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Culture

Exposition : El Mourid fait résonner la mémoire


Rédigé par L'Opinion le Dimanche 26 Novembre 2023



Jusqu’au 11 janvier 2024, les œuvres de Mohammed El Mourid seront exposées à la galerie « abla ababou » à Rabat. Un travail original, en partenariat avec l’Institut Français de Rabat et le soutien du Ministère de la Culture, qui revisite avec brio la mémoire marocaine. La peau de bête est à Mohammed El Mourid ce que la madeleine est à Proust.  Son matériau artisanal convoque les souvenirs. Le passé du royaume résonne dans nos mémoires à travers ses photographies en argentique imprimées sur des peaux de chèvre. A la façon d’un historien, voire d’un alchimiste, El Mourid fouille dans les archives marocaines pour immortaliser des vieux timbres datant du protectorat français et espagnol.  Des scènes d’une autre époque sont figées sur une peau tannée, tendue sur châssis ou sur des tambours, se transformant ainsi en mystérieux parchemins patinés grâce à un savant savoir-faire.
 
Processus organiques

L’artiste nous livre également une série de portraits de différents monarques alaouites et de marocains de confession judaïque, témoin d’une époque où le vivre ensemble faisait la diversité et la richesse marocaine. Des images plus vraies que nature, parfois informes, qu’on croirait sorties d’un vieil album en proie à l’usure du temps. L’artiste n’a de cesse d’expérimenter la matière et les techniques à la recherche de son propre langage où domine, jusqu’à l’obsession, ce besoin de fixer la mémoire sans oublier sa propre histoire.

Pour cela, il n’hésite pas à se mettre en scène en créant des empreintes avec son corps sur du papier photographique. Ce corps voué à disparaitre mais qui refuse de se soumettre à une quelconque tendance ou mouvement pour mieux marquer sa singularité. « Je travaille à partir de différents médiums (vidéos, photographie, installation) et j’expérimente le rapport de l’image sérigraphiée ou photographique avec le support des peaux d’animaux, de blocs de laits congelés, de galets… Ces champs d’expérimentation m’ont d’abord amené à explorer des processus organiques orientés vers une fatale disparition (…) pour maintenant développer une technique propre et singulière d’impression photographique permanente sur les peaux.

Ces peaux sont elles-mêmes imbibées de l’esprit d’un voyage singulier au Maroc où j’étais allé les collecter et les faire traiter à Fès selon des procédés traditionnels. L’itinéraire de ces peaux soigneusement tannées mêle le nomadisme du passé au monde des aéroports et des autoroutes, comme pour nous dire que la mémoire est toujours appelée à voyage (…) Les portraits capturés sur les peaux témoignent d’une approche curieuse, les nervures et les veines de la peau se mêlant à l’impression des visages comme pour imposer une autre dimension. La lumière devient le révélateur d’une perspective qui traverse le temps, le quotidien s’inscrit dans une trame archéologique et énigmatique », ainsi s’exprime l’artiste.



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