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International

Financement des économies africaines: Après les recommandations, le plus dur reste à faire


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 24 Mai 2021

Pour réussir le challenge face à la crise de pandémie et du surendettement, l’Afrique a besoin de mesures audacieuses. En effet, la reprise post-Covid-19 sur le continent dépendra, entre autres, de deux facteurs : les vaccins et la dette. Le Sommet de Paris a certes posé des jalons mais les Droits de tirage spéciaux restent l’apanage des pays nantis et l’Afrique réclame une équité.



Financement des économies africaines: Après les recommandations, le plus dur reste à faire
Sur ces deux points, les pays riches ont jusqu’à présent sous-estimé la nécessité de prendre des mesures plus audacieuses et plus rapides pour faire face à cette double crise. Ces actions de la communauté internationale devraient s’accompagner d’un changement radical de gouvernance des pays africains

Le rideau est tombé sur le Sommet de Paris sur une note d’espoir car sanctionné par beaucoup de promesse et peu de réalisation concrète. Initiée par le président français, Emmanuel Macron, cette rencontre de haut niveau s’était fixée, mardi dernier, pour objectifs de chercher voies et moyens pour financer l’économie africaine durement frappée par les conséquences de Covid-19.

En outre, le Sommet a été l’occasion d’examiner plusieurs questions essentielles relatives à la mobilisation de financements importants et innovants en faveur des pays africains pour la vaccination accrue des populations contre la pandémie. Le décor est planté.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a donné le ton. Selon lui, quelque 285 milliards de dollars de financements supplémentaires seraient nécessaires aux pays africains sur la période 2021-2025, pour renforcer la réponse apportée à la pandémie. Car, dit-il, sans une action collective, le financement et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine seront compromis.

D’où l’appel des participants en faveur d’un soutien à l’allocation de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI d’un montant de 650 milliards de dollars, dont près de 33 milliards pour le continent africain et à poursuivre les discussions en vue de mettre à la disposition du continent africain, 100 milliards de dollars, prélevés en partie sur les allocations des pays développés qui jouissent d’une situation confortable de réserve de changes.

Mobilisations des fonds

Pourquoi un montant si faible face aux besoins des pays africains ? Ce qui fait dire d’ailleurs au président Macky Sall du Sénégal qu’il s’agit d’une « goutte d’eau ». Car les DTS sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au sein du FMI. Leur part la plus importante va donc aux pays les plus riches. Voilà la dure réalité.

Il n’est pas donc étonnant que dans sa déclaration finale, le Sommet s’est engagé sur plusieurs fronts dans la mobilisation des fonds au profit des pays africains. Pour y parvenir, il a été adopté une série d’actions reposant sur deux piliers dont la réponse aux besoins de financement pour promouvoir une relance rapide, verte, durable et inclusive. Dans ce sens, cependant, il est demandé instamment aux pays d’utiliser ces nouvelles ressources de manière transparente et efficace.

Le deuxième pilier s’intéresse au soutien à une croissance de long terme, stimulée par un secteur privé et un entrepreneuriat dynamiques, le développement et le financement de projets d’infrastructures de qualité.

Il en est de même pour l’initiative du G20 en faveur de l’industrialisation en Afrique et dans les pays les moins avancés, du partenariat du G20 avec l’Afrique, de l’initiative du G20 « Compact with Africa », ainsi que les autres initiatives pertinentes. Idem pour la relance et la prospérité à long terme qui sont indissociables de réformes favorables au développement du secteur privé. Il en va de même pour la proposition commune de la France et de l’Allemagne visant à renforcer l’initiative du G20 « Compact with Africa ». Elle est considérée comme salutaire dans le contexte actuel.

Cependant, face à l’urgence, les conférenciers ont estimé que la priorité absolue est d’abord de vaincre la pandémie. Ils reconnaissent en cela le rôle d’une immunisation à grande échelle contre la Covid-19 en tant que bien public mondial. Pour ce faire, il faut veiller à un accès équitable en Afrique à des vaccins, des traitements et des moyens de diagnostic sûrs et abordables grâce au dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT) et à sa facilité COVAX, ainsi qu’à l’initiative AVATT de l’Union africaine.

Plus de flexibilité

Pour réussir ce challenge, l’Afrique a besoin de mesures audacieuses. Car la reprise post-Covid-19 sur le continent dépendra, entre autres, de deux facteurs : les vaccins et la dette, comme le souligne aisément Rabah Arezki, Économiste en chef et vice-président chargé de la gouvernance économique et de la gestion des connaissances de la BA.

A ce sujet, souligne l’analyste, plusieurs pays africains ont manqué à leurs obligations souveraines en 2020, notamment comme la Zambie, et ces défauts devraient s’accélérer en 2021 car les matelas budgétaires et monétaires sont épuisés.

Il apparait clairement que sans un soutien international, les plans de relance ayant l’envergure requise, la relance des économies africaines serait compromise. Et ce soutien doit au besoin s’accompagner de plus de flexibilité concernant les plafonds d’endettement et de déficit. Il s’agit-là des réformes difficiles mais nécessaires à mener au niveau national. Mais quand on sait la frilosité de la communauté internationale dans pareils cas et la nonchalance des gouvernements africains, on voit bien que le plus dur reste à faire. Les expériences passées sont légion.








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