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Interview avec Jérôme Ribeiro: Plongée dans l’écosystème de l’Intelligence Artificielle (IA) au Royaume


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Vendredi 25 Août 2023

Aujourd'hui, le Maroc plonge au cœur d'une initiative passionnante et novatrice avec la création d’une Maison de l’Intelligence Artificielle (MIA) dédiée à l'exploration et à l'apprentissage dans le domaine de l'IA, avec le soutien de Human AI & l’Institut EuropIA. Dans cette interview, Jérôme Ribeiro, président et co-fondateur de Human AI, nous en dévoile les objectifs fondamentaux.



- Vous avez créé une Maison de l’Intelligence Artificielle au Maroc, plus précisément à Oujda, avec le soutien de Human AI & l’Institut EuropIA. Parlez-nous dans le détail de ce projet, et quels bénéfices en attendez-vous ?
 
Le partenariat entre Human AI, EuropIA et l’université Mohammed Premier et la région de l’Oriental a permis l’inauguration de cet espace d’expertise et d’acculturation, un espace facilitant la collaboration interdisciplinaire, une vraie concentration de l’esprit collaboratif et créatif. 
 
La MIA-UMPO-Maroc est conçue pour mieux apprivoiser l’IA et ses transformations. L’espace est conçu pour offrir de nouvelles voies pour la diffusion de connaissances expertes et éthiques auprès du grand public, tout en offrant des possibilités de développer des projets innovants et collaboratifs en réunissant différents acteurs de l’écosystème de l’IA.
 
C’est pourquoi avec l’Université Mohammed Premier, nous avons souhaité créer un lieu où les réflexions et les expérimentations liées à l’IA sont axées sur l’union de tous les acteurs et parties prenantes autour d’un futur façonné par l’IA. La MIA-UMPO-Maroc vise à dynamiser la collaboration institutionnelle, académique et industrielle autour des nouvelles technologies et de leurs enjeux.
 
L’espace est régulièrement animé par des événements sur l’innovation et l’IA pour permettre au public d’apprendre, d’échanger et de développer des connaissances. L’objectif est de créer une véritable dynamique d’acculturation à l’IA par des expériences publiques mais aussi par la promotion de recherches appliquées ayant un impact sociétal et économique probant.

Vous noterez que ce genre de projet disruptif devient possible grâce à la rencontre professionnelle et amicale de personnes motivées et engagées. Il a été possible en l’occurrence grâce à la volonté du président de l’UMP, le Professeur Yassine Zarhloule, le Professeur Saïda Belouali et de leur fabuleuse équipe…

J’ajouterai dans les perspectives que d’autres projets sont à venir grâce au dynamisme du Président de la Région de l’Oriental Abdennabi Biioui, l’UMP (Université Mohammed Premier), Human AI et toutes leurs équipes.
 
- Quelles formes d’action envisagez-vous pour susciter plus d’intérêt chez les étudiants marocains ?

- Dans le cadre de la dynamique que nous avons créée lors de notre partenariat avec l’Université Mohammed Ier, tout l’intérêt est porté aux étudiants. Nous souhaitons les accompagner dans les transformations des métiers, les aider à se préparer au futur en les sensibilisant aux transformations à venir.
 
L’espace de la MIA initie régulièrement des débats et discussions sur l’IA et également sur ses défis éthiques et sociétaux et invite la communauté étudiante à y prendre part pour les informer sur les compétences de l’avenir et les alerter sur les impacts de l’IA.

Les compétences et les métiers seront transformés, nous ne travaillerons plus de la même manière et nous devons préparer les générations à venir aux nouvelles opportunités et aux nouvelles exigences du futur.
 
La MIA et l’UMP ont organisé à titre d’exemple récemment un hackathon entièrement dédié à l’IA. Plus de 200 étudiants du Maroc entier ont fait le déplacement. Un vrai festival d’inventivité et de créativité ! Trois jours pour imaginer et fabriquer avec les étudiants ce qui constituera la société de demain.

Le but de cet événement a été de développer des solutions innovantes en faveur de l’un des 17 objectifs du développement durable (ODD), fixés par les Nations Unies, en utilisant les technologies de l’IA centrées sur l’humain. Une compétition d’innovation qui a donné lieu à des projets de startup de grandes valeurs.
                                                        
- Quels enjeux sous-tend votre action à encourager les jeunes à poursuivre une carrière en technologie et quelle catégorie visez-vous plus particulièrement à travers cette initiative ?
 
