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Interview avec El Mehdi Fakir : «Il faut valoriser la richesse de l’artisanat marocain»


Rédigé par Mina Elkhodari Mercredi 31 Août 2022

Alors que le Maroc ambitionne d’augmenter la part de l'artisanat dans le PIB global, El Mehdi Fakir, économiste et professeur universitaire à l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) dresse les perspectives de développement de cette filière.



- Durant les sept premiers mois de l’année en cours, les exportations des produits artisanaux marocains ont connu une augmentation de 21 %, comment expliquez-vous cette dynamique?

- C’est clair que c’est une dynamique qui est corrélée avec l’amélioration des indicateurs de l’activité touristique d’autant plus qu’on peut parler d’un effet de rattrapage par rapport aux années marquées par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Cette dernière a fortement impacté le secteur non seulement au niveau de la production mais aussi au niveau des exportations. Notons aussi qu’il y’a une dynamique de consommation intérieure. Le fait qu’il n’y a plus de restrictions sur la mobilité des personnes a permis aux gens de se déplacer et de facto acheter, commander et amener avec eux les produits artisanaux dans tout les quarte coins du Maroc.


- Quelles sont les spécificités de l’artisanat marocain ?

- Les produits artisanaux marocains sont singuliers, chose qui fait leur succès au niveau national et international. Ils sont distingués par leur qualité, en plus de leur nature manuelle ainsi que leur caractère à la fois authentique et moderne. De plus, l’artisanat marocain constitue une référence à la civilisation et à la culture marocaine. Elle reflète un patrimoine d’une grande valeur culturelle et humaine qui témoigne d’un passé riche sur les plans culturel et anthropologique.

Cela fait que les produits d’artisanat marocain ne sont pas seulement des produits de large consommation seulement mais également des produits de choix. La richesse de l’artisanat marocain est exprimée dans sa créativité par des formes multiples et des matériaux utilisés qui vont des tissus à la céramique, du fer au cuivre et du bois à la peau.


- Les produits artisanaux ont connu une évolution majeure à travers le temps, quelles sont vos perspectives vis-à-vis de ce constat ?

- Je pense que l’activité artisanale au Maroc était dans un premier temps une activité vivrière qui s’est développée pour devenir une activité de choix qui accompagne le secteur touristique du Royaume. Aujourd’hui, parlant de perspectives pour l’artisanat marocain, il faut s’adosser à l’économie solidaire pour permettre à ce secteur d’être créateur de valeur ajoutée et d’emploi mais en même temps une activité économique à part entière et non pas seulement une activité secondaire ou complémentaire à l’activité touristique.

Pour ce faire, il faut mettre en place un plan d’action pour intégrer l’artisanat marocain dans l’économie solidaire. J’estime que cette vision devient de plus en plus claire dans les projets et actions menées par le ministère de tutelle. Toutefois, un long chemin reste à parcourir.


- Le ministère de tutelle aspire à augmenter la part du secteur de l’artisanat dans le PIB global pour atteindre 8 % du PIB national à l’horizon de 2026 contre 2 % actuellement, quelles actions recommandez-vous pour la réalisation de cette ambition ?

- J’estime que cette ambition est réalisable et on pourrait même la dépasser. D’ailleurs, la recette est simple : au delà de la volonté politique, il faut mettre en place des mécanismes pragmatiques et réalistes dans une logique de collaboration des parties prenantes, notamment le tissu associatif, les coopératives et les investisseurs potentiels en la matière.

D’autre part, la création d’autant de variétés et de niches de production des produits artisanaux dans toutes les régions du Royaume participera certainement à la réalisation de cette ambition. Je donne comme exemple la création de variétés de production des produits d’artisanat destinés à l’utilisation domestique et d’autres pour les autres genres artisanaux.

D’une autre part, il faudrait créer de la durabilité en termes d’activité artisanale à travers l’innovation continue pour répondre au besoin national et international. L’ambition exprimée par le ministère de tutelle devient une réalité avec l’implication de toutes les parties prenantes, dont les producteurs, afin de pouvoir valoriser leurs produits et pour leurs assurer la durabilité en matière de production et de développement.



Recueillis par Mina ELKHODARI

Artisanat marocain


Les réalisations d’aujourd’hui et les ambitions de demain
 
Si le secteur de l’artisanat était fortement frappé par la pandémie de Covid-19, aujourd’hui celui-ci reprend des couleurs. En fait, selon les statistiques du département de l’Artisanat au sein du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale, les produits artisanaux destinés à l’export ont affiché une croissance de 21 % durant les sept premiers mois de 2022 générant près de 595,70 MDH contre 494,20 MDH réalisés à la même période en 2021.

En termes de nature de produits les plus demandés à l’export, la poterie et la pierre arrivent en première place avec une part de marché de 30% suivis par les tapis et les produits de vannerie ainsi que les vêtements traditionnels. D’ailleurs, la ministre de tutelle, Fatim-Zahra Ammor, a précisé que 5000 nouvelles coopératives ont été créées durant l’année 2021, avec 25.000 emplois à la clé.

Pour les prochaines années, la tutelle aspire à augmenter la part du secteur de l’artisanat dans le PIB global pour atteindre 8 % du PIB national à l’horizon de 2026 contre 2 % actuellement, avec près de 50.000 emplois créés.

Afin de rendre la filière de l’artisanat indépendante et moins vulnérable à l’avenir, le ministère de tutelle a travaillé sur un plan d’accompagnement des coopératives dans des partenariats avec des institutions publiques et des entreprises privées, l’objectif étant d’accélérer la croissance du secteur, notamment dans le monde rural et de soutenir l’inclusion professionnelle des femmes sans oublier la mise en place de programmes de soutien à l’export.