L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search


Culture

Disparition : Bernard Pivot, la vénération de la lecture


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 12 Mai 2024



Pivot à l’époque glorieuse de l’émission « Apostrophes ».
Pivot à l’époque glorieuse de l’émission « Apostrophes ».
En 1992, le journaliste et écrivain refuse la Légion d'honneur : « C'est une prime à la notoriété et je n'ai pas envie de me retrouver avec mon petit ruban rouge devant des gens que j'admire et dont je sais qu'ils le mériteraient beaucoup plus que moi. Et, seconde raison, j'ai toujours pensé qu'un journaliste en activité ne doit pas l'accepter. Il se trouve que la gauche me l'a offerte, puis la droite, puis la gauche, et il me semble que si j'acceptais je serais un petit peu moins libre. » De ce fait, il ne sera jamais non plus décoré de l'ordre des Arts et des Lettres. Célèbre pour deux émissions phares de la télévision française, « Apostrophes » (1975-1990), « Bouillon de culture » (1991-2001) et les championnats d’orthographe « Les dicos d’or », il préside l’académie Goncourt entre 2014 et 2019.               
                                                                                
« Vieillir, c’est chiant »

Disparu lundi 6 mai à 89 ans, il laisse de succulentes réflexions dont voici quelques-unes. « La rêverie vagabonde est nécessaire à une bonne hygiène de vie, à l'équilibre de l'homme dans la bourrasque quotidienne. Avec une télécommande et une chasse d'eau, l'homme est un animal sédentaire qui vit heureux. Le TGV, trop rapide, est un mauvais coup porté au livre. »/« Ouvrir un dictionnaire, c'est se jeter dans le foisonnement de la vie, dans l'exubérance du monde. C'est prendre le risque de se dire inculte. C'est aussi se donner la fierté de la découverte ou l'orgueil de l'attestation. C'est encore à chaque fois s'approprier des petits morceaux de l'héritage universel. »/« La télévision peut être un impitoyable neuroleptique et un puissant somnifère. » /« La culture classique reste une valeur essentielle, mais la plus-value qu'on en retire, pour soi et aux yeux des autres, a baissé à la bourse de l'humanisme. » /« N'y a-t-il pas dans la mentalité des gens, même, surtout chez ceux qui ne lisent pas, la croyance que le livre est sacré ? » /« A la télévision, on ne peut être autrement que ce qu'on est profondément. » /« On accorde à l'écrivain, un crédit d'intelligence et de sagesse dont seul le grand médecin peut se prévaloir. » /« Il y a toujours quelque chose à retenir d'un médiocre match de football : une talonnade, un tir... On lit un livre raté avec la conviction que le suivant sera meilleur. » /« Les bonnes questions sont celles qui donnent aux lecteurs ou aux auditeurs, la vivifiante impression qu'à votre place, il les auraient aussi posées.  »/« Le premier irrespect qu'on doit à la culture, surtout à la télévision, c'est l'humour. » /« Ce que j'ai gagné en expérience, en métier, ne l'ai-je pas perdu en spontanéité ? » /« Un critique littéraire, c'est une mémoire livresque considérable, plus une culture tous azimuts, plus l'esprit de découverte, plus un fort pouvoir d'analyse, plus un vrai talent d'écrivain.  »/« Vieillir, c'est chiant. J'aurais pu dire : vieillir, c'est désolant, c'est insupportable, c'est douloureux, c'est horrible, c'est déprimant, c'est mortel. Mais j'ai préféré ‘’chiant’’ parce que c'est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste. »
 
 







🔴 Top News