Les annonces ont été faites lors des exposés détaillés par les ministres concernés devant la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication à la Chambre des Représentants. Le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saa âd Barada - qui il y a à peine dix jours annonçait au Parlement la construction de 193 établissements, l’intégration de 2.500 «Ecoles Pionnières», et la digitalisation de 34.000 classes - a affirmé cette semaine que son département bénéficiera de la plus grande part du budget, avec des crédits globaux supérieurs à 97,08 milliards de dirhams (MMDH). Il a précisé que ces ressources visent à poursuivre la mise en œuvre de la feuille de route pour la réforme du système éducatif, en mettant l’accent sur la généralisation du préscolaire, la refonte des curricula et programmes, ainsi que le renforcement des compétences des éducatrices et éducateurs. Ce dernier point est stratégique selon Mohamed Guedira, professeur universitaire et expert en politiques éducatives et ingénierie des compétences, qui plaide pour l’amélioration de l’accompagnement institutionnel des enseignants, lesquels se retrouvent souvent à gérer seuls les difficultés pédagogiques. «Il faut lancer un chantier dédié à la formation continue et approfondie des enseignants», note l’expert, précisant que ce projet doit être mis en œuvre parallèlement à la généralisation des écoles pionnières, afin de garantir que la diversité pédagogique devienne, à terme, une richesse pleinement exploitée au service de la réussite des élèves.
Sur ce volet, la tutelle a fait montre d’ouverture en s’impliquant dans les partenariats stratégiques avec les associations de la société civile actives dans l’éducation et la formation et qui permettent de développer des programmes d’accompagnement variés, incluant le soutien psychologique, l’orientation scolaire et l’appui pédagogique. D’après Berrada, le ministère veille à diversifier les moyens et les outils éducatifs afin de répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires, tout en évaluant régulièrement l’efficacité de ces dispositifs pour en garantir les résultats. Sauf que là encore, la question de l’audit des partenaires et leurs approches pédagogiques devrait également être mise en discussion.
Au supérieur, ça s’annonce dur !
Durant la semaine dernière, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, est également passé au crible des élus, présentant un budget dépassant 17,31 MMDH pour son département. Il a précisé que ces crédits seront orientés vers le soutien à la recherche scientifique et à l’innovation, la mise à niveau du système d’enseignement supérieur, l’accompagnement de la transformation numérique et le renforcement des ressources humaines. Parmi les objectifs annoncés figurent la hausse des effectifs à 10.540 fonctionnaires, la poursuite de l’appui à la loi 54.24 relative à l’organisation pédagogique, la mobilisation de ressources humaines qualifiées, la généralisation des bourses universitaires et le soutien au logement universitaire. Sur le plan de la recherche, la situation est délicate comme en témoigne le dernier rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), qui souligne en effet les limites d’un modèle qui semble progresser en surface, mais qui peine encore à convertir son potentiel en véritable innovation. Le problème tient en partie au fait que, dans ce domaine, l’impact du financement prévu par le PLF reste limité : le pays ne comptait en 2023-2024 que 23.293 enseignants-chercheurs et 43.970 doctorants. Mais au-delà de cette contrainte quantitative, la contribution réelle des chercheurs à la production scientifique demeure modeste, avec à peine 15.000 publications. Cela représente une moyenne de seulement 0,22 article par chercheur lorsqu’on inclut enseignants et doctorants, et de 0,64 article par enseignant-chercheur si l’on s’en tient au corps professoral. Cela dit, les professionnels estiment que le financement des investissements pourrait inverser la donne à moyen terme et ils chantent par ailleurs les louanges de la promotion des bourses. «Beaucoup d’étudiants brillants abandonnent faute de moyens», souffle Khalid Bougrin, Professeur à l'l'Université Mohammed V de Rabat et Directeur du Laboratoire de Chimie des Plantes et de Synthèse Organique et Bio organique, affirmant qu’il faut revaloriser la bourse d’excellence, restructurer les centres de recherche autour de thématiques cohérentes et créer un environnement de stabilité et de reconnaissance pour les chercheurs. «Sans cela, l’augmentation du budget ne se traduira pas par une meilleure production scientifique», conclut-il.
