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Interview avec Moundir Zniber : «Nous voulons implanter une gigafactory d’électrolyseurs à hydrogène d’ici 2026»


Rédigé par Soufiane CHAHID Lundi 21 Novembre 2022

la tête de Gaia Energy, Moundir Zniber a signé le 9 novembre dernier un accord avec l’entreprise israélienne H2Pro, dans le but de fabriquer des catalyseurs pour la production d’hydrogène.



- En marge de la COP 27, Gaia Energy a signé un accord stratégique sur l’hydrogène avec l’entreprise israélienne H2Pro. En quoi consiste cet accord ?

- Gaia Energy travaille depuis un certain nombre d’années sur plusieurs grands projets sur le territoire marocain, relatifs à la production d’énergie verte et la transformation en produits dérivés, dont l’hydrogène vert. Pour le processus de production d’hydrogène, il y a une technologie maîtresse qui s’appelle l’électrolyse. Et l’entreprise israélienne H2Pro est spécialisée dans la fabrication de ces électrolyseurs. La technologie existe depuis très longtemps, mais il n’y avait pas auparavant une grande demande mondiale. La production aujourd’hui d’électrolyseurs est très faible, comparée à la demande future d’hydrogène.

Avec les ambitions de produire en grande quantité de l’hydrogène vert, beaucoup de sociétés commencent à développer cette technologie. Donc, une montée en échelle massive est en train d’avoir lieu, chez les fabricants d’électrolyseurs d’hydrogène.


- Pourquoi avoir choisi de vous allier avec H2Pro ?

- Cette entreprise est particulière, parce qu’elle a inventé une nouvelle technologie d’électrolyse. Les autres entreprises comme Siemens ont des électrolyseurs classiques, avec peu de capacité. Or, le grand défi aujourd’hui est de passer d’un électrolyseur de 2 mégawatts à un électrolyseur de 20 mégawatts, donc dix fois plus grand. C’est techniquement faisable, et H2Pro est en train de travailler dessus. C’est une nouvelle technologie disruptive, avec un mode de séparation de l’hydrogène complètement différent et beaucoup plus efficace.


- Gaia va-t-elle développer ce nouvel électrolyseur au Maroc ?

- L’accord est une exclusivité pour Gaia sur le territoire marocain. C’est aussi pour développer ensemble un projet pilote au Maroc. On va dans ce cadre étudier la possibilité de passer à la production d’hydrogène à grande échelle. Notre intérêt est de pouvoir intégrer localement cette technologie et pouvoir la fabriquer au Maroc, pour ne pas être dépendant de l’extérieur. L’accord porte d’ailleurs aussi sur l’étude de l’implantation d’une gigafactory pour fabriquer ces électrolyseurs qui seraient disponibles d’ici 2026.


- Avez-vous une idée sur le montant de l’investissement nécessaire pour la gigafactory ?

- Nous sommes en plein dans l’étude. Personne ne peut vous donner de chiffres exacts, parce que tout cela est vraiment tout frais. Le plus grand problème n’est pas le coût de l’usine elle-même, mais le coût de l’électrolyseur.


- Le coût de l’hydrogène produit sera-t-il plus intéressant avec cet électrolyseur ?

- On ambitionne de produire au Maroc le kilogramme d’hydrogène le moins cher au monde. Pourquoi ? Parce que nous comptons parmi ceux qui ont les meilleures ressources renouvelables de la planète. Ces paramètres nous permettront d’avoir un hydrogène peu cher. Et cette technologie va le permettre encore plus, parce qu’elle va réduire le coût de production.


- Est-ce votre premier projet dans l’hydrogène vert ?

- C’est juste un parmi les multiples accords que nous sommes en train de négocier, et qui renforcent notre stratégie pour devenir un leader dans la production d’hydrogène vert pour l’export. Et c’est juste une pièce du puzzle, parce que le puzzle est grand. On porte ces idées depuis longtemps, et on est la seule entreprise privée marocaine qui investit beaucoup d’argent sur ce sujet en ce moment. Notre stratégie est claire : on veut produire massivement, dans plusieurs localités du Maroc, des projets qui produisent de l’hydrogène vert, et qui feront du Maroc un grand exportateur d’énergie verte.


- Il y a quelques mois, Gaia a signé un accord avec une autre entreprise israélienne, Gandyr. Pourquoi ce rapprochement avec les entreprises israéliennes ?

- Les entreprises israéliennes sont leaders dans les nouvelles technologies liées à l’eau ou à l’énergie. C’est le seul pays au monde qui investit autant dans la recherche et développement. Quand vous encouragez des milliers de start-up à innover et que vous investissez des dizaines de milliards de dollars pour cela, et bien vous avez des résultats. L’année dernière, Israël a donné naissance à 17 unicornes, des start-up qui ont été valorisées à plus d’un milliard de dollars. Et c’est une moyenne entre 15 et 20 par an. C’est énorme ! C’est un élément qui rend la coopération avec ce pays très intéressante.

Il y aussi l’ouverture des accords d’Abraham, et la facilité de travail entre les deux pays. Puis il y a les relations historiques que nous avons entre nos peuples. La plupart de nos partenaires ont des origines marocaines, donc il y aussi ce côté humain qui est fort. Nous ne travaillons pas qu’avec Israël.

Gaia Energy a signé une quinzaine d’autres partenariats, avec des sociétés espagnoles, américaines, chinoises… On a aussi de multiples partenaires au Moyen-Orient. Nous avons décidé de communiquer pour les partenariats avec les entreprises israéliennes, chose qu’on n’a pas faite pour les autres.



Recueillis par Soufiane CHAHID

BIO


Moundir Zniber, l’ambition d’un Maroc leader en énergie verte
 
Depuis la normalisation des relations maroco-israéliennes, Moundir Zniber et son entreprise Gaia Energy multiplient les partenariats avec des entreprises israéliennes dans le domaine des énergies renouvelables. Avant H2Pro, il a signé en février dernier un méga-contrat à 13 milliards de dirhams pour développer des projets d’énergies renouvelables au Maroc.

Moundir Zniber a créé Gaia Energy en 2008, qui est devenue un des principaux développeurs indépendants d’énergies renouvelables à grande échelle dans le Royaume. Gaia Energy a dans son portefeuille une multitude de projets, en Algérie et en Tunisie, mais aussi en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria, en Ethiopie, au Kenya et en Tanzanie. Ces projets concernent le développement des énergies éoliennes, solaires et hydroélectriques.