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Entrepreneuriat féminin en Afrique du Nord : Le Gap est grand malgré les avancées


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 9 Mars 2023

Le Maroc dispose d’un important potentiel en matière d’investissement et d’opportunités d’entrepreneuriat, avec une part considérable de femmes ingénieures, à travers plusieurs actions et initiatives dans l’accès au financement, véritable goulot pour les femmes entrepreneures. Explications.



C’est une brochette d’expertes qui a animé la visioconférence organisée, conjointement mardi, par le Bureau de la CEA en Afrique du Nord et l'Association des Femmes Entrepreneures du Maroc (AFEM). Tenu à la veille de la célébration de la Journée Internationale des Droits des Femmes, ce webinaire a permis de faire un focus sur les défis de financement auxquels les femmes entrepreneurs sont confrontées dans cette partie du continent. L’objectif a été aussi de voir comment les gouvernements et les parties prenantes peuvent aider à changer les croyances et les normes culturelles qui entravent l’entrepreneuriat féminin.

Le but a été aussi de passer en revue les compétences et les types de financement les plus adaptés pour favoriser le développement de l'entrepreneuriat féminin dans la sous-région, ou encore comment la digitalisation peut-elle contribuer à créer des opportunités pour l'entrepreneuriat féminin et l'accès des femmes aux marchés financiers. D’ailleurs, la conférence avait pour thème : « Entrepreneuriat féminin en Afrique du Nord : rôle de la finance et des compétences numériques ».

Un constat est clair : en Afrique du Nord, la digitalisation a créé des opportunités pour l'entrepreneuriat féminin et l'accès des femmes aux marchés financiers en réduisant les exigences de garantie et en les remplaçant par le recours aux mégadonnées et à l'automatisation. Cependant, le gap est encore grand pour arriver à l’égalité entre l’homme et la femme dans l’entrepreneuriat, notamment en matière d’accès au financement.

Puisque l'écart entre hommes et femmes en matière d’accès au financement en Afrique du Nord se situe aujourd’hui à 18%, soit le plus important au monde, selon le Bureau de la CEA en Afrique du Nord. Ce chiffre est, au moins en partie, causé par le retrait des femmes entrepreneures du marché du crédit, la plupart de ces dernières dépendant de l'épargne comme principale et souvent unique source de capital.

Travail rémunéré

Pour les conférencières, le manque de participation économique des femmes n’est pas un défi nouveau en Afrique du Nord. Ainsi depuis 2019, cette tendance s’est aggravée, avec une augmentation du taux de chômage féminin, le travail rémunéré et les entreprises des femmes ayant été particulièrement touchés. D’ailleurs, dans des pays comme l’Algérie, l’Egypte, la Libye et la Tunisie le taux de chômage féminin a dépassé la barre des 20%.

Dans une récente analyse, Dr Kaouthar Lbiati, membre du Conseil d'administration dans diverses entreprises internationales de biotechnologie, soutient que pour développer l'entrepreneuriat féminin dans des domaines à fort croissance en Afrique du nord, il faudrait des politiques publiques et privées qui soient dédiées (aux femmes entrepreneures).

Pour ce faire, celles-ci doivent adopter à la fois une approche sectorielle, en promouvant la direction d'entreprises par des femmes dans les secteurs traditionnellement dominés par les hommes (nouvelles technologies et technologies d'information). Mais aussi écosystémique en associant les réformes politiques, juridiques et réglementaires aux investissements publics et privés afin d'élargir l'accès au capital, aux marchés, aux réseaux d'investisseurs.