Culture, médias, patrimoine…
Loin du secteur de l’Education, le ministre de la Culture a également multiplié les promesses la semaine dernière en Commission, s’engageant à promouvoir le livre et la lecture, la production médiatique et la valorisation du patrimoine culturel national. Pour sa stratégie, qui devra réussir à un an de la fin de mandat, Mohammed Mehdi Bensaïd annonce près de 2,32 MMDH pour le secteur de la jeunesse, environ 1,42 MMDH pour le secteur de la culture, et 2,33 MMDH pour le secteur de la communication. C’est surtout le secteur de la presse qui rend la mission de Bensaïd particulièrement ardue en raison de l’ampleur des critiques que suscite le projet de loi de réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP). Les changements prévus - nouvelle mécanique d’élection et d’«entérinement» des membres, critères économiques pour la représentativité des éditeurs, et pouvoir de suspension des journaux - sont perçus par une partie du secteur comme un recul constitutionnel menaçant l’indépendance du modèle d’autorégulation. Bensaïd défend un texte purement professionnel, destiné à moderniser et stabiliser le cadre juridique, or, les Organisations de journalistes et de nombreux éditeurs y voient un risque de concentration, de perte de pluralisme et d’affaiblissement démocratique. Pris entre ces visions opposées, et face à une tension croissante autour d’un projet dont plusieurs dispositions divisent profondément le milieu, le ministre doit chercher un consensus difficile dans un contexte où chaque ajustement est politiquement et institutionnellement sensible. Pour le moment, il tente de proroger le mandat des membres actuels du Conseil pour trois mois afin d’assurer la gestion des affaires courantes, mais rien ne garantit que cette démarche recueille l’adhésion nécessaire.
Sur ce volet, la tutelle a fait montre d’ouverture en s’impliquant dans les partenariats stratégiques avec les associations de la société civile actives dans l’éducation et la formation et qui permettent de développer des programmes d’accompagnement variés, incluant le soutien psychologique, l’orientation scolaire et l’appui pédagogique. D’après Berrada, le ministère veille à diversifier les moyens et les outils éducatifs afin de répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires, tout en évaluant régulièrement l’efficacité de ces dispositifs pour en garantir les résultats. Sauf que là encore, la question de l’audit des partenaires et leurs approches pédagogiques devrait également être mise en discussion.
Au supérieur, ça s’annonce dur !
Durant la semaine dernière, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, est également passé au crible des élus, présentant un budget dépassant 17,31 MMDH pour son département. Il a précisé que ces crédits seront orientés vers le soutien à la recherche scientifique et à l’innovation, la mise à niveau du système d’enseignement supérieur, l’accompagnement de la transformation numérique et le renforcement des ressources humaines. Parmi les objectifs annoncés figurent la hausse des effectifs à 10.540 fonctionnaires, la poursuite de l’appui à la loi 54.24 relative à l’organisation pédagogique, la mobilisation de ressources humaines qualifiées, la généralisation des bourses universitaires et le soutien au logement universitaire. Sur le plan de la recherche, la situation est délicate comme en témoigne le dernier rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), qui souligne en effet les limites d’un modèle qui semble progresser en surface, mais qui peine encore à convertir son potentiel en véritable innovation. Le problème tient en partie au fait que, dans ce domaine, l’impact du financement prévu par le PLF reste limité : le pays ne comptait en 2023-2024 que 23.293 enseignants-chercheurs et 43.970 doctorants. Mais au-delà de cette contrainte quantitative, la contribution réelle des chercheurs à la production scientifique demeure modeste, avec à peine 15.000 publications. Cela représente une moyenne de seulement 0,22 article par chercheur lorsqu’on inclut enseignants et doctorants, et de 0,64 article par enseignant-chercheur si l’on s’en tient au corps professoral. Cela dit, les professionnels estiment que le financement des investissements pourrait inverser la donne à moyen terme et ils chantent par ailleurs les louanges de la promotion des bourses. «Beaucoup d’étudiants brillants abandonnent faute de moyens», souffle Khalid Bougrin, Professeur à l'l'Université Mohammed V de Rabat et Directeur du Laboratoire de Chimie des Plantes et de Synthèse Organique et Bio organique, affirmant qu’il faut revaloriser la bourse d’excellence, restructurer les centres de recherche autour de thématiques cohérentes et créer un environnement de stabilité et de reconnaissance pour les chercheurs. «Sans cela, l’augmentation du budget ne se traduira pas par une meilleure production scientifique», conclut-il.
