Le téléspectateur marocain est franchement vache. Et envieux. Le Ramadan à peine commencé, les hostilités prennent leurs quartiers. C’est un déluge d’invectives qui s’abattent sur ces pauvres amuseurs qui viennent en force nouer les boyaux de tout un peuple ou presque, exactement à l’heure de la rupture du jeûne. Et dans la foulée, ce sont les patrons et leurs subalternes qui prennent pour leur grade. Ce n’est pas sympathique de se prendre ainsi à de gentils créateurs, acteurs, réalisateurs, producteurs, donneurs d’ordre. Et dire qu’ils se cassent la tête, l’année durant, dans l’unique but de livrer de la qualité, loin de tout souci du gain. Si, à peine, ils ne font pas cela bénévolement. Dieu ne pardonnera assurément pas cette vile méchanceté à l’accro de la télécommande. Et puis, qu’est-ce qu’il a à déranger ces anges de la télé puisqu’il a une télécommande au bout de son bras ? Il veut consommer marocain, d’autant que ces joyeusetés sont en grande partie financées par ses impôts. Des millions et des millions de dirhams pour des distractions qui ne font rire que les auteurs, et encore ! Une satisfaction se faufile, tout de même, à travers ces coulées d’insultes à l’intelligence : la suppression de la caméra cachée, un bidonnage qui commence par « moteur ! » en présence des personnes censées être filmées à leur insu. Une arnaque qui dure depuis des années. Parallèlement, on peut suivre quelques productions, des feuilletons basés sur de vrais scénarios, écrits ceux-là. Le plus malsain, c’est que cette mascarade nous pousse à radoter. Chaque année, le même triste constat.