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Entretien avec Noureddine Tabete, artiste plasticien: Promouvoir la coopération à travers l’art et la culture


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Dimanche 23 Avril 2023

Au terme de l’exposition inédite, organisée du 5 au 20 avril 2023 à la Galerie Bab Rouah-Rabat, dans le cadre de « Rabat, Capitale Africaine de la Culture », par les artistes Daouda N’DIAYE et Noureddine TABETE, celui-ci, un plasticien en plus, s’est confié à « L’Opinion ». L’événement, placé sous le thème « Afrique du Jour : Expression d’amitié Maroc-Sénégal », a connu l’engouement et la mobilisation d’un public émerveillé par les talents et le savoir-faire des deux artistes.



  • Quelle est la genèse de cette exposition qui a mis en lumière la profondeur de l'amitié maroco-sénégalaise à travers l'art contemporain ?

Ça s’est passé un jour d’été 2019 alors que j’étais au Sénégal, je suis passé par le Village des Arts de Dakar par intérêt personnel. Je suis entré dans plusieurs ateliers d’artistes et celui de Daouda N'diaye m’a spécialement retenu et je me suis attardé à discuter avec l’artiste - qui est devenu mon ami -, sur ses jeux de formes et de vides, de contraste et de lumière déclinant,  pour moi, des œuvres de supports d’expressions perpétuelles, à l’image des poupées russes ou encore des fractales.
Arrivant sur des fragments de discussion à la charnière entre le scientifique rationnel et le pure artistique délibéré, Daouda me propose spontanément d’intervenir sur l’une de ses toiles pour mettre nos arguments en œuvre. Ce qui a été fait après quelques hésitations et a donné un premier résultat très applaudi par les présents au Village en ce moment.
Cette première expérience a déclenché en nous une envie d’explorer les possibilités de collaboration entre artistes en prenant comme base la confiance et le partage. Puisque sans ces deux valeurs, Daouda ne m’aurait pas tendu sa toile, et moi je n’aurai jamais intervenu dessus. Et sans l’affection portée par l’amitié nouée, le résultat n’aurait jamais touché autant de monde qui anime les mêmes émotions devant nos œuvres aujourd’hui.
 
  • Quels enseignements tirez-vous, au terme de cette union entre MM. Daouda N’DIAYE et Noureddine TABETE ayant abouti à cette rencontre culturelle et qui est certainement appelée à se développer davantage dans les années à venir ?

C’est l’esprit humain, comme une cuisine qui détient par défaut tous les ingrédients dont pourrait avoir un cuisinier pour confectionner son repas et chaque repas peut être savouré selon l’expérience culinaire qu’il a créée en chacun de nous. L’art est la cuisine, les émotions universelles sont les ingrédients ; ils sont les cuisiniers et les œuvres sont les plats qui peuvent animer l’effet d’une dégustation singulière ou d’un tsunami émotionnel empêchant le visiteur de dormir la nuit tellement le sentiment contemplatif est fort.
 
Par ailleurs, notre première inspiration, après avoir développé cette amitié autour de ce projet, était l’amitié qui lie les deux Chefs d’Etat Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président Macky Sall. Ils ne cessent d’œuvrer pour une fraternité exemplaire pour le futur des deux pays et en inspirant le reste du continent pour une Afrique solidaire et agissante.

Donc, oui, notre expérience ne fait que commencer et nous lançons un appel ouvert à tous les artistes du continent de collaborer pour le bien des artistes individuellement, pour celui des artistes collectivement et surtout pour un meilleur positionnement de l’art africain et du continent africain. Nous prévoyons déjà une résidence ici à Rabat au mois de mai et une autre à Dakar au mois d’août, en perspective de la plus grande manifestation de l’art en Afrique, la Biennale de Dakar prévue en mai 2024 et pour laquelle nous œuvrons afin que le Maroc y soit l’invité d’honneur.
 
  • Vous êtes artiste plasticien, comment ce secteur se présente aujourd’hui au regard de votre expérience et de l’engagement des professionnels, voire même des autorités ?

Il faut dire qu’au Maroc comme au Sénégal, l’expérience a été encouragée en amont et très saluée et applaudie une fois exposée à la majestueuse galerie de Bab Rouah. Aussi, les deux peuples sénégalais et marocain ont une sensibilité très aiguë à l’art en général et particulièrement à l’art africain qui inclut l’art marocain bien entendu.
Ceci nous laisse présager que tout est là pour porter l’art africain au rendez-vous de l’universel, notamment à travers les acteurs et protagonistes organisationnels publics et privés du monde entier. Nous voudrons donner à l’art africain la place qu’il mérite sur la scène internationale.
 
  • L’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI) est partenaire de cet événement. Peut-on dire que la promotion de l’art et de la cuture fait partie de son ADN ? Quel est l’état des lieux en la matière en termes d’actions et d’initiative au sein de cette institution ?

En effet, l’AMCI était le premier partenaire qui a cru en nous, les deux artistes, en nos capacités respectives mais surtout en notre capacité collective qui est beaucoup plus importante que l’addition de nos deux capacités individuelles. Oui, je crois que de par sa nature et sa nouvelle dynamique depuis quelques années déjà, l’AMCI porte, comme vous dites, dans son ADN la promotion de l’art et la culture comme moteur de rapprochement universel, et dans ce cadre nous voudrons la remercier pour ce partenariat qui était une pierre angulaire dans notre projet.
 
Il en est de même pour le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et son aimable équipe de la Direction des Arts pour nous avoir ouvert les portes de cette magnifique galerie Bab Rouah où se tient l’exposition jusqu’au 20 avril.
Sans oublier l’apport inestimable du ministère de la Culture et du Patrimoine Historique du Sénégal et l’ambassade du Sénégal au Maroc pour leurs appuis respectifs, pour ainsi rejoindre la question précédente et montrer à quel point les institutions des deux pays sont instruites pour porter au mieux l’art africain au-devant de la scène internationale.
 
Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE