Au soir du mardi 24 juin, aucun incendie de forêt n’était en cours sur le territoire national. Une accalmie bienvenue, après un début de saison marqué par 111 feux recensés depuis le 1er janvier, pour un total de 130 hectares brûlés. Des chiffres en baisse par rapport à la moyenne des dix dernières années, mais qui ne traduisent pas encore une inflexion durable. «Nous sommes encore au début de la saison estivale», rappelle Fouad Assali, chef du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers (CNRGCF), ajoutant que si le nombre de feux est «quasiment comparable aux moyennes des années dernières», la véritable diminution concerne «les surfaces touchées durant les six premiers mois de l’année». Cela s’explique notamment par «des pluies tardives qui ont maintenu une végétation verte dans plusieurs zones, notamment en montagne», mais aussi par une vigilance accrue sur le terrain : «Il y a eu un renforcement du pré-positionnement et de l’intervention des différents corps engagés dans la lutte contre les incendies».
Mobilisation accrue
Une mobilisation sur le terrain, dont la dernière intervention majeure remonte au 19 juin, journée durant laquelle les soldats du feu ont dû gérer huit incendies simultanés, dont six en domaine forestier. Selon l’Agence Nationale des Eaux et Forêts, près de 20 hectares ont été touchés, principalement dans la région de Tétouan (15 ha), suivie par Khénifra (3,5 ha), Chefchaouen (1,1 ha) et Khemisset (0,1 ha). Alertés dès le 15 juin par les prévisions de l’ANEF annonçant un risque «élevé à extrême» sur plusieurs provinces, les services compétents avaient anticipé l’intensification des risques. Les interventions rapides et coordonnées ont permis de circonscrire l’ensemble des foyers dans des délais maîtrisés. Plus de 500 intervenants ont été mobilisés, appuyés par quatre avions Canadair qui ont effectué 67 vols, ainsi que par des moyens terrestres lourds. Ce dispositif a permis d’éviter toute propagation incontrôlée, confirmant l’efficacité des mesures mises en place ces dernières années.
Biomasse et végétation
Si certaines zones présentent encore une végétation verte en ce début d’été, la situation n’est pas homogène à l’échelle du territoire. «Le développement de la biomasse végétale varie fortement selon les régions», explique Fouad Assali, en précisant que des zones comme le Rif connaissent une croissance notable, tandis que d’autres, moins arrosées ou davantage soumises au pâturage, n’enregistrent pas les mêmes dynamiques. Par ailleurs, le déficit hydrique accumulé ces dernières années a laissé des traces durables sur certains peuplements forestiers. «Un nombre non négligeable de zones présentent aujourd’hui des signes de dépérissement», observe-t-il. Pour prévenir tout emballement du risque, les équipes de terrain procèdent à des opérations ciblées. «Il existe un programme de sylviculture préventive mis en œuvre parallèlement, qui prévoit notamment la coupe des arbres morts ou malades, afin de réduire les interfaces où la végétation souffre, que ce soit en termes de vitalité ou de santé phytosanitaire».
Vigilance de mise
Malgré un début de saison maîtrisé, les risques liés aux incendies de forêt demeurent bien réels. L’expérience des dernières années a montré que la situation peut rapidement évoluer, notamment sous l’effet conjugué des vagues de chaleur, du vent et de l’assèchement rapide du couvert végétal. À l’échelle du bassin méditerranéen, la saison des feux s’étire désormais sur plusieurs mois, augmentant la pression sur les dispositifs de surveillance et d’intervention. L’ANEF appelle ainsi à une vigilance constante, en particulier dans les zones à risque, et rappelle les règles élémentaires : ne pas allumer de feu en milieu naturel, éviter de jeter des mégots ou déchets inflammables, et signaler immédiatement toute fumée suspecte. Car si les moyens techniques et humains se sont renforcés, c’est aussi la réactivité citoyenne qui permet, dans bien des cas, de limiter les dégâts. Préserver les massifs forestiers du Royaume face à une menace appelée à durer suppose une mobilisation continue et partagée.
Mobilisation accrue
Une mobilisation sur le terrain, dont la dernière intervention majeure remonte au 19 juin, journée durant laquelle les soldats du feu ont dû gérer huit incendies simultanés, dont six en domaine forestier. Selon l’Agence Nationale des Eaux et Forêts, près de 20 hectares ont été touchés, principalement dans la région de Tétouan (15 ha), suivie par Khénifra (3,5 ha), Chefchaouen (1,1 ha) et Khemisset (0,1 ha). Alertés dès le 15 juin par les prévisions de l’ANEF annonçant un risque «élevé à extrême» sur plusieurs provinces, les services compétents avaient anticipé l’intensification des risques. Les interventions rapides et coordonnées ont permis de circonscrire l’ensemble des foyers dans des délais maîtrisés. Plus de 500 intervenants ont été mobilisés, appuyés par quatre avions Canadair qui ont effectué 67 vols, ainsi que par des moyens terrestres lourds. Ce dispositif a permis d’éviter toute propagation incontrôlée, confirmant l’efficacité des mesures mises en place ces dernières années.
