- Comment avez-vous entamé votre carrière d'acteur ?
- Cela fait près de 23 ans que je pratique ce métier de manière professionnelle. À l'origine, c'était une passion que je cultivais à l'école et à la maison, adoptée dès mon plus jeune âge, même sans réaliser qu'il s'agissait d'interprétation. Le déclic s'est produit, il y a 23 ans, à la Faculté du commerce de l'Université du Caire. Depuis ce moment, je poursuis ce voyage avec amour, particulièrement pendant les dix premières années où je m'impliquais intensément dans le théâtre, entre la Faculté, les centres culturels et les ateliers. Ce parcours m'a finalement conduit à être choisi pour un rôle dans le film « Alf Mabrook » en 2009, aux côtés d'Ahmed Helmy.
- Considérez-vous primordial de faire des études en théâtre ou en art dramatique pour pouvoir devenir acteur ?
- Si je partage mon expérience personnelle, les études en théâtre ou en art dramatique ne sont pas très présentes dans mon parcours, à l'exception d'une année à l'institut du cinéma avant de rejoindre la Faculté du commerce. En général, je suis convaincu que même si un comédien n'a pas suivi d'études académiques spécifiques, il doit enrichir ses connaissances à travers diverses expériences. Cela englobe une série de facteurs essentiels pour construire une carrière professionnelle.
Certes, on peut devenir acteur sans passer par des études formelles, mais cela demeure un élément crucial. Les études offrent un moyen de comprendre l'Histoire du métier depuis ses débuts jusqu'à nos jours.
- Récemment, une tendance envahit la production des séries et films télévisés, où l’on trouve des influenceurs sur Instagram avec des millions d’abonnés appelés à jouer des rôles dans ces créations, rien que pour le nombre de followers…Qu’en pensez-vous ?
Est-ce réellement suffisant d'être suivi par un grand nombre de personnes pour être considéré comme un acteur ? Des acteurs exceptionnels, qui ont marqué l'Histoire du cinéma, n'ont même pas de compte sur les réseaux sociaux. L'idée que les producteurs se basent uniquement sur le nombre de followers sur Instagram pour choisir un acteur semble très superficielle.
Tristement, cela se produit fréquemment. Si l'on se concentre uniquement sur les chiffres, ces influenceurs peuvent certes attirer un large public. Cependant, il est crucial que cela ne devienne pas la norme. Le cinéma, en tant qu'art complexe, est régi par des conventions établies, évoluant avec le temps, mais certainement pas vers une absurdité aussi flagrante.
- Aussi, certains réalisateurs préfèrent recruter des non-professionnels de la même communauté d’où provient leur inspiration, privilégiant ainsi l’authenticité…Qu’en est-il réellement ?
- J'apprécie grandement cette approche. Elle offre une voie très recherchée pour insuffler davantage de réalisme et de naturalisme à un rôle, permettant ainsi aux spectateurs de croire non seulement à une interprétation, mais véritablement à une expérience de vie. Cependant, il est essentiel de ne pas recourir à cette méthode de manière systématique. Ce métier est régi par des normes artistiques, et les non-professionnels pourraient ne pas les maîtriser, risquant ainsi de perturber la communication entre le réalisateur et l'acteur.
Malgré cela, je trouve admirable cette approche pour son côté authentique. Il n'y a rien de nuisible à cela. En tant que réalisateur, si vous parvenez à faire briller cette authenticité que le non-professionnel apporte dans les divers aspects de votre film, pourquoi pas ?
- En Egypte, après 100 de cinéma, la nouvelle génération de cinéastes parvient-elle à prendre la relève ?
- Nous assistons à une transformation considérable, tant sur le plan technique que dans la production et le discours cinématographiques, ainsi que dans la journée type d'un acteur. Je souligne également l'impact indélébile de certains monuments cinématographiques, qui, s'ils étaient projetés aujourd'hui, battraient sans aucun doute tous les records.
On évoque souvent le « temps des beaux-arts », une expression qui a perdu de sa fréquence aujourd'hui. Mais au final, c'est ainsi que l'Histoire évolue. De nos jours, nous vivons d'une certaine manière, et demain, l'avenir reste incertain !
Le cinéma, en tant que reflet de la réalité, évolue en fonction du temps et des spectateurs. C'est pourquoi l'adaptabilité dans la création demeure un élément crucial pour perdurer dans cette voie passionnante.
- Parlez-nous un peu de votre personnage dans votre dernier film, « VOY ! VOY ! VOY ! »
- Hassan incarne un archétype universel, un jeune animé par des rêves et des ambitions, mais dont la vie difficile se dresse comme un obstacle monumental entre lui et le chemin qu'il aspire à suivre. Confronté à des portes qui se ferment, il se tournera vers des méthodes apparemment illégales pour atteindre ses objectifs.
Ce récit, inspiré d'une histoire vraie, m'a profondément choqué quant à l'ingéniosité de cet homme dans l'art de l'escroquerie. Il simule la cécité pour concrétiser son rêve de quitter son pays d'origine, l'Égypte, et de s'installer en Europe, rejoignant même une équipe de footballeurs aveugles en route pour la Pologne.
- Comment s’est déroulée la collaboration avec le réalisateur Omar Hilal ?
- Participer à cette expérience est une véritable merveille à tous égards. C'est ma première collaboration avec le réalisateur Omar Hilal, surnommé « The Maestro », réputé pour son professionnalisme en Égypte. Ce film marque son entrée dans le cinéma dramatique après une carrière de plus de 25 ans, et je suis vraiment ravi d'être là pour l'accompagner dans cette aventure. Son regard cinématographique distinctif a rendu le tournage exceptionnel.
« VOY! VOY! VOY! » a été un rêve qu'il chérissait depuis des années, et lorsque le rôle m'a été proposé, j'étais convaincu qu'il s'agissait d'un travail professionnel avec des experts de l'industrie cinématographique.
Recueillis par Yassine ELALAMI