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Friday Bloody Friday


Rédigé par Saâd JAFRI le Mardi 15 Novembre 2022



Friday Bloody Friday
Alors que nos finances sont saignées à blanc par une inflation désormais dévorante et non plus seulement galopante, nous sommes censés vibrer en ce mois de novembre 2022 au rythme de cette sacrosainte fête du consumérisme dénommée Black-Friday. Née au début des années 1950 dans la très capitaliste Amérique de l’après deuxième guerre mondiale, cette tradition serait la création de quelques commerçants futés qui voulaient compenser leurs inévitables baisses de recettes d’avant les fêtes de fin d’année, par de féroces soldes sur leurs invendus de l’année précédente.

L’idée, ingénieuse il faut le reconnaître, était d’inciter les consommateurs économes, qui ont tendance à minimiser leurs dépenses en attendant les inévitables orgies consuméristes de Noël, à délier leurs bourses. Et ça a tellement bien marché que le Black-Friday a fini par se propager en l’espace d’une quarantaine d’années sur l’ensemble du territoire nord-américain, Canada compris, avant d’envahir l’Europe et de débarquer sous nos cieux durant les dix dernières années.

Cantonnée à l’origine à une seule journée, généralement le dernier vendredi du mois de novembre, cette fête, qui est en réalité celle de clients déplumés à coup de rabais réels ou imaginaires, s’étale désormais sur plusieurs semaines, du premier au dernier vendredi du mois de novembre. Ce qui fait qu’elle est censée avoir débuté chez nous dès le 4 novembre et qu’elle devrait atteindre son apothéose mais également sa fin, le 25 novembre. Sauf que contrairement aux précédentes années, et notamment celles d’avant l’épidémie du Covid, jamais cette fête n’a semblé aussi discrète au Maroc comme partout dans le monde, à tel point qu’on croirait qu’elle sera désormais célébrée en sourdine.

Serait-ce par pudeur ou par pitié envers nous autres pauvres consommateurs passés et repassés jusqu’à trépasser au fil de l’épée impitoyable de la cherté de la vie ? Certainement que oui. Faut-il se réjouir de cette austérité qui a réduit les campagnes de réclame consumériste des années précédentes à un certain minima, minimisant par ricochet les alléchantes soldes du Black-Friday ? Oui et non. Car, si l’on ne peut qu’apprécier la réduction des appels aux achats compulsifs en cette période de vaches maigres, on ne peut aussi que regretter la raréfaction des «Hmizates» d’antan. A moins que l’État, dans son infinie mansuétude, ne daigne décréter un Black-Friday généralisé et prolongé sur les produits de première nécessité comme le carburant, l’huile, la viande, le poisson… etc. Il va sans dire que le succès serait garanti.
 



Saâd JAFRI