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L'Iran a exécuté au moins 834 personnes en 2023, nombre sans précédent depuis 2015


Rédigé par L'Opinion avec AFP Mardi 5 Mars 2024

L'Iran a exécuté au moins 834 personnes en 2023, soit une augmentation "alarmante" de 43% par rapport à 2022 et le nombre le plus élevé depuis 2015, selon le rapport annuel des ONG Iran Human Rights et Ensemble contre la peine de mort.



"Le nombre d'exécutions a littéralement explosé en 2023", souligne ce 16e rapport des ONG sur la peine de mort en Iran.
 
"C'est la seconde fois en 20 ans que le nombre d'exécutions dépasse le seuil de 800 par an", font valoir ces organisations qui dénoncent un nombre "effroyable".
 
Les exécutions en Iran, un des pays qui exécute le plus avec la Chine et l'Arabie saoudite, s'effectuent par pendaison.
 
En 2023, au moins 22 femmes ont été exécutées dans la République islamique d'Iran, le nombre le plus élevé de ces dix dernières années, rapportent ces ONG.
 
En 2015, les autorités iraniennes avaient procédé à l'exécution de 972 personnes, rappellent Iran Human Rights (IHRNGO), basé en Norvège, et Ensemble contre la peine de mort (ECPM), basé à Paris.
 
Dans ce rapport de 100 pages, ces ONG accusent l'Iran de recourir à la peine de mort comme un "outil de répression politique" après le vaste mouvement de contestation dans ce pays.
 
Ce mouvement a été déclenché par la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, trois jours après avoir été arrêtée par la police des moeurs pour non-respect du strict code vestimentaire en Iran. Sa famille et les militants des droits humains soutiennent qu'elle a été battue à mort, ce que réfutent les responsables iraniens.
 
Les manifestations, qui avaient secoué pendant plusieurs semaines le régime de la République islamique, se sont désormais calmées face à une répression qui a entraîné la mort de centaines de personnes d'après des associations de défense des droits, et des milliers d'arrestations selon l'ONU.
 
"Instiller la peur dans la société est le seul moyen pour le régime de s'accrocher au pouvoir, et la peine de mort est son instrument le plus important", dénonce Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d'IHRNGO, dans un communiqué.
 
Lors d'une conférence de presse mardi à Paris, le directeur d'ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan, a fustigé "une instrumentalisation de la peine de mort par le régime pour lutter contre toutes les contestations".
 
Le rapport n'inclut pas dans ses statistiques les "551 personnes, au moins, tuées lors des manifestations ou d'autres exécutions extrajudiciaires à l'intérieur et à l'extérieur des prisons", relève le communiqué.
 
Selon ces ONG, au moins huit manifestants figurent parmi les personnes exécutées en 2023, dont six avaient été arrêtées dans le contexte des manifestations et condamnées.
 
Selon le rapport, au moins 471 personnes (56% du total des exécutions) ont été exécutées en 2023 pour des affaires liées à la drogue et au moins 282 personnes (34% du total des exécutions) ont été exécutées pour meurtre.
 
L'Iran applique la charia (loi islamique) qui prévoit la peine de mort pour les crimes telles le trafic de drogue, le viol ou le meurtre.
 
Ce pays, qui affiche l'un des taux les plus élevés au monde de consommateurs d'opiacés, est une des principales voies d'acheminement vers l'Europe et le Moyen-Orient de drogues en provenance de l'Afghanistan voisin.
 
"L'escalade spectaculaire du nombre d'exécutions liées à la drogue en 2023 est particulièrement préoccupante", estiment les ONG, soulignant que les personnes exécutées "appartiennent aux communautés les plus marginalisées de la société, et aux minorités ethniques".
 
Mahmood Amiry-Moghaddam se dit très inquiet "du manque actuel de réaction forte au niveau international" face à ces exécutions, alors que la communauté internationale est focalisée sur la guerre entre Israël et le Hamas palestinien. Ce manque de réaction "envoie un mauvais signal aux autorités" iraniennes, estime-t-il.
 
"Malheureusement, cette indignation internationale manque à l'appel, notamment dans la deuxième moitié de l'année 2023", a ajouté M. Amiry-Moghaddam lors du point de presse mardi. "Tant que le coût politique de ces exécutions n'est pas élevé, leur nombre augmente", a-t-il déploré.
 
Jusqu'à présent en 2024, au moins 83 personnes ont été exécutées en Iran, selon IHRNGO.



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