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Interview avec Hicham Iraqi Houssaini & Tom Cools : “la robotisation ne va pas tuer les jobs”


Rédigé par Achraf EL OUAD Dimanche 16 Janvier 2022

PwC Maroc s’allie avec SAP dans le domaine de la transformation numérique. Le cabinet a signé un partenariat «stratégique» avec SAP pour étendre et renforcer l’alliance Globale SAP au Maghreb et accompagner les transformations technologiques des entreprises. Hicham Iraqi Houssaini et Tom Cools, respectivement DG de SAP et Associé Consulting pour PwC, décryptent pour nous la transition numérique que vit le Maroc.



- A quel point cette grande transition numérique pourrait-elle être appliquée dans un contexte marocain peu développé en la matière ?

- H. I. : Nous avons pu aujourd’hui mettre en place des solutions pour accompagner les entreprises sur différents secteurs d’activité à travers les meilleures pratiques mondiales, et ce, pour leur permettre de tirer profit de la technologie et de mettre celle-ci à leur service. La technologie n’est pas une fin en soi, le plus important c’est que chaque entreprise puisse s’en armer pour avoir un modèle business qui soit agile et pour que ces business process soient malléables pour pouvoir accompagner l’entreprise dans sa transformation.

Concernant l’offre de l’entreprise SAP, nous disposons d’une panoplie d’offres au profit des entreprises au niveau mondial et bien évidemment au Maroc aussi. Nous proposons des solutions qui sont en haut de la pyramide et qui s’adressent aux entreprises les plus matures et de taille très importante, notamment les multinationales, et aux grandes structures au niveau national.

Nous possédons également des solutions pour les moyennes entreprises, et bien évidemment des solutions qui s’adressent à la toute petite entreprise. Nous travaillons avec des partenaires qui nous accompagnent au niveau de chaque échelle de cette pyramide. SAP s’intéresse à 27 industries.

Au Maroc, nous sommes sur un marché qui est porté sur le service et on est bien ancré là-dessus. Nous remarquons également de plus en plus une tendance vers tout ce qui est industriel, et ce, avec beaucoup d’entreprises dans l’agro-alimentaire, l’industrie cimentière, pharmaceutique, etc. Nous cherchons tout le temps à apporter des solutions qui peuvent ramener ce qu’on appelle les « best practices ».

Au niveau mondial, on est sur 180 pays, on va leur donner le « best of breed », les meilleures pratiques qui ont traversé ces pays-là, les entreprises devraient par la suite choisir les process qu’elles souhaitent mettre en place. Ceci dit, l’essentiel pour nous reste de mettre à disposition tous les ingrédients pour que l’implémentation leur permette rapidement d’aller se positionner dans le marché mondial.

- T. C. : De notre côté, PWC est un cabinet d’audit et de conseil. Nous disposons d’autres compétences, notamment des équipes qui travaillent sur les aspects juridiques et les aspects fiscaux de nos clients et notre idée est de pouvoir accompagner les clients de la stratégie à l’exécution avec pour chacun une offre adaptée propre à ses besoins et à sa spécificité. Nous n’avons pas des solutions informatiques comme SAP, mais nous accompagnons plutôt les grands projets de nos clients.

Un autre élément majeur est à aborder : les ressources humaines. Sur ce point, les entreprises sont tenues de lancer des formations et des montées en compétences au profit de leurs collaborateurs afin d’être en mesure d’effectuer cette transition numérique et d’en tirer pleinement profit.


- Pourriez-vous nous dresser un état des lieux de la transition digitale et numérique au Maroc ?

- H. I. : Lorsqu’on parle de transformation numérique, il ya réellement trois niveaux. Le premier niveau consiste en le passage du mode papier au mode digital, ceci veut dire numériser. Le deuxième aspect concerne ce mode digital où on va aller créer des process qui sont assez fluides. A ce propos, on parle davantage de digitalisation. Quant au troisième aspect, il est relatif à la manière dont on va revoir le mode opérationnel de l’administration de l’entreprise pour mieux servir le citoyen.

Certes, le Maroc a parcouru pas mal d’étapes mais je dirais qu’on constate qu’il existe une certaine disproportion entre les établissements. Certains départements ont pris énormément d’avance, notamment les ministères de l’Intérieur et des Finances avec leurs différentes Directions. Ce sont des institutions qui ont pu faire des avancées très importantes en matière de transformation digitale.

Il y a d’autres administrations qui sont au niveau de cette numérisation dont j’ai parlé, notamment le système bancaire qui nous permet désormais de tout faire à distance. Certes, nous avons réalisé beaucoup de succès, mais, à mon humble avis, il y a beaucoup de chantiers à accélérer. Je pense qu’avec le fait qu’on a aujourd’hui un ministère dédié au numérique et avec un focus plus concentré sur l’administration marocaine, nous pourrions cueillir les fruits très bientôt.
 
