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Interview avec Hamza Fqih Berrada : “Les agences publicitaires ont tout à gagner d’une structuration du marché”


Rédigé par Safaa KSAANI Mercredi 9 Février 2022

Mediamatic est désormais la première agence de publicité marocaine à adhérer à l’Interactive Advertising Bureau (IAB-GCC), engagée à construire un avenir durable pour la publicité numérique. Un instant de grâce à traduire en opportunités exploitables.



- Mediamatic vient d’adhérer à l’Interactive Advertising Bureau (IAB-GCC). Il s’agit du premier membre marocain à rejoindre cette entité de l’industrie du marketing et de la publicité interactifs de la région du Golfe. D’abord, quels sont les tenants et aboutissants de cette collaboration ?

- Cette collaboration est avant tout une occasion de plus pour notre agence de contribuer au développement de l’écosystème digital au Maroc et en Afrique. Cette initiative vient compléter d’autres initiatives que nous avons pu entreprendre depuis plusieurs années pour fédérer les professionnels du secteur et apporter des solutions concrètes aux différentes problématiques qu’ils peuvent avoir.

C’est en ce sens que nous avons co-créé les Digital Brunch il y a trois ans maintenant. Nous avons rejoint l’Union des Agences Conseil en Communication pour apporter un regard nouveau autour des différentes problématiques des acteurs de notre secteur. Notre adhésion à l’IAB vient compléter cela en rejoignant une institution de référence qui oeuvre activement à la promotion du secteur de la publicité digitale à travers la structuration du marché et un accompagnement de ses acteurs.


- Quels effets sont escomptés à court et à long termes ?

- A court terme, et comme je viens de le mentionner, nous espérons que cette initiative pourra contribuer à la promotion du secteur. Comment ? Tout d’abord en rassurant un certain nombre d’annonceurs qui restent convaincus de la pertinence du canal digital mais qui expriment encore des réserves concernant le déploiement et la gestion de leurs campagnes.

Éditeurs, annonceurs et agences confondus ont tout à gagner d’une structuration du marché de la publicité digitale. Respect de la vie privée, standards de la publicité, gestion et exploitation de la Data, règles d’attribution, marketing d’influence ou encore gaming figurent parmi les thématiques qui sont couvertes et activement étudiées par les membres de l’IAB.

Si nous arrivons à partager la vision de l’IAB avec un maximum d’acteurs locaux et que nous parvenons à changer les pratiques, tout le monde sera gagnant. A long terme, nous aimerions que le Maroc puisse peser plus lourd au niveau de la région sur les questions digitales. Aujourd’hui, notre marché reste modeste et peu spécialisé avec très peu de “data” locale. Nous aspirons à changer cela en positionnant le Maroc comme champion sur certains sujets à travers des collaborations et partenariats avec d’autres institutions/groupements qui sont engagés dans une démarche similaire et/ou complémentaire.

Nous souhaitons également anticiper et travailler avec nos partenaires de l’IAB pour discuter de l’évolution des modèles des agences de communication qui connaissent aujourd’hui beaucoup de mutations à travers le monde.


- Il s’agit du premier membre marocain à rejoindre cette entité de l’industrie du marketing et de la publicité interactifs de la région du Golfe. Sur le plan national, quel état des lieux dressez-vous en matière de marketing et de publicité ? Est-ce encore traditionnel ? Quel est le manque à gagner sur le plan économique ?

- Effectivement, et je dois avouer que nous étions étonnés d’être les premiers à la rejoindre. Nous aurions pensé que les principaux acteurs de notre secteur auraient cherché à y adhérer pour apporter plus de valeur et contribuer à structurer le marché dans lequel ils opèrent. Il n’y a qu’à voir la liste des membres de l’IAB pour comprendre les enjeux et l’importance du travail que les équipes accomplissent. Finalement, nous sommes très honorés et fiers de porter les couleurs de notre pays au sein de cette institution.
 
Force est de constater que le secteur du marketing et de la publicité reste désordonné et opaque.

Sur le plan national, je pense que nous pouvons considérer que notre pays est à la croisée des chemins sur ce sujet. Nous restons assez traditionnels au niveau des approches et des stratégies qui sont mises en place, mais tout cela est en train de changer avec le digital et l’accès à l’information et à la technologie. Ce qu’il faut, surtout, c’est de relever les standards pour être au niveau des attentes des clients et être en phase avec les bonnes pratiques au niveau international.

