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L’Union Européenne et le Covid-19 : Se réinventer pour survivre à la crise


le Mercredi 8 Avril 2020

Les égoïsmes ont pris le dessus sur les valeurs fondatrices de l’UE, faisant craindre pour l’avenir d’une union déjà fragilisée par des crises antérieures à la pandémie. Le drame devait inciter à une riposte en rangs serrés. Il n’en est rien.



Jamal Hajjam, éditorialiste à l'Opinion
Jamal Hajjam, éditorialiste à l'Opinion
La crise du Coronavirus aura exacerbé, partout dans le monde, la préférence nationale larguant au second plan l’idéal du regroupement, de l’unité et de la solidarité entre les membres d’un même ensemble régional. L’exemple le plus criard est donné par l’Europe où, dès l’apparition du Covid-19, les égoïsmes ont pris le dessus sur les valeurs fondatrices même de l’UE, faisant craindre pour l’avenir d’une union déjà impactée par des crises antérieures à la pandémie. Or, conformément aux principes mis en avant par les institutions européennes, l’ampleur du drame et les multiples défis qu’il engendre devaient présider à une riposte en rangs serrés face à un défi majeur. Il n’en est rien.
 
Si l’on a tenté de justifier la résurgence brutale du reflexe nationaliste par le caractère urgent d’une réaction, d’abord locale, pour mieux cerner le mal, il n’en demeure pas moins que sur le plan politique, les aspirations des adeptes du retour à la souveraineté nationale comme autorité suprême à prôner par chaque Etat se revigorent, annonçant un après-crise mouvementé.
 
Dès que le Covid-19 a pénétré le territoire de l’ensemble européen, les anti Europe ont en effet repris leurs coups de boutoir contre la libre-circulation et se sont érigés en prophètes d’un effondrement qu’ils ont d’ailleurs toujours appelé de leurs vœux.
 
Le « sauve qui peut » qui a vite régi les rapports entre les pays du vieux continent constitue bien une aubaine pour les extrêmes droites européennes, somme toute dans leur rôle, confortées dans leurs idées par ce retour marqué et systématique des réflexes individualistes, et ce au lendemain du coup de massue asséné à l’Europe par le Brexit.
 
C’est connu, la crise exacerbe toujours les clivages politiques. D’autant plus que l’UE a donné l’image d’une union qui n’a plus d’union que le nom : fermetures de frontières unilatérales, absence de solidarité sur les masques et respirateurs, mesures de confinement nationales différenciées, décidées sans coordination, critique du voisin sur ses initiatives, aides désordonnées à la recherche d’un vaccin… De quoi faire douter jusqu'aux esprits les plus européens. En témoigne cette déclaration-verdict de l'ancien président de la commission des budgets du Parlement européen, Jean Arthuis, européen dans l’âme : « J'ai un jugement très sévère sur ce qu'est l'Union Européenne aujourd'hui, une addition d'égoïsmes nationaux, sans vision stratégique, organisés autour de traités remontant à une époque antérieure à la mondialisation ».
 
Plus concrètement, face au manque de solidarité de l'Europe, les Italiens se sentent abandonnés et, le 26 mars dernier, un Conseil européen a mis en lumière la désunion, avec clash entre le Nord et le Sud du continent. Paris, Madrid et Rome ont réclamé un partage équitable du fardeau de la maladie, avec une mutualisation des dettes liées à la crise, ce que Berlin et La Haye ont refusé. Du coup, Lisbonne a qualifié de « répugnantes » les insinuations néerlandaises sur « ces Etats qui ne savent pas gérer leurs sous dans la lutte contre le virus ».

Il ne serait donc pas exagéré de penser qu’une menace sérieuse pèse en ce moment sur les fondations de l'Union européenne bien qu’il soit hasardeux de prédire la suite des évènements.
 
Mais il est évident qu’après l’épisode noir du Coronavirus, l’UE va être dans l’obligation de se réinventer pour pouvoir survivre à cette crise inédite qui diffère totalement de celle de 2008 dans sa nature, ses conséquences économiques, ses retombées sociales et ses incidences sur l’échelle des priorités.
 
Jamal Hajjam  
 
 
 
 
 
 
 



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