Culture, médias, patrimoine…
Loin du secteur de l’Education, le ministre de la Culture a également multiplié les promesses la semaine dernière en Commission, s’engageant à promouvoir le livre et la lecture, la production médiatique et la valorisation du patrimoine culturel national. Pour sa stratégie, qui devra réussir à un an de la fin de mandat, Mohammed Mehdi Bensaïd annonce près de 2,32 MMDH pour le secteur de la jeunesse, environ 1,42 MMDH pour le secteur de la culture, et 2,33 MMDH pour le secteur de la communication. C’est surtout le secteur de la presse qui rend la mission de Bensaïd particulièrement ardue en raison de l’ampleur des critiques que suscite le projet de loi de réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP). Les changements prévus - nouvelle mécanique d’élection et d’«entérinement» des membres, critères économiques pour la représentativité des éditeurs, et pouvoir de suspension des journaux - sont perçus par une partie du secteur comme un recul constitutionnel menaçant l’indépendance du modèle d’autorégulation. Bensaïd défend un texte purement professionnel, destiné à moderniser et stabiliser le cadre juridique, or, les Organisations de journalistes et de nombreux éditeurs y voient un risque de concentration, de perte de pluralisme et d’affaiblissement démocratique. Pris entre ces visions opposées, et face à une tension croissante autour d’un projet dont plusieurs dispositions divisent profondément le milieu, le ministre doit chercher un consensus difficile dans un contexte où chaque ajustement est politiquement et institutionnellement sensible. Pour le moment, il tente de proroger le mandat des membres actuels du Conseil pour trois mois afin d’assurer la gestion des affaires courantes, mais rien ne garantit que cette démarche recueille l’adhésion nécessaire.
3 questions au Dr Yassine El Yattioui : « L’ampleur des budgets implique l’anticipation de l’endettement public »
Enseignant-chercheur à l'Université Lumière Lyon II et Secrétaire général et chercheur associé à NejMaroc, Dr Yassine El Yattioui a répondu à nos questions.
- Dans quelle mesure l’augmentation des budgets alloués à l’Education, à la Recherche et à la Culture peut-elle contribuer à la croissance économique du Maroc à moyen et long terme ?
- Un investissement public massif dans ces secteurs constitue d’abord un moyen de renforcer les compétences, la productivité et l’employabilité de la population, ce qui demeure indispensable pour accompagner la transformation structurelle que connaît le pays depuis plusieurs années. En effet, les économies qui ont réussi leur transition vers des modèles à forte valeur ajoutée, qu’elles soient asiatiques, européennes ou latino-américaines, ont toutes misé sur une amélioration profonde du système éducatif, car la formation du capital humain représente un déterminant essentiel de la compétitivité. Dans le cas marocain, la généralisation de l’enseignement préscolaire, la réforme des curricula et le renforcement de la formation des éducateurs peuvent permettre d’augmenter à long terme le niveau moyen de qualification des jeunes générations, avec des effets durables sur la productivité globale de l’économie. Une économie ne peut prétendre à la montée en gamme sans renforcer ses capacités d’innovation, de création technologique et de recherche appliquée.
- Comment évaluer l’efficacité de ces investissements publics (120,4 milliards de dirhams) en matière de capital humain, et quels indicateurs devraient être suivis pour mesurer leur impact réel ?
- Évaluer l’efficacité des investissements revient à mesurer leur impact sur le capital humain : compétences, connaissances, capacités d’innovation et inclusion sociale. Cela suppose d’utiliser des indicateurs combinant données quantitatives, analyses qualitatives et suivi dans le temps. Pour l’éducation, l’impact se mesure au taux de scolarisation préscolaire, à la qualité des apprentissages, à la réduction des inégalités territoriales, aux taux de transition entre cycles, ainsi qu’à la formation des enseignants et à la progression des élèves dans les matières fondamentales. Pour l’enseignement supérieur et la recherche, il convient de suivre le nombre d’inscrits, la part des filières scientifiques, l’employabilité des diplômés, la qualité des infrastructures universitaires, la production scientifique, les brevets, les partenariats université-entreprise et les projets d’innovation. Dans la culture, la communication et la jeunesse, les indicateurs incluent la fréquentation des équipements culturels, le développement des industries créatives, la valorisation du patrimoine, la modernisation des médias et l’intégration sociale des jeunes, tandis que dans le sport, l’évaluation porte sur l’utilisation des infrastructures, la participation des jeunes, la performance fédérale et les retombées économiques, notamment en vue de la Coupe du Monde 2030.
