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Coopération : Un nouveau groupe de travail maroco-espagnol pour contrer le trafic de drogue


Rédigé par Yassine Elalami Dimanche 21 Mai 2023

Face au sujet de préoccupation que constitue le trafic de drogues, défi de taille pour les décideurs des deux côtés, la partie ibérique exprime le désir de renforcer la coopération bilatérale en proposant la création d’un groupe de travail avec le Royaume.



Dans une interview accordée à l'agence de presse ibérique (EFE), la procureure espagnole antidrogue, Rosa Ana Morán, a proposé la création d'un groupe de travail avec le Maroc afin de développer une collaboration plus étroite dans le contrôle de la circulation du haschisch prenant la direction de la côte espagnole. Elle a souligné que cette collaboration devrait se concentrer particulièrement sur Algésiras. Toutefois, elle a noté que la pression policière et judiciaire dans la région du Campo de Gibraltar avait contraint les organisations criminelles à se tourner vers d'autres itinéraires, tels que Huelva, le fleuve Guadalquivir, voire le delta de l'Èbre.

Dans le même contexte, Morán a dénoncé la "banalisation" des effets du cannabis, faisant de l'Espagne le principal producteur de cette substance au sein de l'Union Européenne. Selon elle, il s'agit d'un secteur étroitement lié à la criminalité organisée, avec l'implantation de gangs internationaux dans la région qui se livrent à la production de cannabis en recourant à la violence et à l’usage des armes. Elle a précisé que des réseaux internationaux composés de ressortissants chinois, albanais et d'autres nationalités ont été identifiés comme étant responsables de ces activités criminelles.

"Nous ne faisons plus face à une simple production locale, mais à des organisations criminelles internationales qui cherchent à réaliser des bénéfices économiques à partir d'une substance qui, selon l'opinion générale, ne semble pas aussi nocive", a déploré le procureur général de la lutte antidrogue.

La procureure en chef insiste sur la nécessité d'adopter une procédure pénale "rigoureuse" et "adaptée" ainsi que de restructurer l'organisation judiciaire afin de pouvoir faire face à ce type de criminalité. Selon elle, "le dispositif actuel n'est pas en mesure de répondre rapidement à la criminalité organisée". Elle souligne que de grandes organisations internationales font parfois l'objet d'enquêtes menées au niveau de petits tribunaux des villes côtières, qui manquent de ressources suffisantes, au lieu d'être traitées par un tribunal national centralisé.
 
La coopération maroco-espagnole jugée primordiale
 
En ce qui concerne la coopération avec le Maroc, principal producteur du cannabis introduit en Espagne, Morán, qui a travaillé en tant que procureure de la Chambre de coopération internationale, avant de rejoindre le domaine de l'Antidrogue, a assuré que la coopération entre les deux pays était solide. Elle a souligné qu'elle pilote actuellement un "jumelage" entre le bureau du procureur général espagnol et celui du Maroc, dans le but de renforcer cette collaboration.

Toutefois, elle estime que la coopération "pourrait être améliorée en termes d'investigation". Elle relève que le Maroc dispose d'une réglementation "excellente" en matière de production de cannabis, ainsi que d'une agence nationale dédiée à ce domaine. "Ce que le Royaume du Maroc vise, c'est une exportation contrôlée des produits autorisés", a-t-elle observé.

Fédérer les efforts contre l’usage récréatif
 
Rosa Ana Morán se déclare opposée à la légalisation de l'usage récréatif du cannabis. Dans son interview, elle explique que l'expérience démontre que cela entraîne une augmentation de la consommation et banalise les risques liés à une drogue de plus en plus nocive, en raison des concentrations élevées de son principal composant psychoactif, le THC, qui sont dues aux manipulations génétiques.

"Le fait qu'une personne puisse consommer du cannabis avec une concentration de 20 % de THC, surtout lorsqu'il s'agit d'un adolescent de 14, 15 ou 16 ans, m'inquiète énormément en termes de santé publique et de bien-être de ces individus", a-t-elle alerté. Compte tenu de ces préoccupations, Rosa Ana Morán réclame la possibilité d'étudier la reclassification du cannabis en tant que substance nocive ayant un impact sur la santé publique.

Selon la responsable espagnole, la recette est claire si les décideurs souhaitent faire face à ce fléau : "La fédération des efforts, la réforme de la législation en accordant davantage de pouvoir aux enquêteurs et aux juges pour qu'ils puissent remplir efficacement leurs obligations, ainsi que l'établissement d'une coopération de haut niveau avec le Maroc".








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