Alors même que l’ensemble des citoyens sont confinés afin de limiter les risques de propagation du coronavirus, les braconniers semblent profiter de la situation pour sévir. « Ce contexte exceptionnel de confinement est vu par certains comme une belle opportunité pour s’adonner à des activités délictuelles en milieu forestier », explique Mohammed, technicien forestier dans le Moyen Atlas. À l’instar des autres administrations, le Département des Eaux et Forêts a réorganisé son fonctionnement en s’adaptant aux mesures de confinement. Si les fonctionnaires administratifs optent en grande partie pour le télétravail, leurs collègues déployés sur le terrain restent « entièrement mobilisés » et continuent à mener leurs missions de surveillance et de contrôle. « Nous respectons les mesures d’hygiène et de distanciation sociale, mais nous sommes toujours sur le terrain », souligne Mohammed. Cette veille est manifestement salutaire au vu de tous les actes de braconnage qui ont été enregistrés depuis le début du confinement.
Coupe illégale du bois
Les mafias du bois n’ont pas chaumé ces dernières semaines : le 25 mars dernier, les forestiers de la région de Chichaoua ont pu saisir un véhicule chargé de bois coupé illégalement. Le 26 mars au soir, leurs collègues ont livré une vraie bataille contre des braconniers qui tentaient de déplacer des madriers de cèdre coupé illégalement dans la région de Tounfite. Le 4 avril, à Békria-Selouane dans la région d’Ifrane, un autre transporteur de madriers en bois de cèdre illégalement coupé a été neutralisé et son véhicule saisi. Le 8 avril, dans la région de Midelt, les forestiers ont avorté deux tentatives de transporter une vingtaine de madriers de bois de cèdre. Le 15 avril les agents des Eaux et Forêts de la région de Timahdite ont saisi, pour leur part, 7 madriers de cèdre après une « résistance acharnée » des braconniers. « Le confinement a brisé la chaine logistique des mafias du bois. Nous remarquons que seules les activités d’abatage, de façonnage et de stockage se maintiennent. Le dernier maillon de transport du bois vers les agglomérations est actuellement brisé à cause des contrôles routiers très fréquents », explique Mohammed. Pour le braconnage de la faune sauvage, c’est une autre paire de manches.
Braconnage de la faune sauvage
Depuis le début du confinement, un nombre important d’actes de braconnage ont été enregistrés : le 26 mars dans la région de Tiflet, les éléments des Eaux et Forêts ont procédé à l’arrestation de deux individus qui braconnaient en utilisant des sloughis. Le 29 mars dans la région de Moulay Akoub cette fois, les agents forestiers ont appréhendé deux braconniers armés. Le 3 mars dans la forêt de Dar Ben Hssine située dans la région de Tiflet, deux autres braconniers armés ont également été appréhendés, alors qu’il venait de tuer un sanglier. Dans la région de Taroudant, un braconnier a été verbalisé ce 9 avril suite à la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo qui le montrait en train de chasser des lièvres permettant ainsi aux autorités forestières de l’identifier « après une enquête de 24h ». Le lendemain, deux autres braconniers au sloughi ont à leurs tours été appréhendés dans la région de Sidi Kacem. Le même jour, dans les environs du barrage d’Ahmed El Hansali, les forestiers de la région ont saisi une dizaine de filets et des équipements de pêche installés par des braconniers.
Le 12 avril, des patrouilles d’Asgarou et de Tahanaout ont appréhendé des personnes qui chassaient la nuit et ont saisi un véhicule 4x4, un fusil et du gibier. Enfin, le 13 avril, l’unité de surveillance de la faune à Beni Mellal a procédé à l’arrestation de plusieurs braconniers qui chassaient également au sloughi. Samedi dernier, dans la commune d’Issaguen, alors que les forestiers tentaient de contrer des individus qui ont saccagé un espace de reboisement pour y planter du Kif, un des contrevenants a attaqué un agent à la hache le blessant grièvement à la main.
Confinement ou pas, s’interposer contre le saccage du Patrimoine Naturel du Royaume est souvent une mission dangereuse.
Le 12 avril, des patrouilles d’Asgarou et de Tahanaout ont appréhendé des personnes qui chassaient la nuit et ont saisi un véhicule 4x4, un fusil et du gibier. Enfin, le 13 avril, l’unité de surveillance de la faune à Beni Mellal a procédé à l’arrestation de plusieurs braconniers qui chassaient également au sloughi. Samedi dernier, dans la commune d’Issaguen, alors que les forestiers tentaient de contrer des individus qui ont saccagé un espace de reboisement pour y planter du Kif, un des contrevenants a attaqué un agent à la hache le blessant grièvement à la main.
Confinement ou pas, s’interposer contre le saccage du Patrimoine Naturel du Royaume est souvent une mission dangereuse.
Oussama ABAOUSS