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International

Davos : Un sommet dans un contexte des plus complexes


Rédigé par L'Opinion Lundi 16 Janvier 2023

Les élites politiques et économiques mondiales se retrouvent la semaine prochaine à Davos avec l'ambition affichée de "coopérer dans un monde fragmenté", entre guerre en Ukraine, dérèglement climatique et mondialisation en crise existentielle.



La réunion organisée cette année par le Forum économique mondial (WEF) dans la station de ski des Alpes suisses "se tient dans le contexte géopolitique et géo-économique le plus complexe depuis des décennies", a souligné le président du WEF, Borge Brende, lors d'un briefing cette semaine pour les journalistes.
 
La pandémie de Covid-19, les conflits commerciaux entre Chine et Etats-Unis, et la guerre en Ukraine ont contribué ces dernières années à multiplier les lignes de fracture géopolitiques et alimenter des politiques plus protectionnistes.
 
"L'une des causes principales de cette fragmentation est un manque de coopération", et elle se traduit par "des politiques court-termistes et égoïstes", a regretté le fondateur du WEF, Klaus Schwab, dénonçant "un cercle vicieux".
 
Au point même pour certains de s'interroger sur l'avenir de la mondialisation, depuis un demi-siècle au cœur de la philosophie défendue à Davos.
 
Il y a eu un temps "d'espoir de retour à l'ancienne normale, qui était cette sorte de monde globalisé", indique à l'AFP Karen Harris, partenaire et économiste chez la société de conseil Bain & Company. "Je crois qu'il y a une reconnaissance aujourd'hui que cette ère est en train de se terminer", même s'il restera selon elle des coopérations "autour d'une plus petite série de questions".
 
2ème année de non présence russe
 
"Même le climat devient une bataille plus isolationniste", note-t-elle, évoquant l'Inflation Reduction Act (IRA), qui prévoit de larges aides pour les entreprises implantées aux Etats-Unis dans le secteur des véhicules électriques ou des énergies renouvelables, ou même les taxes carbone aux frontières, en cours de mise en place en Europe.
 
Près d'un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le conflit et ses effets sur les politiques mondiales d'énergie et de défense vont occuper une grande partie des débats à Davos.
 
Si les Russes sont absents pour la deuxième année consécutive, une délégation ukrainienne est attendue en Suisse, et le président Volodymyr Zelensky a prévu d'intervenir à distance.

L'occasion pour eux de s'adresser à des centaines de figures politiques comme le chancelier allemand Olaf Scholz, le secrétaire-général de l'Onu Antonio Guterres ou celui de l'Otan Jens Stoltenberg, à quelque 600 chefs d'entreprises, de nombreux médias, et des représentants de la société civile: des ONG, des chercheurs, et même des stars comme l'acteur Idris Elba ou la soprano Renee Fleming.

L’important se trame en coulisses
 
Le climat s'affiche comme un autre sujet clé, les organisateurs ambitionnant que les discussions aident à préparer la prochaine série de discussions mondiales dans le cadre de la COP28, qui se tiendra en fin d'année dans les très pétroliers Emirats Arabes Unis.
 
Des militants prévoient de leur côté d'utiliser la réunion pour rappeler aux pays riches et aux groupes d'énergie le besoin de financer la transition énergétique des pays en développement et de payer pour les dommages des catastrophes naturelles qui accompagnent le dérèglement climatique.
 
La JSS (jeunesse socialiste suisse) appelle ainsi à manifester dimanche à Davos pour "un impôt ciblant les riches pour le climat et l'annulation de la dette" des pays du sud. Comme chaque année, l'activité la plus importante à Davos se passe toutefois en coulisses, chefs d'entreprises, investisseurs et politiques profitant d'être réunis en un même lieu pour discuter en marge de la conférence officielle.
 
"En quatre jours, dans une suite privée, ils peuvent faire plus d'affaires qu'en plusieurs mois de vols autour du monde", relève le journaliste américain Peter S. Goodman, auteur d'un livre sorti l'an dernier et intitulé "L'Homme de Davos: comment les milliardaires ont dévoré le monde".
 
Pour lui, la contribution la plus importante que Davos pourrait apporter serait de pousser pour une réforme de la fiscalité mondiale, afin de réduire les inégalités.
 
Karen Harris espère aussi à Davos "des discussions franches" sur ce que les évolutions de l'économie mondiale vont signifier, pas seulement pour les Etats-Unis, l'Europe ou la Chine, mais aussi "pour les marchés émergents, qui si souvent sont les perdants dans les développements économiques".

(A.B avec agences) 

"Abolir" les milliardaires
 
"Chaque milliardaire représente un échec de politique publique", avance l'ONG Oxfam dans un rapport publié à l'ouverture du Forum de Davos lundi, militant pour une division par deux de leur nombre d'ici 2030 grâce à la taxation, avant d'"abolir" les milliardaires à plus long terme.
 
"Les inégalités économiques ont atteint des niveaux extrêmes et dangereux", écrit l'organisation internationale dans son rapport annuel sur les inégalités, au coup d'envoi d'une semaine d'échanges entre élites économiques et politiques dans la station de ski suisse de Davos.
 
Portées par la flambée des cours de Bourse, les grandes fortunes se sont envolées au cours des dix dernières années: sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% le plus aisés, tandis que 70 cents ont profité aux 50% les moins fortunés, constate l'ONG. Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux, affirme Oxfam dont la directrice générale, Gabriela Bucher, est invitée en Suisse.

Or, "la concentration extrême des richesses mine la croissance économique, corrompt les politiciens et les médias, corrode la démocratie et augmente la polarisation", souligne Oxfam, ajoutant que les inégalités sont devenues "une menace existentielle pour nos sociétés, paralysant notre capacité à endiguer la pauvreté", et mettent "l'avenir de la planète (...) en péril".
 
Selon l'organisation internationale, la taxation a un rôle "crucial" à jouer afin de diminuer le nombre de milliardaires sur la planète, et doit toucher les revenus et le capital des plus aisés. Parmi les mesures proposées dans ce rapport, un impôt exceptionnel sur la fortune, une taxe sur les dividendes, et une hausse de l'imposition sur les revenus du travail et du capital des 1% les plus riches.
 
Le capital, une manne financière "beaucoup plus importante que les salaires" pour les grandes fortunes, doit être davantage taxé sur les gains réalisés, notamment grâce à la vente d'actions, mais aussi par la simple détention, souligne l'organisation. Selon l'ONG, ces mesures permettraient de ramener la fortune des milliardaires et leur nombre à ce qu'ils étaient en 2012, avant que les chiffres ne s'emballent.
 








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