« La robotisation ne va pas tuer les jobs, mais plutôt accélérer et perfectionner l’expérience client ».

- Qu’en est-il de la souveraineté numérique ? Autrement dit, où part la data ?
 
- H. I. : Cette question est au coeur de ce qu’on vit aujourd’hui, mais aucune réponse précise n’est à fournir. Le fait qu’on ait la data au Maroc, signifie que la donnée est localisée au Maroc, mais du moment où elle est connectée à Internet, elle devient assujettie aux mêmes risques que quand elle est hébergée dans des data centers appropriés. Il faut qu’on fasse la distinction entre localisation et protection de la data, tout est dans le village numérique. La question qui se pose est : à quel point nous disposons des outils et des compétences nécessaires pour pouvoir sécuriser nos données ?

- T. C. : L’enjeu est de définir une stratégie numérique de données qui garantit leur sécurité. Nous travaillons avec des partenaires dont le travail principal est de sécuriser et protéger les données. Celles-ci ne sont pas toutes hébergées sur le cloud, certaines, notamment les plus vulnérables, restent hébergées chez les clients. Le métier de cyber sécurité est très récent, nous essayons alors de développer des compétences en la matière. Nous disposons aujourd’hui d’une plateforme spécialisée avec une équipe de cyber sécurité très importante dotée d’une expérience internationale très solide.


- Est-ce que la numérisation fait perdre l’emploi ?

- T. C. : La réponse est clairement non, bien que le premier réflexe soit affirmatif, car il s’agit de l’automatisation de certaines tâches et donc ne plus avoir besoin de l’être humain pour les accomplir. Toutefois, il s’agit plutôt d’éliminer les tâches répétitives et avec une valeur ajoutée minime, aussi bien pour l’entreprise que pour le collaborateur qui, lors d’une même journée, est dans l’obligation d’effectuer la même tâche plusieurs fois par jour.

Bien évidemment, il faut avoir les compétences pour effectuer ce changement. Un collaborateur qui ne sera pas ouvert sur cette transition et qui ne cherchera pas à acquérir davantage de techniques relatives au nouveau mode de travail, trouvera énormément de difficultés.

- H. I. : Pour ma part, je reviendrai un peu en arrière en faisant un rappel historique. Quand la voiture a été introduite aux États-Unis, le monde a été bouleversé et les gens avaient le même souci qu’aujourd’hui. A l’époque, le seul moyen de transport était le cheval, autour duquel toute une industrie était fondée. 75% de l’agriculture américaine était destinée à la nourriture du cheval. Mais, il y avait des gens qui ont pu s’adapter à la nouvelle situation et ont eu la capacité de se remettre sur le marché avec de nouvelles techniques et compétences.

La robotisation ne va pas tuer les jobs, mais plutôt accélérer et perfectionner l’expérience client. Encore plus, la robotisation a pu créer d’autres jobs qui n’existaient pas avant comme le data scientist ou de cyber sécurité. La robotisation a besoin de capacités humaines pour qu’elle puisse réussir.


-Comment peut-on rassurer les entreprises sur la sécurité de leurs données ?

- T. C. : La confiance est un point majeur pour les entreprises. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde qui change en continu et les choses ont tellement accéléré avec la crise sanitaire. La confiance est au coeur des préoccupations des entreprises. L’enjeu de confiance est dans le choix des prestataires, et aussi visà- vis des clients.

Nos experts en assurance permettent d’obtenir un avis indépendant sur la façon dont l’entreprise gère ses risques. De la mise en place de services relatifs à la norme ISAE 3402 ou d’autres services plus novateurs, nous aidons à renforcer la confiance dans les systèmes et processus.


Recueillis par Achraf EL OUAD


 

Portraits : Deux spécialistes à cheval sur la transformation digitale





En octobre 2020, Hicham Iraqi Houssaini a été nommé Directeur Général de SAP Afrique Francophone. Il a rejoint SAP après Microsoft où il occupait le poste de Country Manager pour l’Afrique francophone. Jouissant d’une expérience de 25 ans en tant que cadre dirigeant, Hicham a pu exercer plusieurs fonctions de management dans les ventes, le marketing, le conseil et le business-développement.






Depuis ses débuts chez PwC, il y a plus de 20 ans, Tom Cools a travaillé pour de nombreuses entreprises, banques et clients institutionnels à travers le monde. Il a été responsable de l’engagement sur plusieurs grands projets de transformation internationaux qui se sont concentrés sur l’optimisation et la construction des meilleurs modèles opérationnels pour ses clients.








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