Biomasse et végétation
Si certaines zones présentent encore une végétation verte en ce début d’été, la situation n’est pas homogène à l’échelle du territoire. «Le développement de la biomasse végétale varie fortement selon les régions», explique Fouad Assali, en précisant que des zones comme le Rif connaissent une croissance notable, tandis que d’autres, moins arrosées ou davantage soumises au pâturage, n’enregistrent pas les mêmes dynamiques. Par ailleurs, le déficit hydrique accumulé ces dernières années a laissé des traces durables sur certains peuplements forestiers. «Un nombre non négligeable de zones présentent aujourd’hui des signes de dépérissement», observe-t-il. Pour prévenir tout emballement du risque, les équipes de terrain procèdent à des opérations ciblées. «Il existe un programme de sylviculture préventive mis en œuvre parallèlement, qui prévoit notamment la coupe des arbres morts ou malades, afin de réduire les interfaces où la végétation souffre, que ce soit en termes de vitalité ou de santé phytosanitaire».
Vigilance de mise
Malgré un début de saison maîtrisé, les risques liés aux incendies de forêt demeurent bien réels. L’expérience des dernières années a montré que la situation peut rapidement évoluer, notamment sous l’effet conjugué des vagues de chaleur, du vent et de l’assèchement rapide du couvert végétal. À l’échelle du bassin méditerranéen, la saison des feux s’étire désormais sur plusieurs mois, augmentant la pression sur les dispositifs de surveillance et d’intervention. L’ANEF appelle ainsi à une vigilance constante, en particulier dans les zones à risque, et rappelle les règles élémentaires : ne pas allumer de feu en milieu naturel, éviter de jeter des mégots ou déchets inflammables, et signaler immédiatement toute fumée suspecte. Car si les moyens techniques et humains se sont renforcés, c’est aussi la réactivité citoyenne qui permet, dans bien des cas, de limiter les dégâts. Préserver les massifs forestiers du Royaume face à une menace appelée à durer suppose une mobilisation continue et partagée.
3 questions à Fouad Assali, Chef du CNRGCF : « L’impact du changement climatique est une réalité structurelle »

Chef du Centre National de Gestion des Risques Climatiques Forestiers (CNRGCF) affilié à l’Agence Nationale des Eaux et Forêt, Fouad Assali répond à nos questions.
- La coopération entre les différents corps et parties prenantes engagées dans la lutte contre les feux de forêt a-t-elle gagné en efficacité et en coordination ?
- Le Maroc adapte-t-il sa stratégie face à l’intensification des risques liés au changement climatique, notamment en matière de moyens aériens ?
- Le dernier communiqué de l’ANEF évoquait huit incendies en une seule journée. Cette concentration est-elle inhabituelle ?
Climat - 2024, record de chaleur au Maroc : les équilibres naturels bousculés
Présenté le 21 juin à Rabat, à l’occasion d’une Journée d’information, le rapport annuel de la Direction Générale de la Météorologie confirme que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée au Maroc. La température moyenne nationale a dépassé de +1,49 °C la normale de référence (1991–2020), soit plus du double de la moyenne mondiale. Ce dépassement du seuil symbolique de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle marque une rupture majeure dans l’évolution climatique du pays. Le réchauffement a été particulièrement marqué en automne et en hiver, deux saisons qui, traditionnellement, contribuent à l’équilibre thermique du pays. En janvier et en novembre, des pics de chaleur inédits ont été enregistrés. L’été 2024, bien que légèrement moins chaud que celui de 2023 dans sa moyenne, a connu plusieurs vagues de chaleur intenses, avec des températures culminant à 47,7 °C à Béni Mellal et 47,6 °C à Marrakech. Ce dérèglement s’accompagne d’une variabilité climatique accrue : des sécheresses longues sont désormais entrecoupées de pluies violentes et localisées, à l’origine d’inondations brutales comme celles survenues dans le sud-est. Ces contrastes rendent l’anticipation plus complexe et accentuent la vulnérabilité des écosystèmes. «Nous devons nous adapter à ces changements», a déclaré M. Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, soulignant l’urgence d’une réponse structurée. A noter que cette instabilité climatique accentue les risques environnementaux, notamment ceux liés aux feux de forêt.
International : Vers des feux plus fréquents, plus longs et plus difficiles ?
Le dérèglement climatique atteint désormais une dimension globale, affectant tout particulièrement les zones à climat méditerranéen, dont fait partie le Maroc. Les projections montrent qu’à +4 °C de réchauffement, le nombre de jours favorables aux incendies (temps sec, vent, chaleur intense) doublera ou triplera dans la région par rapport à la période préindustrielle. Ce risque croissant s’ajoute aux vagues de chaleur extrêmes et à la sécheresse prolongée déjà observées. Dans des régions comparables (comme l’Europe du Sud, l’Australie ou l’ouest des États-Unis) les conditions appelées «Fire Weather» deviennent beaucoup plus fréquentes et sévères, avec des saisons de feu prolongées, parfois jusqu’en automne. Cette tendance mondiale résonne fortement avec la situation marocaine : après l’année la plus chaude jamais enregistrée en 2024 (+1,49 °C), et en raison de l’alternance de sécheresse et d’orages violents, le paysage forestier est soumis à des conditions de plus en plus explosives.