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Filière des viandes rouges : Qu’est-ce qui retarde l’importation des bovins ?


Rédigé par Omar ASSIF Dimanche 29 Octobre 2023

À quelques semaines de la fin de l’année, les nombres de bovins importés et destinés à l’abattage sont bien en deçà des objectifs assignés. Éclairrages.



Après plusieurs années de sécheresse et de vaches maigres, la filière nationale de l’élevage a connu une véritable crise qui a causé une augmentation fulgurante des prix des viandes rouges au début de l’année en cours. Une situation qui a imposé au gouvernement marocain de tenter de stabiliser ce marché national en important un total de 200.000 têtes de bovins domestiques destinés à l’abattage (avant le 31 décembre 2023). De même, il a été décidé d’octroyer des avantages fiscaux importants aux importateurs (suppression de la TVA et des droits de douane) afin d’optimiser les chances de succès de l’opération. « Les importations se poursuivent tel que prévu.

Cela dit, nous sommes loin des chiffres qui avaient été fixés initialement. L’idée était d’importer 200.000 têtes avant la fin de l’année 2023, or, à ce jour, le total des importations depuis novembre 2022 n’a pas dépassé les 80.000 têtes (Europe et Amérique Latine)», nous confie M’hammed Karimine, président de la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR).
 
Difficultés logistiques

Cette situation s’explique par plusieurs difficultés, principalement d’ordre logistique. « Il y a d’abord un manque de disponibilité auprès des exportateurs en Amérique Latine qui sont plus habitués à exporter de la viande fraîche plutôt que des animaux vivants destinés à l’abattage. D’autre part, le transport par bateau, qui est la seule option possible, impose de devoir gérer une logistique importante autant pour les exportateurs que pour les importateurs.

Chaque bateau transporte entre 4.000 et 6.000 têtes, ce qui demande une surface financière conséquente qui n’est pas à la portée de tous les importateurs marocains. Lorsque ces milliers d’animaux arrivent d’un coup au Maroc, la difficulté ne se pose pas au niveau des infrastructures portuaires, mais plutôt au niveau des lazarets de quarantaine qui ne sont pas nombreux », explique M’hamed Karimine, ajoutant que l’abattage de milliers d’animaux en quelques jours est également « un défi que peu de privés peuvent relever au niveau national ».
 
Engraissement compliqué

Rappelons qu’il y a quelques mois, ces animaux avaient créé une polémique dans les réseaux sociaux puisqu’un nombre important d’internautes avait douté de leur santé et leur qualité. « Ces races, provenant d’Amérique Latine, sont réputées pour l’excellente qualité de leur viande. Cela dit, les importateurs marocains ne s’en sortent pas lorsqu’ils tentent de les engraisser pour atteindre 500 kilos de poids vif, puisque ces races ont tendance à développer du gras », explique le président de la FIVIAR. En conséquence, le nombre total de bovins importés depuis l’Amérique Latine est à ce jour de l’ordre de 20.000 à 22.000 têtes. Entre temps, un grand nombre de consommateurs marocains a tout de même fini par s’habituer à ce type de viande… «Actuellement, les acheteurs posent s’ils continuent de privilégier les races européennes », témoigne un boucher installé dans un quartier populaire de Salé. 
 
Maladie hémorragique

Côté sanitaire, le paradigme semble avoir été inversé puisque l’appréhension des consommateurs et des autorités marocaines se tourne désormais vers les bovins en provenance des pays européens. Le vieux continent est depuis plusieurs semaines en alerte face à la multiplication de cas de maladie hémorragique épizootique (MHE) qui touche les ruminants sauvages et domestiques.

Transmise par les insectes hématophages, cette maladie provoque plusieurs symptômes : fièvre, amaigrissement, lésions buccales et difficultés respiratoires. Cependant, la MHE ne se transmet pas à l’Homme et reste très peu mortelle pour le bétail, même s’il n’existe pas encore de vaccins pour la prévenir. «Je suis certain que ce qui se passe en ce moment en Europe n’aura aucun impact sur la dynamique d’importation qui a été mise en place au Maroc.

Nous avons tenu une réunion la semaine dernière à ce sujet et les autorités sanitaires ainsi que le dispositif de veille installé ne laisseront pas pénétrer cette maladie dans notre territoire », rassure M’Hamed Karimine.
 
