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Actu Maroc

Economie : L’Exécutif explique ses mesures ciblées et maintient sa politique d’investissement


Rédigé par Kawtar CHAAT Mercredi 8 Juin 2022

Malgré les perturbations des chaînes d’approvisionnement dans le sillage de la guerre en Ukraine, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a souligné que le gouvernement est déterminé à renforcer avant tout la résilience de l’économie nationale.



« Le manque de matières premières et la hausse de leur prix à la suite de la guerre en Ukraine est un défi global qui pèse sur la situation économique à l’échelle mondiale, en particulier dans les pays non producteurs d’énergie comme le Maroc », a souligné Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Economie et des Finances.

En réponse aux questions des parlementaires de la Chambre des Représentants, le lundi 06 juin, la ministre a précisé qu’il n’y avait toujours pas de visibilité sur la fin de la crise conjoncturelle et internationale, notant au passage que l’Exécutif s’efforce actuellement à fournir tous les matériaux et produits aux citoyens et assurer l’approvisionnement continu des marchés.

La hausse des prix des carburants, un frein à l’économie

Les questions sur la hausse des prix de l’essence a accaparé le temps de parole lors de cette session parlementaire. Les représentants ont exprimé leur inquiétude face à la nouvelle flambée des prix après une légère correction qui n’aura duré que quelques jours. Une situation qui s’explique, selon Nadia Fettah Alaoui, par une explosion des cours du pétrole sur les marchés internationaux, tout en rappelant que le prix du baril est passé d’une moyenne de 86 dollars en janvier à 115 dollars en mars, pour atteindre aujourd’hui 128 dollars. Une conjoncture qui, malgré ses effets sur le tissu économique national, ne devrait pas se traduire par un retour au modèle de compensation.

Pour la tutelle, le gouvernement ne peut dans les conditions actuelles renforcer ses mécanismes de soutien en la matière. Entre revenir à la subvention des hydrocarbures et maintenir son programme d’investissement et de renforcement du parapluie social, l’Exécutif a tranché pour la deuxième option. « Le gouvernement veille à préserver le niveau des investissements publics en 2022 dans le but de soutenir la dynamique économique et les réformes structurelles », a souligné la tutelle. Il n’empêche que le ministère n’écarte pas totalement l’hypothèse d’un déploiement de mesures d’urgence en cas de besoin.

En attendant, l’Exécutif a opté pour la mise en place de mécanismes de soutien au profit des secteurs les plus touchés, susceptibles d’avoir un effet levier sur la hausse des prix des produits de consommation et le pouvoir d’achats des Marocains. «Soutenir le secteur des transports est une mesure très importante qui a concerné 180.000 véhicules, ce qui a eu un impact sur la réduction de l’inflation», rappelle Fettah Alaoui.

Stock national de carburant et de blé : priorité absolue de l’Exécutif

La ministre a souligné que le plus grand et réel pari auquel le gouvernement est confronté est d’assurer l’approvisionnement normal en carburant et en blé, notant qu’il travaille avec tous les partenaires pour assurer le stock national de carburant et de blé.

Le conflit russo-ukrainien a déclenché des turbulences sur les marchés financiers et a considérablement accru l’incertitude quant à la reprise de l’économie mondiale. La hausse des prix des matières premières intensifie la menace d’une inflation élevée et durable, ce qui augmente les risques de stagflation et de troubles sociaux.

Dans ce sens, la ministre a indiqué que les crises successives ne permettront pas au Maroc d’atteindre le taux de croissance prévu de 3% dans le cadre de la Loi des Finances 2022. Une crise dont les effets sont aggravés, selon Fettah Alaoui, par « la sécheresse, la hausse des prix et la connexion avec le marché européen, dont la croissance va baisser de 1%. Ce sont autant de facteurs qui affectent la croissance de l’économie nationale ». Elle a noté toutefois que cette dernière a fait preuve de résilience dans plusieurs secteurs.

La ministre n’a pas manqué de souligner que « les exportations du Royaume connaissent une croissance non seulement dans les phosphates, qui bénéficient de la hausse des prix, mais aussi dans le secteur industriel », rappelant que le gouvernement continue de soutenir l’industrie touristique qui est un secteur économique stratégique pour le Maroc. Elle a toutefois regretté la perte d’opportunités d’emploi, mettant l’accent sur l’importance des programmes «Awrach» et «Forsa» qui contribuent fortement à la résilience de l’économie nationale dans le contexte actuel.

Vers une nouvelle réforme de l’environnement des affaires ?

La tutelle a également réitéré sa volonté de renforcer encore plus l’attractivité des écosystèmes qui reste tributaire du maintien des efforts liés à l’amélioration de l’environnement des affaires, laquelle vise à réduire les coûts et les risques de l’activité commerciale en améliorant les politiques, les lois et les réglementations gouvernementales médiocres, et en stimulant la concurrence par le biais de nouveaux entrants sur le marché.

Dans cette logique, la ministre a affirmé que « notre pays a fait de l’amélioration du climat des affaires et de l’encouragement à l’investissement une priorité nationale, car la mise en oeuvre effective du plan de relance économique doit permettre de surmonter les difficultés qui entravent l’accès de l’entreprise au financement, et ainsi créer un nouveau dynamisme dans l’entrepreneuriat.

L’amélioration des délais de paiement s’est avérée ainsi une composante essentielle de la croissance et de la compétitivité de l’économie nationale. La politique marocaine de soutien au développement du secteur privé place le secteur privé là où il devrait être : au centre. Mais cela exige aussi que les entreprises prennent leurs responsabilités au-delà de leur propre développement.

Mettant en avant l’importance du respect des délais légaux de paiement, Fettah Alaoui a indiqué que les pouvoirs publics ont travaillé à une réforme globale du système des délais de paiement, à travers plusieurs mesures qui ont permis la réduction des dettes des établissements publics et des entreprises envers les fournisseurs, celles-ci sont passées de 21,18 milliards de dirhams à fin décembre 2018 à 20,12 milliards de dirhams à fin décembre 2021.

En ce sens, la politique marocaine anticipe clairement l’agenda émergent des objectifs de croissance socio-économique, en tablant notamment sur l’investissement public en tant que levier de relance. « Le gouvernement a cristallisé un nouveau système de gestion des investissements publics visant à créer un cadre unifié et des approches homogènes au niveau national pour assurer une gestion optimale et efficace des nouveaux projets », a relevé la ministre.



Kawtar CHAAT


Dépenses publiques robustes pour une croissance économique boostée
 
Le Maroc est confronté à la perspective d’une longue période de faible croissance économique. Ce risque n’est pourtant pas une fatalité : la meilleure façon d’éviter un tel sort est de trouver un moyen de canaliser d’importants réservoirs d’épargne vers des investissements du secteur public qui améliorent la productivité.

Les gains de productivité sont essentiels à la croissance à long terme, car ils se traduisent généralement par des revenus plus élevés, ce qui stimule la demande. Telle est la nouvelle vision du gouvernement. « Notre pays a fait de grands efforts dans le domaine de l’investissement public en augmentant les ressources financières qui lui sont allouées, ce qui a contribué à réduire les disparités sociales et spatiales », a relevé la ministre.