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Déconfinement : Comment gérer la peur de l'autre ?


Rédigé par MAP Mardi 2 Juin 2020

Avec l'approche du déconfinement, les Marocains sont partagés entre l’envie et la peur de se rencontrer dans un contexte marqué par la persistance du risque de propagation du nouveau coronavirus (Covid-19). Pour faire un éclairage sur la gestion de cette peur, la MAP a contacté le psychanalyste et écrivain marocain, Jalil Bennani.



Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste et écrivain marocain.
Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste et écrivain marocain.
La peur habite les citoyens depuis le début de l’épidémie. Il n’est pas indifférent qu’on parle de «guerre» et d’«ennemi invisible», indique le psychanalyste.
 
Il ne s’agit évidemment pas d’une guerre avec des combattants, mais le langage martial a eu pour but d’alerter sur le danger du virus et mettre en place les moyens de protection.
 
 Des mesures de protection pour lutter contre la pandémie
 
Parmi ces moyens figurent «les mesures barrières». Prendre ses distances avec toute personne extérieure à son foyer, tout étranger au lieu où nous sommes confinés, toute personne rencontrée dans les lieux publics.
 
 Dès lors, est-il étonnant que la peur s’installe vis-à-vis de «l’autre»?
 
«Pour vaincre la peur de l’autre, il faut commencer par se dire qu’on peut être soi-même l’autre de l’autre, ce qui relativise les choses et évite les projections sur cet autre qui serait considéré comme étant le seul porteur du risque».
 
 La peur, un mécanisme de défense
 
«La peur est un mécanisme de défense, contrairement à l’effroi survenant devant un événement brutal comme un accident». Dans cette situation, «tout est suspendu et les mots manquent. La peur survient après. Elle permet un temps d’élaboration, de verbalisation, de prise de conscience».   Face au danger, la peur est un phénomène normal
 
«Face au danger, la peur est un phénomène normal». «Lorsque les distances sont respectées, on peut mieux la surmonter». Il est possible de parler de la peur et de s’en libérer, «contrairement à l’angoisse qui se vit dans le corps».
 
 Dans cette période inédite, il faut expliquer aux enfants
 
  «Dans la vie normale, l’enfant aime jouer avec la peur, aime s’entendre raconter des histoires qui font peur. C’est le moyen pour lui de la maîtriser. Elle est structurante pour l’enfant».
 
«Le parent ou l’adulte doit se montrer calme et serein devant l’enfant pour le rassurer». Avec les petits, généralement en dessous de 7 ans, «on peut raconter des histoires avec 'le méchant' qui serait le virus par exemple ou en faisant des dessins», mais que passé cet âge, «on peut expliquer par des mots simples la situation».

La peur n'est pas la phobie.

Il faut également distinguer la peur de la phobie qui est un symptôme relevant de la pathologie.
 
«Lorsque l’angoisse est trop forte, elle se fixe sur un objet, un animal, des maladies, la rue… et déclenche des réactions de panique incontrôlée, provoque une grande inhibition et rend incapable d’affronter la situation anxiogène».
 
L’appréhension du déconfinement
 
Les personnes souffrant d’agoraphobie-peur des sorties et des grands espaces- ont pu trouver une certaine tranquillité dans le confinement, qui leur donne le sentiment d’être dans la même situation que les autres et leur procure une sécurité en évitant les sorties.
 
«C’est la raison pour laquelle ces personnes trouveront des appréhensions à sortir lors du déconfinement». «Là aussi, il faut qu’ils puissent en parler, ne pas oublier les symptômes qu’ils avaient avant la pandémie et lutter comme il le faisaient».
 
«Ils peuvent également poursuivre l’aide thérapeutique dont ils bénéficiaient déjà. Il en est de même pour ceux qui souffraient d’angoisses et autres troubles psychiques avant la pandémie».








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