Omar ASSIF

3 questions à M’hammed Karimine : « Les prix que nous observons actuellement sont les prix réels de production »

Président de la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR), M’hammed Karimine répond à nos questions sur l’avancement des importations de bovins.
Président de la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR), M’hammed Karimine répond à nos questions sur l’avancement des importations de bovins.
- L’objectif de fournir le marché marocain en bovins destinés à l’abattage a-t-il été atteint?

- Le dispositif d’importation de bovins destinés à l’abattage n’avait pas pour objectif de fournir le marché marocain, mais plutôt de stabiliser les prix des viandes rouges. Même si les importations restent en deçà des 200.000 têtes prévues, je pense que l’objectif principal de stabilisation des prix des viandes rouges a été atteint. Les prix que nous observons actuellement sont les prix réels de production.

- Pensez-vous qu’il faille augmenter la cadence d’importation afin d’atteindre les 200.000 têtes avant fin 2023 ?

- J ’espère que nous garderons le même dispositif d’importation bien évidemment, mais le plus important à mon sens est d’accélérer la mise en œuvre du programme « Green Generation » au niveau des axes consacrés à l’élevage : la solution la plus pérenne et la plus durable, pour rééquilibrer le cheptel national et d’appuyer la filière nationale des viandes rouges, passe obligatoirement par la production locale.

- Quel est votre point de vue concernant le phénomène d’abattage clandestin qui prend de l’ampleur, notamment dans des villes comme Casablanca ?

- Malheureusement, il s’agit là d’une réalité qui porte un énorme préjudice à la filière nationale des viandes rouges. La seule solution pour endiguer ce phénomène serait que l’Etat joue plus activement son rôle à travers les diverses autorités habilitées à lutter contre ce genre de pratiques, c’est-à-dire le ministère de l’Intérieur, la Gendarmerie Royale, la Sécurité Nationale, etc.

 

Société civile : L’importance « cruciale » et le rôle « majeur » de l’ANOC

L’Association Nationale des Éleveurs Ovins et Caprins (ANOC) a récemment tenu son Assemblée Générale Ordinaire à Rabat, sous la présidence du ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, qui a souligné « l’importance cruciale de l’association dans le développement de la filière des viandes rouges au Maroc, ainsi que dans la préservation des races ovines et caprines au niveau national ».

Le ministre a également mis en avant le rôle majeur de l’ANOC dans l’encadrement des producteurs, contribuant ainsi à l’amélioration des revenus des éleveurs et à la création de nouvelles opportunités d’emploi. A noter que le secteur de l’élevage joue un rôle vital dans l’économie marocaine, générant un chiffre d’affaires estimé à environ 35 milliards de dirhams par an.

De plus, il contribue de manière significative au développement économique et social du pays en créant chaque année environ 95 millions de jours de travail. Actuellement, le Maroc compte plus de 31 millions de têtes de bétail, dont 21,6 millions d’ovins, 6,1 millions de caprins, 3,3 millions de bovins et 183.000 de camelins.

FAO : L’intégration de la durabilité dans le secteur de l’élevage

Organisée du 27 au 29 septembre dernier, la toute première Conférence mondiale sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité a rassemblé à Rome plus de 700 participants, dont 27 ministres ou hauts responsables gouvernementaux, 100 représentants des jeunes, et une multitude de chercheurs et de représentants d’organisations multilatérales. L’événement, porté par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), a permis de lancer un appel mondial au renforcement du secteur de l’élevage et la nécessité d’améliorer son efficacité économique, sociale et environnementale.

Une transformation durable et réussie de l’élevage exige une approche intégrée qui atténue le risque de maladies zoonotiques et s’attaque au problème de la résistance aux antimicrobiens, a déclaré le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu, tout en insistant sur la nécessité de produire plus avec moins d’impact environnemental et d’assurer un rendement économique basé sur l’équité.

La Conférence mondiale s’est ainsi penchée sur les « Quatre Mieux » : une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure. Plusieurs sujets ont ainsi été au cœur des débats : l’alimentation animale, la génétique, la santé des animaux, les innovations technologiques et les bonnes pratiques environnementales dans le secteur.

En marge de la rencontre, un « Dialogue mondial des jeunes sur la transformation durable de l’élevage » a également été organisé en collaboration avec l’Union des universités méditerranéennes (UNIMED).








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