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Culture

Contribution De légendes et de vies...


Rédigé par Abdelghani Dadès le Dimanche 24 Septembre 2023

Au lendemain de l’hommage réservé au séisme d’El Haouz paru dans la séquence hebdomadaire Magazine-VSD de L’Opinion, Abdelghani Dadès, habile journaliste et résident québécois depuis plusieurs années, nous fait l’amitié de ce retour :



Mohammed Khaïr-Eddine (œuvre digitale de Sigrum Neumann) et La Koutoubia by night.
Mohammed Khaïr-Eddine (œuvre digitale de Sigrum Neumann) et La Koutoubia by night.
« Dans l'Opinion weekend du 15 au 17 septembre, Anis Hajjam dresse un parallèle, tout en subtilité et en culture, entre les légendes et vies de la Koutoubia et un certain Agoun’chich, ce dernier tout droit sorti de l'imaginaire génial de feu Mohammed Khaïr-Eddine. Ce clin d'œil lancé à notre patrimoine et à notre identité grégaire m'a d'abord interpellé parce que le séisme et le roman se déroulent tous deux dans ce ‘Maroc d'en haut’*, ce Maroc des hauteurs géophysiques et de la hauteur des âmes. Mais après une fort inconsciente mais néanmoins lancinante réflexion, d'autres considérations se sont révélées. Ainsi s'est imposée dans mon esprit l'image d'une personne - homme ou femme - façonnée jusqu'au tréfonds de son être par la nature rigoureuse dans laquelle il vit. Comme la Koutoubia, comme Agoun’chich, cette femme ou cet homme, encaissent sans broncher les mauvais coups que la nature se plait à leur infliger chaque jour et, avec plus de rigueur encore, lors de grosses intempéries ou à l'occasion de catastrophes naturelles. Ils vacillent sous le choc, certes ; mais ne tombent pas. Sans doute ébranlés ou même sidérés, très vite ils se reprennent et dès qu'ils constatent que la vie ne les a pas quittés, ils s'ébrouent, pansent leurs plaies et pensent à ce qu'il convient de faire - pour eux-mêmes mais souvent, puisant dans des valeurs si ancrées dans leur Moi indicible que c'en devient un réflexe et y déroger une hérésie - d'abord, pour ceux, proches ou non, qui ont soufferts plus qu'eux. Debout, tête haute et dos droit, ils accepteront toute aide qu'on leur proposera mais refuseront toute charité. Ils ne refuseront pas votre compassion, mais gardez votre pitié pour vous afin de ne pas heurter leur dignité. Sachez que dans ce que vous leur offrirez, ils n'accepteront que ce dont ils ont véritablement besoin et nul excédent. En outre, dans leurs mémoires, ce qu'ils auront accepté sera retenu comme une dette que l'honneur leur fait devoir de rembourser... Pensez à tout cela lors de votre prochain séjour au Maroc, un pays où, Grâces à Dieu, la terre ne tremble pas tous les jours. Pensez-y lorsque vous serez au pied de la Koutoubia. Mais avant de partir vers ce grand pays, lisez donc ‘Légende et vie d'Agoun’chich’ ; de la sorte, lorsque dans ces montagnes rudes, un habitant apparemment démuni mais à l'âme incommensurablement riche, vous invitera à prendre un verre de thé ou à partager un frugal repas, vous sachiez à qui vous avez vraiment affaire. Et à bien y penser, on pourrait aussi - puisque charité bien ordonnée commence par soi-même - inscrire Khaïr-Eddine et ses œuvres dans les programmes de notre Éducation nationale ; ne serait-ce que pour la raison que préserver notre patrimoine commence par faire connaître nos auteurs de talent (s'exprimeraient-ils en langue française) à nos enfants. »
 
* À opposer à la fameuse "France d'en bas" attribuée à l’ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin.

 
                                      Abdelghani Dadès, Montréal, septembre 2023.
 
 
 
 
 







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