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Actu Maroc

Deuxième vague : Y a-t-il vraiment une décrue du Covid ?


Rédigé par Siham MDIJI Mercredi 25 Novembre 2020

La baisse des contaminations s’est confirmée durant cette dernière semaine, ravivant l’espoir dans l’esprit des Marocains…s’agit-il d’un recul de l’épidémie au Maroc ?



Deuxième vague : Y a-t-il vraiment une décrue du Covid ?
Depuis une semaine, le bilan des contaminations au niveau national connaît une baisse significative. Le nombre de nouvelles infections annoncé le lundi est généralement plus faible que le reste de la semaine, moins de tests étant effectués. Mais le ralentissement de l’épidémie est néanmoins confirmé par la moyenne des nouveaux cas positifs sur les sept jours, qui, à 31.339, est au plus bas depuis des mois. Par rapport à la semaine passée, le nombre des contaminations a baissé de 7,6%, donnant une lueur d’espoir à une population noyée dans le désarroi à cause des mesures restrictives imposées par la pandémie, et qui aspire à un retour imminent à la vie normale. En réaction à cette tendance, Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de virologie de l’université Hassan II de Casablanca, estime que la baisse du niveau d’infection signifie qu’«une bonne partie des citoyens a commencé à s’accommoder des gestes barrières» (voir 3 questions à…). 

Un avis que Dr Allal Amraoui, chirurgien et député Istiqlalien, ne partage pas entièrement puisqu’il considère que la baisse des indicateurs des contaminations peut aussi résulter de la faible disponibilité des tests par rapport au besoin de dépistage. En effet, depuis plusieurs semaines, on constate qu’il y a aussi une légère diminution des tests de dépistage effectués les lundis, induisant une forte baisse du nombre de cas positifs annoncés.

Par ailleurs, M. Amraoui insiste que le taux de mortalité qui affiche une stabilité inquiétante, voire même une progression, reste le facteur le plus fiable pour jauger l’évolution de la pandémie dans notre pays.

Le nombre de décès bat son plein !  

Contrairement au nombre des contaminations, celui des décès connaît une effrayante tendance à la hausse. Selon le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb, cette augmentation est due à la hausse observée du nombre de contaminations dans la période post-confinement «avec l’entrée d’un certain nombre de provinces dans la troisième phase de propagation du Covid-19». Appuyant cette thèse, Moulay Mustapha Ennaji nous déclare qu’il y a également une hausse des cas critiques qui influe significativement sur le nombre de décès. Il convient de remarquer que l’analyse épidémiologique de la base de données nationale relatives à la Covid-19 démontre que les facteurs de risque de décès dû au virus concernent les hommes, particulièrement les adultes de plus de 65 ans et ceux qui souffrent de maladies chroniques. D’ailleurs, lors de son passage, mardi dernier au parlement, Aït Taleb avait précisé que «55% des décès souffraient de maladies chroniques, notamment le diabète, l’hypertension, l’asthme, le cancer et bien d’autres maladies», soulignant que 89% des décès sont survenus dans les services de réanimation et de soins intensifs.

Cela dit, bien que cette semaine ait connu une légère baisse des infections, il n’en demeure pas moins que la situation épidémiologique reste pour le moment inquiétante. Le nombre de cas actifs sur l’ensemble du territoire national a atteint les 46.974 personnes, dont 1.007 sont en réanimation ou soins intensifs, portant le taux d’occupation des lits de réanimation à plus de 35%. L’heure est à la vigilance.

Siham MDIJI

3 questions à Moulay Mustapha Ennaji

Moulay Mustapha Ennaji
Moulay Mustapha Ennaji
« La hausse de la mortalité est un corollaire de la flambée des cas, c’est un résultat automatique »

Moulay Mustapha Ennaji, Chef de service des maladies infectieuses et membre du comité de veille Covid-19 au CHU Ibn Rochd, a répondu à nos questions sur les récentes évolutions de la situation épidémiologique au Maroc. 

- Pendant ces derniers jours, nous avons constaté une légère baisse des cas de contaminations après le pic des dernières semaines, quelle est votre lecture ?
- Pour l’instant, nous ne pouvons pas parler de diminution ou de baisse, qui ne peut être véritablement constatée que dans une durée suffisamment longue. La baisse du nombre de tests peut en partie expliquer la baisse légère des cas positifs vu que les laboratoires sont parfois débordés. En outre, en scrutant attentivement les courbes de la situation épidémiologique, on s’aperçoit que la baisse des cas de contaminations est liée à la baisse du nombre de tests effectués, surtout pendant les week-ends et les jours qui s’en suivent. Mais il est encore trop tôt de faire des conclusions sur le recul de l’épidémie.

- La mortalité reste pourtant très élevée, qu’est-ce qui explique cela, à votre avis ?
- Le Coronavirus se développe et gagne en acuité à mesure que le climat se refroidit, l’augmentation de la mortalité est palpable depuis le déconfinement et l’explosion de la pandémie pendant l’Aïd El Kbir. Maintenant qu’on est dans la phase III de la pandémie, qui correspond à la circulation communautaire, on ne connaît plus l’origine de l’infection des personnes contaminées. En somme, la mortalité a augmenté vu le nombre élevé des cas positifs enregistrés récemment, on sait que sur 100 personnes positives, deux jusqu’à cinq cas seront transférés en réanimation où le taux de décès dépasse les 50%.

- Les mesures restrictives de déplacement peuvent-elles avoir des effets limitatifs sur la propagation du virus ?
- Pour que les restrictions soient plus efficaces, il faut plus de durcissement, or, malheureusement, la crise économique ne le permet pas. S’ajoute l’effet du relâchement des citoyens, qui, naturellement, n’ont plus la capacité de supporter les exigences de la pandémie. En gros, il faut une approche flexible qui s’adapte avec l’évolution de la situation épidémiologique. Pour faire clair, il faut serrer puis desserrer.

Recueillis par A. M.

Repères

Les projections sombres de l’IHME 
Mardi 8 septembre, alors que le Maroc n’accumulait que 1421 morts à cause du Covid-19, l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) a étonné tous les Marocains en publiant des projections alarmantes sur l’évolution de la pandémie au Maroc sur son site officiel. L’Institut américain, affilié à l’Université de George Washington et basé à Seattle, avait prédit 300.000 cas de contaminations par jour au début du mois de décembre et plus de 24.000 cas de décès à la fin de l’année courante. Aujourd’hui, l’IHME estime que le nombre de morts au 1er mars 2021 pourrait atteindre les 22.433, soit 140 décès par jour. Quant aux contaminations, il prévoit plus de 39.800 cas par jour. 
Capacité litière et port du masque  
L’IHME évalue les capacités litières de l’ensemble du système hospitalier à 10.721 lits et 660 unités de soins intensifs, soulignant qu’il faudrait plus de 16.400 lits, dont 6400 pour les soins intensifs. Par ailleurs, l’Institut fait état d’un respect relatif du port du masque dont seulement 54% de la population marocaine s’y attache strictement dans les lieux publics. Ce qui est en deçà du niveau requis (95%).