"Le document s'inscrit dans une double ambition stratégique: offrir une lecture critique et prospective des défis à l’horizon 2030-2050 et formuler des recommandations concrètes à destination de l’ensemble des parties prenantes", indique un communiqué de l’IMIS.
Cet "important" travail de recherche, présenté lors d’une rencontre en présence de plusieurs personnalités de premier plan, a été au cœur de discussions entre le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, et le président de l’IMIS, Abdelmalek Alaoui, visant à favoriser une réflexion approfondie sur cette question entre chercheurs et décideurs.
Alors que la question hydrique s’impose comme un enjeu structurant de l’action publique nationale, l’IMIS a ainsi mobilisé pendant plus de quatre mois une équipe pluridisciplinaire dirigée par l'avocate Ghalia Mokhtari, spécialiste des sujets d’infrastructure au Maroc, pour produire ce document inscrit dans cette double ambition stratégique, ajoute le communiqué.
Structuré en trois volets, ce rapport stratégique est rédigé et coordonné par Me Mokhtari, sous la direction de M. Alaoui et avec la participation de Ahmed Azirar, Yasmine El Khamlichi, Meryem Benhida, ainsi qu’un collège d’experts indépendants.
Le premier volet s’attache à comprendre l’origine multidimensionnelle de la crise : baisse continue des ressources renouvelables, surexploitation chronique des nappes, effets aggravants du changement climatique, et analyse en profondeur le modèle agro-exportateur, tandis que le deuxième revient sur la Vision de SM le Roi Mohammed VI, qui a érigé la question de l’eau au rang de priorité nationale. Il s'agit d'une action structurée autour de trois piliers, en l'occurrence l’élargissement équitable de l’accès à l’eau potable, notamment en milieu rural, le soutien à la productivité agricole par la maîtrise de l’eau et l’investissement massif dans les infrastructures hydrauliques.
Le troisième volet explore, quant à lui, les innovations et les limites du modèle historique de mobilisation : envasement des barrages, retards accumulés dans les transferts interbassins, développement encore limité de la réutilisation des eaux usées, mais aussi montée en puissance du dessalement, avec l’objectif affiché de couvrir 50% des besoins en eau potable d’ici 2030.
Ce rapport vient nourrir la réflexion stratégique en offrant un benchmark de pays ayant des points de convergence ou de contraste avec le modèle marocain, à savoir la Jordanie, l’Espagne, et le Chili.
Pour répondre à l’ampleur des défis identifiés, l’IMIS propose, dans ce rapport, dix leviers d’action concrets. D’abord, établir une base commune de connaissance en créant un système national unifié de la donnée hydrique, et mieux encadrer les usages agricoles, tout en instaurant une tarification de l’eau plus équitable.
Dans cette logique, le rapport appelle à repenser les incitations agricoles en faveur de cultures adaptées au stress hydrique, à muscler les moyens de contrôle sur le terrain à travers la télésurveillance des forages, et à contractualiser la gestion des nappes entre usagers, agences de bassin et collectivités.
Parallèlement, les experts de l’IMIS plaident pour une accélération du recours au dessalement et à la réutilisation des eaux usées, financée par des partenariats public-privé et des instruments de dette verte.
Le Rapport stratégique propose aussi d’imposer l’empreinte eau comme critère préalable à tout projet d’investissement, insiste sur l’urgence de faire évoluer les mentalités, notamment à travers une future "Académie de l’eau", et recommande de créer un observatoire interdisciplinaire sur le nexus eau-énergie-agriculture-écosystèmes.
Think-Tank dédié à l’analyse des enjeux stratégiques du Maroc, l’IMIS publie des études approfondies sur les transformations économiques et géopolitiques du Royaume, et contribue à l’élaboration de recommandations pour une croissance durable et résiliente.
(Avec MAP)