Un coin de cette ville-cité. Belle lorsqu’elle retrouve sa quiétude après le brouhaha massivement prononcé par des vacanciers qui l’amochent, la rendent impraticable. Et puis voilà, un week-end de septembre. Un week-end où la vie vit, où la mort se meurt. Nous sommes entre nous, les Tangérois et les visiteurs qui ont l’habitude de voir les arbres s’effeuiller, le ciel pleurer, le soleil cligner annonçant le retour de l’intru qui ne comprend pas que le piéton est prioritaire -une spécialité nordiste qui atténue l’élan du véhicule. Un week-end tout en douceur et ce dimanche radieux ! Nous voilà attablés, le regard surplombant cette Kasbah unique, fière de ses années d’existence, de ses histoires rocambolesques et vives à la fois. Le lieu qui nous contient est l’ancienne demeure de la famille Belyazid dont la cinéaste Farida en est la rejetonne. Transformé en un espace multiculturel, multidisciplinaire, à la constance du bon vivre. Cherchant un alentour qui n’en est pas un, le regard est happé par un coin (encore !) dressant des souvenirs d’ailleurs, de Grèce en premier lieu. Mais c’est Tanger que nous humons, majestueuse fille de bonne famille. Cette contrée oublie d’être débile quoique ses nouveaux « gardiens » l’enfonce dans l’abime, dans l’infini renvoi aux temps d’antan. Nous sommes au Maroc et chérissons cette ouverture vers un ailleurs qui s’ouvre sur lui-même, nous indiquant que les rives se regardent, s’embrassent sans forcément s’enlacer. Nous sommes donc face à ce coin qui nous renvoie à nous-mêmes, glorifiant une kasbah aussi belle que le cœur meurtri d’une amoureuse. Nous buvons un café amélioré en ces jours de prohibition, faisant fi d’un vis-à-vis qui fait défaut. En face, un Ilias Selfati qui gribouille, sans piper mot, pour m’arranger le portrait. Belle création que je compte garder avec affection. Merci à ce petit coin de Tanger.