- Quels sont les risques macroéconomiques potentiels - notamment en matière de finances publiques, d’endettement ou d’arbitrages budgétaires - liés à un tel niveau d’investissement sectoriel dans le contexte économique actuel du Maroc ?
Un effort financier d’une telle ampleur, dans le contexte économique actuel, comporte des risques macroéconomiques qu’il faut anticiper l’endettement public, la soutenabilité budgétaire et les arbitrages politiques. Le premier risque concerne l’endettement. La dette publique, déjà élevée, limite les marges de manœuvre face aux fluctuations des taux d’intérêt, à la volatilité fiscale ou aux chocs climatiques. Le second risque tient aux dépenses courantes générées par les investissements : chaque nouvelle école, centre culturel ou infrastructure sportive implique des coûts permanents en personnel, entretien et logistique. Dans un budget où les dépenses rigides sont déjà importantes, cela peut réduire la capacité de l’État à financer d’autres priorités sociales, comme la santé, l’emploi des jeunes ou la transition énergétique.C’est en maîtrisant ces risques que l’effort financier historique prévu pourra devenir un levier de transformation durable, plutôt qu’une source de vulnérabilité macroéconomique.
Recherche et innovation : Propositions du CESE pour une stratégie nationale
Face au diagnostic largement partagé sur les limites du système national de recherche, le CESE appelle à l’élaboration urgente d’une stratégie unifiée, cohérente et pleinement arrimée aux priorités du pays. Il recommande d’abord d’accélérer la refonte de la loi 01.00 afin de consolider l’autonomie administrative, financière, pédagogique et scientifique des Universités. Le Conseil préconise également un financement pérenne et renforcé, avec un objectif de 3% du PIB consacrés à la recherche d’ici 2030, et une implication accrue du secteur privé.
Il insiste sur la mise en place d’un cadre dédié aux chercheurs à temps plein, incluant doctorants et post-doctorants, offrant des incitations adaptées et une rétribution valorisant la performance scientifique. Le CESE propose en parallèle de renforcer le Conseil national de la recherche scientifique, pour en faire un véritable organe de coordination et de suivi de la stratégie nationale.
Par ailleurs, il recommande d’intensifier la valorisation de la recherche et de l’innovation entrepreneuriale, en élargissant les missions des Universités en matière de création d’entreprises, de partenariats industriels et de structures mixtes public–privé, à l’image de MAScIR. Le CESE plaide par ailleurs pour une implication accrue des régions, notamment via des structures régionales de transfert technologique capables d’accompagner la propriété intellectuelle, l’incubation de startups et la maturation de projets innovants.
Il insiste sur la mise en place d’un cadre dédié aux chercheurs à temps plein, incluant doctorants et post-doctorants, offrant des incitations adaptées et une rétribution valorisant la performance scientifique. Le CESE propose en parallèle de renforcer le Conseil national de la recherche scientifique, pour en faire un véritable organe de coordination et de suivi de la stratégie nationale.
Par ailleurs, il recommande d’intensifier la valorisation de la recherche et de l’innovation entrepreneuriale, en élargissant les missions des Universités en matière de création d’entreprises, de partenariats industriels et de structures mixtes public–privé, à l’image de MAScIR. Le CESE plaide par ailleurs pour une implication accrue des régions, notamment via des structures régionales de transfert technologique capables d’accompagner la propriété intellectuelle, l’incubation de startups et la maturation de projets innovants.
Gestion des écoles : Le dilemme de trop !
Alors que le ministère de l’Éducation nationale tente de promouvoir l’école publique, Mohamed Saâd Berrada reconnaît que les réalités du terrain freinent les réformes, en raison notamment de mentalités administratives encore réticentes au changement. De nombreux directeurs refusent d’utiliser les fonds des associations de l’École de la Réussite, pourtant destinés à la réhabilitation et au fonctionnement courant, laissant 200 millions de dirhams non dépensés. Le ministre en attribue la responsabilité aux syndicats, accusés de décourager l’usage de ces budgets, tandis que les administrateurs invoquent des procédures trop lourdes et la crainte de sanctions. Ce climat tendu alimente un malaise causant 2.500 demandes de détachement déposées, signe d’un désir croissant de quitter le système. Berrada s’y oppose fermement et appelle à restaurer la coopération entre inspecteurs, directeurs et enseignants, estimant que les efforts d’infrastructures et de révision pédagogique ne porteront leurs fruits qu’avec un engagement collectif renouvelé.










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