- Notre action est motivée par notre conviction que les technologies de l’IA sont fondamentalement transformatives et disruptives et qu’il n’est absolument pas envisageable de laisser des populations aux bords de la route. Toute l’humanité sera impactée et pour l’intérêt de tous, que chaque citoyen sur cette terre ait la possibilité de comprendre, d’appréhender, voire d’utiliser ces technologies.
 
Ce sont des questions géopolitiques et il est de notre devoir d’alerter, de sensibiliser et de permettre un renforcement des connaissances, des compétences et des capacités pour chacun, partout sur la planète. Les jeunes feront face à de nouveaux modèles d’emploi et il est de notre devoir de les aider à s’y préparer.
 
- Quelles solutions pédagogiques proposez-vous à ces jeunes pour garantir leur inclusion dans ce domaine ?
 
- Nous leur proposons des ateliers et des parcours pédagogiques afin de les acculturer, et expérimenter cette technologie dès les plus jeunes âges, à savoir 3 ans. Ainsi que des matinées, des journées et des semaines de l’IA, avec pour objectifs de démontrer comment l’Oriental peut devenir un territoire engagé dans la promotion de la recherche et de l’innovation en IA, créer des réseaux humains et technologiques, des plateformes d’échange pour renforcer les mécanismes locaux de la recherche et de l’innovation en IA, ancrer l'idée que l'innovation en IA est devenue un enjeu sociétal, et permettre au grand public d’appréhender l’IA de façon concrète, avec des démonstrations et des expositions.
 
- Comment appréhendez-vous cette montée de la contestation pour décrier les dérives éventuelles de l'IA, de par les craintes qu’elle suscite, notamment quant à son utilisation à des fins malveillantes ? Faut-il s'inquiéter ?

- La montée de la contestation et des préoccupations concernant les applications de l'Intelligence Artificielle (IA) est légitime et nécessite une réflexion sérieuse. L'IA présente à la fois des opportunités incroyables et des risques possibles, notamment en ce qui concerne son utilisation à des fins malveillantes.
 
Nous menons des réflexions au sein de notre équipe autour des défis éthiques et sociétaux que ramènent de telles technologies. Pour traduire ces réflexions dans nos actions, nous entreprenons certaines actions comme la sensibilisation, l’explication et la démystification.
 
Pour Human AI, il est primordial d'initier un dialogue public pour sensibiliser les gens aux avantages et aux risques de l'IA. Il faut vulgariser ces technologies en des termes que tout le monde peut comprendre. En démystifiant l'IA, on peut aider le public à mieux comprendre ses limites et ses potentialités, ce qui permet à la société de mieux agir en conséquence.
 
L'objectif doit être de veiller à ce que l'IA soit au service de l'ensemble de la société et non de quelques-uns. Cela signifie développer des applications qui améliorent la qualité de vie, favorisent l'équité sociale et aident à résoudre des problèmes globaux comme le changement climatique, la pauvreté et les maladies.
 
Un cadre législatif fort et bien pensé est nécessaire pour éviter les dérives potentielles. Des réglementations peuvent être mises en place pour établir des lignes directrices claires sur des questions telles que la vie privée des données, la sécurité et l'éthique de l'IA.

 

Sur l’éthique de l'Intelligence Artificielle

Fervent défenseur de l'éthique dans le domaine de l'Intelligence Artificielle, Jérôme Ribeiro fait savoir que l’IA est développée et utilisée dans un contexte global, et qu’il est donc essentiel de former tous les acteurs concernés sur les implications éthiques dans un contexte multiculturel.
                                                                                          
Une sensibilité aux diverses perspectives culturelles est donc essentielle pour éviter les biais dans les algorithmes de l'IA qui, autrement, pourraient perpétuer des stéréotypes et des inégalités.
                                                                                     
En conclusion, il faut être très vigilant, mais pas nécessairement alarmiste. Le potentiel de l'IA pour le bien est énorme, mais il est important de naviguer soigneusement à travers ses défis éthiques et sociétaux. Une approche proactive, incluant la sensibilisation, l'éducation, la législation et une réflexion éthique, peut grandement contribuer à minimiser les risques tout en maximisant les avantages de cette technologie prometteuse.








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