Nous avons aujourd’hui une occasion inespérée de rattraper notre retard grâce à cet accès à l’information et à la technologie. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous voyons se multiplier les initiatives étatiques ou privées qui cherchent à accompagner ces fleurons pour qu’ils arrivent à se démarquer grâce à leur expertise au niveau continental et pourquoi pas international. Il n’y a qu’à voir ce que des entreprises et startups africaines ont réussi à faire au Kenya, en Afrique, ou au Nigeria notamment en se positionnant parmi les entreprises les plus innovantes et en captant des capitaux étrangers importants pour comprendre les enjeux derrière.


- Que proposez-vous pour améliorer le secteur du marketing et de la publicité ?

- Ce qu’il nous faut en premier lieu c’est mettre l’expertise à l’honneur. L’accès à la technologie peut être considéré comme une opportunité, mais aussi comme une menace. Une opportunité, car, aujourd’hui, il est possible de s’outiller pour lancer des campagnes dans les règles de l’art.

Cependant, c’est également une menace car il est possible d’y accéder sans pour autant avoir une réelle maîtrise des outils. Et la seule manière de s’assurer que tout le monde y gagne est l’expertise. Les acteurs (annonceurs, agences ou éditeurs) doivent comprendre pourquoi et comment utiliser cette technologie, dans le respect des normes et des standards internationaux. C’est ce à quoi nous chercherons activement à contribuer. Cette expertise a bien évidemment un coût que les acteurs doivent être prêts à payer.

Tout le monde doit jouer le jeu si nous voulons faire la différence. Force est de constater que notre secteur reste désordonné et opaque. Il y a là un gros effort à faire de la part de tous, mais je reste persuadé qu’avec le support du Groupement des Annonceurs, l’UACC et les différentes fédérations sectorielles, nous pouvons y parvenir.


- Par ailleurs, cette industrie n’a pas échappé aux répercussions de la pandémie. A quel point les professionnels ont-ils été touchés par la pandémie ? Et comment ont-ils pu la dépasser, si c’est le cas de le dire?

- Il est vrai que le Covid a fortement impacté le secteur. Plusieurs confrères ont réduit, voire cessé leurs activités. Mais nous devons avouer que les effets ne sont pas les mêmes pour tous. Je pense d’ailleurs qu’il serait malvenu de notre part (professionnels de la communication et du marketing digital) de nous comparer à nos confrères du monde de la publicité et des médias traditionnels. Je pense qu’il est trop tôt pour dire que la crise ou ses effets ont été dépassés et qu’il faudra quelques années au secteur pour s’en remettre totalement. 




Recueillis par Safaa KSAANI


Marketeur de formation et par vocation
 
Hamza Fqih Berrada a commencé sa carrière comme jeune entrepreneur en créant une startup dans la communication alors qu’il était encore étudiant. Après ses études, il officiera en tant que consultant en communication pour les Nations Unies à Rabat.

Ce n’est qu’après quelques années passées dans la communication traditionnelle et l’événementiel qu’il se tourne vers le digital dans lequel il prend très rapidement ses marques.

Fort de cette expérience, Hamza Fqih Berrada a développé une maîtrise des problématiques et des besoins de ses clients, issus notamment des secteurs bancaire, financier et foncier ou encore de la grande distribution. Il a en effet géré les comptes de plusieurs grands annonceurs marocains et internationaux avant de lancer, en 2015, Mediamatic avec Gilles Sindila.

A quoi ressemble sa journée type avec son équipe de travail ? “C’est un réveil matinal pour amener les enfants à l’école avant d’arriver au bureau. La première chose que je fais en m’installant à mon bureau c’est le café ! Ensuite, je passe en revue les campagnes de nos clients et vérifie que nous enregistrons de bons résultats. De 10h à 17h, c’est le rush ! On court d’un sujet à l’autre, le téléphone n’arrête pas et on rentre dans l’engrenage d’une journée type du monde du média... On essaye quand même de faire de petites pauses avec les collègues pour casser la routine”, nous raconte-t-il.

Après 17h, c’est l’autre volet “moins glamour” du travail qui commence : la gestion administrative, selon lui. Une fois la journée de travail achevée, Hamza Fqih Berrada commence une autre activité, et non des moindres. “Mes journées finissent «officiellement» vers 19h30 ou 20h. Heure à laquelle je rentre chez moi et démarre mon vrai travail, celui de m’occuper de ma petite famille”, nous confie-t-il.


S. K.

 








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