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Culture

Déconfinement : Lire le journal en buvant un café ou... boire un café en lisant le journal ?


Rédigé par Redouane Lmesfiou le Mercredi 24 Juin 2020



Déconfinement : Lire le journal en buvant un café ou... boire un café en lisant le journal ?
Aujourd’hui est un grand jour. Enfin ! c’est le retour à la normalité. La connaissez-vous, cette routine que forme une chaîne d’habitudes toutes simples, voire toutes bêtes, devenues grâce à l’état d’urgence sanitaire tellement précieuses ? Je me lève avec l’euphorie de cet écolier d’autrefois qui s’apprêtait à regagner les bancs de l’école après d’interminables vacances d’été. Autant le dire : vivement le retour aux cafés. Certes, j’en ai bu de cet exaltant liquide mille gorgées en cette période de confinement, mais il m’en fallait toujours cette libératrice mille et unième. Y en avait marre de boire du café fait maison, il était tant d’apprécier du café fait café. Il faut bien dire que rien ne garantit que la série ‘’Confinement’’ ne prévoit pas une deuxième saison ! Je n’étais d’ailleurs pas le seul à avoir l’esprit hanté par cette éventualité. Au sortir de chez-moi, j’invite un voisin au café du coin. Négatif ! Le virus abrite toujours la ville, devais-je comprendre. Son message est passé ; je passe mon chemin. 

Zut, j’ai oublié le plus important. M’acheter mes propres journaux ! Cela me manquait gravement. Comment laisser s’échapper ce plaisir d’être bien installé au beau milieu d’un café avec ses propres journaux. Un entre les mains, les autres bien au chaud sous les galettes d’une chaise jouxtant la mienne. Il faut bien dire que je n’aime pas qu’on me viole mes journaux. Surtout lorsque le viol est collectif. Bref, j’ai beau cherché pour m’en procurer mais en vain. Je ne lâche pas prise et comme une flèche vers le centre-ville me dirige. Nada ! Tous les kiosques ont écoulé leurs journaux. A ce point ? Même la presse francophone a été toute vendue ? C’est en arrivant au café que mes questions ont trouvé réponse. À peine ai-je franchi la porte d’un pas que l’utopie se métamorphose en réalité. Ne nous a-t-on pas appris que du néant est né l’univers !

Tous les clients avaient leurs propres journaux grands ouverts entre leurs mains. A mon grand bonheur, je n’étais plus de cette infime minorité qui ne daignait pas partager son journal. Personne ne guettait personne. Je me sentais réjoui d’être, pour une fois, le seul au café du coin à ne pas être doté de son propre journal. Ce jour où l’utopie est devenue réalité mérite alors véritablement sa grandeur. Car, in fine, lire son journal en buvant un café est encore plus appréciable que boire son café en lisant un journal. 

Ce matin-là, mon café a été certes orphelin, mais cela ne me gênait point. La peur de contracter le virus en feuilletant un journal est-elle pour quelque chose dans cette (ré)volution ? A-t-on interdit les journaux dans les cafés ? En plein questionnement intrinsèque, l’odeur de mon café a commencé à titiller mon odorat, le son émis par les flou-flou du tablier du serveur devenait de plus en plus proche, mais la voix de ma petite fille a fini par avoir le dessus : « réveille-toi papa, c’est l’heure de la prière ». Prions alors ! 

Redouane Lmesfioui 







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