Partant de cette analyse, les politiques publiques et privées devraient reposer sur ces éléments et s'adapter aux données analytiques longitudinales. La collecte de données offre également des opportunités pour la recherche dont l'objectif serait d'évaluer l'impact de la diversité de l'équipe fondatrice et des stratégies de développement (croissance organique ou de type licorne) des start-ups, des écosystèmes sectoriels naissants, de l'environnement institutionnel, des marchés financiers en développement et, enfin, des effets sociétaux.
Au Maroc, un réel progrès a été accompli dans l’entrepreneuriat féminin. D’ailleurs, le programme Women in Business pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, lancé en 2018 par BERD, donne idée de l’engagement du Royaume pour l’entrepreneuriat des femmes. D’autant plus que l’approche du programme repose sur l’amélioration de l’accès au financement et au savoir-faire pour les femmes dirigeant des PME. 
Valeurs ajoutées
En outre, le Maroc dispose d’un important potentiel en matière d’investissement et d’opportunités d’entrepreneuriat, avec une part considérable de femmes ingénieures, estiment les webinaires. Il est le résultat de l’implication sans réserve des gouvernements successifs dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin.
On peut aussi citer, à titre indicatif, le rôle joué par le programme Forsa en matière de financement des projets dans le monde rural. Quand on sait que les trois premières années de l’entreprise sont très épineuses pour les femmes. Ce qui nécessite à la fois un appui financier et technique, outre le renforcement du réseau de l’entreprise et de sa crédibilité, le mentoring, ainsi que le coaching des femmes concernées. 
Malgré ces efforts, les femmes restent les plus touchées par le chômage, notamment pour les plus diplômées (33% chez les femmes et 18% chez les hommes). Dans ce contexte, la promotion de l’entrepreneuriat féminin constitue l’un des aspects de la maîtrise par la femme des axes liés à l’économie que sont la création des unités génératrices de valeurs ajoutées et son intégration aux sphères politiques et autres. 

Toutefois, la définition de l’entrepreneuriat féminin au Maroc dépend grandement de la reconnaissance des secteurs et activités économiques dans lesquels les femmes s’investissent. D’aucuns ne considèrent que les entreprises du secteur formel, ce qui limite considérablement le nombre des femmes qui peuvent être considérées comme entrepreneures. Puisqu’une grande majorité d’entre elles sont présentes dans le secteur informel et réalisent des activités à domicile.

Rappelons que la conférence s’inscrit aussi dans le cadre des préparatifs de la 55ème Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et de l'Economie développement de la Commission économique pour l'Afrique (COM2023), prévue à Addis-Abeba (Éthiopie) du 15 au 21 mars 2023 sous le thème « Favoriser la reprise et la transformation en Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités ». Les intervenantes ont été Elena Bardasi, (Banque mondiale), Souad Tarmidi (AFEM), Ihssane Iraqui (BERD), Callee Davis, (Oxford Economics Africa), Mme Zuzana B. Schwidrowski (CEA) et Leila Doukkali (AFEM).
 
Wolondouka SIDIBE

 

Billet : NTIC, attention aux mœurs de bas étages

Le monde entier a célébré la Journée internationale des Droits des Femmes. Chacun y est parti de sa plume pour magnifier la gent féminine mais aussi dénoncer les tares qui handicapent l’émancipation de la femme au sein de nos sociétés. Il en va de même pour les violences, la maltraitance ainsi que le harcèlement que subissent les femmes au quotidien. Et l‘arrivée des nouvelles technologies n’arrange pas apparemment les choses. Bien au contraire.

Certains énergumènes s’y adonnent sans vergogne. Le rapport du Haut-Commissariat au Plan est édifiant à ce sujet. Ainsi, dans une note d’information, publiée à l’occasion de la Journée internationale des femmes, célébrée cette année sous le thème «Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes», le HCP souligne que l'usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) contribue à hauteur de 19% à la violence, sous toutes ses formes, à l'encontre des femmes.
Un chiffre inquiétant quand on sait le nombre d’utilisateurs des NTIC. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Cette contribution de l’usage des NTIC s’élève à 34% pour les filles âgées de 15 à 19 ans et à 28% pour les femmes âgées de 20 à 24 ans. Ce qui fait dire au HCP, qu’avec cette prolifération des NTIC et l’expansion des réseaux sociaux, la violence numérique, sous toutes ses formes, a émergé. Puisqu’avec cette prévalence de 14%, ce sont près de 1,5 million de femmes qui sont victimes de violence électronique aux moyens de courriels électroniques, d’appels téléphoniques, de SMS, etc.

On ne peut que rester sans voix en lisant ces chiffres. Car les NTIC ce sont d’abord des outils de travail, d’innovation et de progrès. Comment en est-on arrivé là ? Est-ce à dire que la violence électronique est entrée dans nos mœurs ? Répondre par l’affirmative, c’est aller vite en besogne. Mais la question mérite d’être posée à cause de la prolifération de ces outils de communications. C’est une sonnette d’alarme que vient de lancer le HCP à travers ce rapport pour sensibiliser la population.

Wolondouka SIDIBE
 
 








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