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Génie Hydraulique : Perforer les barrages, une prouesse technique réussie haut la main


Rédigé par L'Opinion Mercredi 22 Mars 2023

Depuis juillet 2022, les villes de Fès et de Meknès reçoivent un appoint d’alimentation en eau potable directement du barrage Idriss 1er. Zoom sur une prouesse technique peu commune.



Perforer l’édifice d’un barrage en exploitation n’est jamais une bonne idée, sauf quand le besoin l’impose et que les moyens et capacités de le faire sont disponibles. Si ce genre de réalisations de haut vol est rare au niveau international, la prouesse a été concrétisée au Maroc, à deux reprises. À l’origine de ces deux chantiers menés avec succès au niveau des barrages Idriss 1er et El Massira, le besoin grandissant en volumes d’eau potable dans les régions de Marrakech-Benguerir et de Fès-Meknès. Avec la chute des niveaux des nappes phréatiques dans ces territoires, il a été logique de se tourner vers deux grands barrages afin de les raccorder au réseau de traitement et distribution d’eau potable. C’est là où intervient la nécessité d’effectuer des perforations dans ces grandes structures hydrauliques : un défi compliqué au vu des risques d’endommager les édifices, voire de causer des catastrophes de grande ampleur si l’approche technique n’est pas suffisamment robuste et sécurisée.
 
Barrage Idriss 1er
 
Beaucoup ne s’en sont pas rendu compte, mais les villes de Fès et de Meknès ont commencé l’été dernier à recevoir un appoint d’alimentation en eau potable directement du barrage Idriss 1er. Ce résultat a été rendu possible suite à l’achèvement des travaux titanesques de raccordement du barrage. Pour cela, les maîtres d’ouvrage ont d’abord dû choisir la technique à mettre en œuvre avant de construire une station de traitement en aval puis de la raccorder à des conduits qui acheminent l’eau sur plus de 100 km à raison de 2000 litres par seconde. « Après une analyse technico-économique pour chacune des variantes (…), les coûts d’investissement ont permis de privilégier la solution de perforer le barrage par un passage cylindrique dans le corps du barrage. La solution retenue a fait l’objet d’une étude de faisabilité afin de démontrer que la stabilité globale du contrefort du barrage n’est aucunement affectée par la perforation et ne génère pas de fissuration/dépassement de contraintes admissibles au pourtour du percement », souligne un document de l’ONEE.
 
Barrage Al Massira
 
À quelques centaines de kilomètres plus au sud, la même prouesse a été réalisée au niveau du barrage Al Massira. « Le chantier d’Al Massira, qui est pour sa part achevé et opérationnel depuis l’année dernière, a servi de modèle pour répliquer la même expérience au niveau du barrage Idriss 1er. Ainsi, bien avant Fès et Meknès, les villes de Benguerir, Skhour Des Rhamna et Marrakech ont été raccordées au barrage Al Massira et reçoivent avec ce moyen un débit de 5m3 par seconde d’eau potable », explique Kamal Hassan, chef d’aménagement de la perforation des barrages Al Massira et Idriss 1er (affilié au Département de l’Eau), ajoutant que le projet Phosphates Benguerir a également bénéficié par ce moyen d’un apport industriel en eau (2m3/s). Avec l’accumulation de l’expérience acquise durant la perforation du barrage Al Massira, les travaux réalisés au niveau du barrage Idriss 1er ont pu se faire plus facilement et avec moins de coûts et de retard.

Une prouesse technique
 
« Nous avons pu économiser près de 100 millions de dirhams grâce à une meilleure maîtrise des niveaux de sécurité qu’il fallait mettre en place et des problématiques de fuites post-perforation », ajoute la même source. À noter que le projet de raccordement du barrage d’Al Massira a pu se faire grâce à un appui financier de la Banque Africaine. Le projet de raccordement du barrage Idriss 1er a pour sa part été partiellement financé par l’ONEE (travaux de perforation) et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). « Il s’agit d’interventions d’ordre stratégique qui intéressent beaucoup de pays surtout que les savoir-faire techniques nécessaires pour leur réalisation sont très rares. Grâce à ces deux projets menés avec succès, les ingénieurs marocains se distinguent actuellement au niveau international. Cela permet déjà à notre pays de faire valoir ces nouvelles compétences dans d’autres chantiers similaires au niveau international et continental », conclut Kamal Hassan.


Ingénierie Un casse-tête technique inédit dans le continent africain

À Idriss 1er comme à El Massira, la phase la plus délicate des opérations a consisté à extraire un noyau central de près de cent tonnes tout en garantissant des conditions optimales de sécurité et d’étanchéité. Ainsi, pendant plusieurs mois, des experts marocains et internationaux se sont succédé pour relever ce défi. Cette étape a nécessité également des travaux sous-marins pour dégager un important volume étanche. L’autre défi de taille a consisté à réaliser un conduit d’un diamètre de 2,5 mètres et d’une profondeur de dix mètres dans la paroi en béton du barrage. En plus d’être une première au niveau national, la perforation réussie de barrages puis leur raccordement au réseau d’eau potable est également une première au niveau du continent africain.








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