L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search


Agora

L’humeur : Des bases vouvoyant l’histoire


Rédigé par Anis HAJJAM le Jeudi 13 Juillet 2023



L’humeur : Des bases vouvoyant l’histoire
Les nombreux festivals organisés au Maroc sont, décidément, des perles. Leurs organisateurs le savent tellement qu’ils ne connaissent par inadvertance que ce qu’ils peuvent déverser comme bonheur auprès de festivaliers aimants et, par à-coups, floués. « Gnaoua et Musiques du Monde » est exactement le concept qui ne nage pas dans les eaux de l’indécence.

Seulement, la production n’est jamais maîtresse ni de la qualité ni de la quantité, toutes deux issues d’un malaise vociféré par des non-concernés et donneurs de leçons. Aux crotales et sentirs basiques, aux voix et tenues de circonstance, se mêlent sons et triturations à un héritage séculaire, déstabilisant. L’amour d’une création et la méfiance que suggère son vis-à-vis renvoient à un art inhabituel, à la gifle salvatrice.

On nous bassine de fusions, une sorte de rencontres où le mélange extrêmement rapide se fait étrange. On nous douche de résidences qui n’ont de nom que l’intitulé. On nous prend décidément pour un public docile et aérien. Prenons finalement la bête par les cornes : un festival qui dure, parfois perdure, a besoin d’un rafraîchissement artistique.

Un festival de plus d’un quart de siècle d’existence est tenu de renouveler son âme programmatrice. Sinon, il tombe dans la redondance, ce qui est passablement le cas depuis quelques années. De vrais Maâlems sont de la partie certes, mais on nous en sort d’autres, débutants ou encore trébuchants, les qualifiant de la sorte, leur faisant malencontreusement croire que tagnaouite peut se renouveler à travers de nouvelles bases en vouvoyant l’histoire. Ainsi, le compliqué s’écrase-t-il devant le simple, voire le simpliste.

J’aime mon pays, surtout pas celui de ceux qui décident qu’il faut culturellement le vernir et le tramer aux sons et aux couleurs d’arts qu’ils jugent pluriels, sans différenciation. Qui fait courir ce festival beau comme un chagrin d’amour ? Est-il prêt à se renouveler pour les prochaines 25 années qu’on lui souhaite fécondes ? L’avenir qui s’écroule déjà sous nos pieds nous le dira. Ou pas.