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Enseignant décapité : ce que révèle l’enquête

France


Dimanche 18 Octobre 2020

Un enseignant a été décapité en pleine rue en région parisienne, vendredi après-midi. Son agresseur, un Russe tchétchène a été tué par la police.



Enseignant décapité : ce que révèle l’enquête
A17H11, les policiers de la brigade anticriminalité de Conflans-Sainte-Honorine sont appelés par les policiers municipaux d’Eragny-sur-Oise, en région parisienne, qui ont découvert le corps d’un homme décapité sur la voie publique, a relaté le procureur du parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard. Les faits se déroulent non loin du collège du Bois d’Aulne, situé à ConflansSaint-Honorine, dans un quartier pavillonnaire sans histoires.

Selon le parquet, les policiers auraient essayé d’interpeller, à 200 mètres de la victime, un homme qui tire en leur direction «à cinq reprises» avec «une arme de poing». Les policiers ripostent, l’agresseur est atteint de «9 impacts». Il a, à ses côtés, une arme de poing de type Airsoft avec cinq cartouches de gaz, un couteau de type poignard. D’après Ricard, l’homme a tenté de se relever et de donner des coups de couteau aux policiers.

Un second couteau ensanglanté, avec une lame de 35 cm, est découvert à une trentaine de mètres de la victime, a ajouté M. Ricard.

La victime 
Samuel Paty, âgé de 47 ans et père de famille, enseignait l’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne.

Ce professeur avait récemment montré des caricatures du Prophète de l’Islam à ses élèves de quatrième dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Certains parents s’en étaient émus, notamment sur les réseaux sociaux. Le père d’une élève avait porté plainte le 8 octobre pour diffusion d’image pornographique. Le professeur avait en retour porté plainte pour diffamation.

Ce père avait dès le 7 octobre appelé sur Facebook à la mobilisation contre l’enseignant. Dans une vidéo du 12 octobre diffusée sur YouTube, le père de l’élève, accompagné sur la vidéo d’un homme très remonté, cible l’enseignant et fait témoigner sa fille.

«Apparemment, c’était un prof qui avait l’habitude de leur parler de l’islam, de caricatures et tout ça, ce n’était pas la première fois que mon fils rentrait et qu’il disait +le prof nous a parlé de cela aujourd’hui+», a raconté à l’AFP un parent d’élève.

L’agresseur 
L’assaillant, Abdoullakh A., est un jeune Russe tchétchène de 18 ans, né à Moscou. Connu pour des antécédents de droit commun, il n’a jamais été condamné. Il n’était pas connu des services de renseignement pour radicalisation, selon plusieurs sources proches du dossier. Il a obtenu le 4 mars 2020 un titre de séjour valable jusqu’en mars 2030. Il avait le statut de réfugié et habitait à Evreux en Normandie.

Le ministère public a expliqué que les enquêteurs avaient retrouvé dans son téléphone portable le texte de revendication envoyé sur Twitter. Ce texte avait été écrit à 12H17. Ils ont découvert aussi la photo de la tête de la victime envoyée à 16H57 sur Twitter. Cette photo était accompagnée d’un message adressé à Emmanuel Macron, «le dirigeant des infidèles», expliquant vouloir se venger de celui «qui a osé rabaisser Muhammad».

L’entourage
Dix personnes étaient en garde à vue samedi, dont les parents, le grand-père et le petit frère de l’assaillant, interpellés à Evreux (Eure).

Sont également en garde à vue, le père de l’élève qui a appelé à la mobilisation contre l’enseignant. Il a été interpellé à Chanteloup-les-Vignes. L’homme qui l’avait accompagné au collège pour se plaindre du professeur et avait interviewé la fille de ce parent d’élève dans une vidéo, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, actif en France depuis le milieu des années 2000, ainsi que sa compagne, le sont également.

Le parquet a souligné que le père de l’élève avait une demisœur qui était partie en 2014 rejoindre l’organisation Etat islamique en Syrie et faisait l’objet d’un mandat de recherche, mais le procureur n’a fait publiquement aucun lien entre ce père de famille, son entourage et l’assaillant.

Enfin, trois personnes, ayant été en contact avec l’agresseur, qui se sont présentées spontanément au commissariat d’Evreux vendredi soir, sont aussi en garde à vue.



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