, du fait que les pouvoirs publics n’ont pas encore communiqué clairement sur les modalités du déconfinement et de la reprise des activités économiques.

Par conséquent et sans le dire franchement, le groupe Edito estime précipitée l’initiative du ministre de la culture et conditionne par un certain nombre de mesures toutes reprises de la distribution des journaux.

En tête de ces mesures, le recensement des points de vente ouverts et ceux qui pourront l’être, l’aménagement du calendrier de reprise sans préjudice des mesures de protection sanitaire, ainsi que le sondage des éditeurs de journaux sur la reprise de l’impression et de la distribution de leurs publications. 

En attendant, force est de rappeler qu’en ces temps de confinement, les entreprises de presse écrite ont fait preuve de responsabilité et de patriotisme, en arrêtant de publier et de distribuer leurs publications en format papier, dans le but d’endiguer la propagation du coronavirus, et ce, sans attendre l’appel de l’ancien ministre de la culture El Hassan Abyaba.

Parallèlement, la majorité de ces publications, dont L’Opinion, ont décidé de proposer en accès gratuit et intégral, en ligne et sous format PDF, l’ensemble des contenus élaborés par leurs équipes rédactionnelles. Bien que cette décision ait un impact significatif sur les fondamentaux économiques de ces entreprises, la solidarité et la responsabilité ont prévalu.

Ainsi, la reprise du «printing» pour les entreprises de presse nécessite une étude de marché, que seuls les professionnels ont la possibilité de mener. Elle nécessite également une vision macro sur la situation épidémiologique de toutes les régions du Royaume.

Finalement, c’est une décision souveraine des entreprises, qui ne nécessite nullement, des signaux des pouvoirs publics qui viennent, malgré tout et comme en réponse aux interrogations des distributeurs, d’émettre par la voix des ministères de la culture et de l’intérieur, un avis favorable à la reprise d’activité des kiosques de vente de journaux et autres papeteries.