Imaginez… Non, n’imaginez pas. Ecoutez, puisque l’écrit peut s’écouter. Dans un train faisant Marrakech-Fès, une jeune femme monte à bord au niveau de Benguerir. Elle met en marche son PC portable et s’y perd. Dans le compartiment, que des amateurs de Facebook, d’Instagram et de X (l’ancien Twiter, pour lever toute confusion). La jolie dame exprime ses e-motions en se mordant la lèvre inférieure, en faisant dialoguer les sourcils, en écarquillant les yeux d’un regard interne intense. Elle décide de fermer son ordi et continue à cultiver son silence sonore. Et puis vient le moment, par totale inadvertance, de l’échange. On parle du temps à encore consommer avant d’arriver à Casablanca. Je découvre ensuite qu’elle est spécialiste ès-navette Benguerir-Casablanca. Cette femme d’en face travaille au sein du prestigieux campus UM6P, une université polytechnique qui s’inscrit dans la beauté et la modernité. Des espaces fantasmagoriques conçus pour l’accueil en étude de la crème du pays, entre nantis de naissance et nouveaux riches. Mais voilà, aux dires lamentés de l’encadreuse : les lauréats de l’UM6P, brillants et battants, se trouvent des nids hors du Maroc. L’an dernier, quarante diplômés sont partis en France essentiellement, là où on leur propose des qualifs et des postes leur faisant croire en l’impossibilité de réussir au Maroc. Et, ironie de l’approche, l’UM6P fait venir de l’étranger des Marocains à la pointe de la connaissance pour instruire les futurs déserteurs. Et lorsqu’ils arrivent sur le sol de leur naissance, ils sont traités comme des nababs, rémunérations et lieux de résidence fastueux. En somme, le Royaume aux mille royaumes forme son élite en devenir pour que d’autres pays en profitent. Allah est grand et le Maroc est son fidèle serviteur
