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Congrès général de l’UGAM : Engagement istiqlalien envers la souveraineté agricole [INTÉGRAL]


Rédigé par Souhail AMRABI Mardi 24 Juin 2025

L’Union Générale des Agriculteurs du Maroc (UGAM) a tenu, dimanche, son sixième Congrès général, qui s’est soldé par une série de recommandations pour accompagner la marche du Royaume vers la souveraineté alimentaire.



Nizar Baraka lors du 6ème Congrès de l’UGAM.
Nizar Baraka lors du 6ème Congrès de l’UGAM.
« Nous assurons notre sécurité alimentaire et préservons notre souveraineté grâce à une agriculture soutenue et équitable ». C’est sous ce slogan fédérateur que l’Union Générale des Agriculteurs du Maroc (UGAM) a tenu son sixième Congrès national, où les agriculteurs des douze régions du Royaume ont souligné les profondes mutations que traverse le secteur agricole, à l’aune des défis climatiques croissants. Ces bouleversements affectent de manière particulièrement aiguë les petits et moyens exploitants, considérés comme les plus vulnérables face aux effets persistants de la sécheresse, à la flambée des coûts de production, aux dysfonctionnements des circuits de commercialisation et de distribution, ainsi qu’aux obstacles d’accès au financement, aux équipements hydro-agricoles et aux mécanismes de mise en commun. Comme l’a rappelé Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, ces agriculteurs constituent le socle de la souveraineté alimentaire nationale et doivent être au cœur des politiques publiques de soutien et d’équité. « Il est donc impératif d’adapter et d’orienter les efforts publics considérables déployés par l’État et le gouvernement, afin que ces petits et moyens agriculteurs puissent pleinement bénéficier des politiques mises en place pour atténuer les difficultés du secteur et leurs répercussions négatives sur cette catégorie », a plaidé Baraka, également ministre de l’Equipement et de l’Eau. Afin d’accompagner l’action publique à destination de cette population, Baraka appelle l’UGAM à renforcer son organisation en insufflant un nouveau souffle à travers la rénovation de ses structures, de ses branches, de ses directions et de ses élites. Il a également insisté sur la modernisation de ses méthodes de travail dans les domaines de la formation, de l’encadrement et du plaidoyer, tout en consolidant sa force de proposition « en apportant des idées, des solutions et des alternatives contribuant à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs et au développement du secteur ».
 
Nizar Baraka a également évoqué le plan d’urgence pour la reconstitution du cheptel national, qui mobilise plus de 6 milliards de dirhams (MMDH), qui s’ajoute à d’autres mesures volontaristes prises par le gouvernement pour relancer le secteur agricole et réduire les inégalités sociales et territoriales. « L’Union Générale des Agriculteurs doit être au cœur de ces dynamiques, en participant activement aux réformes, par sa présence sur le terrain, son action organisationnelle, son plaidoyer responsable en faveur des intérêts légitimes des agriculteurs, et sa capacité de proposition pour améliorer les mécanismes de mise en œuvre des aides afin qu’elles atteignent effectivement les bénéficiaires visés et produisent les résultats escomptés », a insisté le leader istiqlalien.
 
Vision agricole istiqlalienne
 
Cela dit, le congrès a mis en lumière les déséquilibres structurels qui affectent le monde rural, en grande partie causés par l’insuffisance du soutien public et par l’abandon des petits agriculteurs face aux aléas climatiques et aux turbulences du marché. Ce désengagement a pour conséquence directe l’aggravation de l’exode rural, nourri par la dégradation continue des conditions de vie dans les campagnes, l’absence de justice territoriale et la concentration des investissements dans certaines zones au détriment d’autres. Face à cette situation, le congrès affirme avec force que la souveraineté alimentaire n’est pas un simple choix politique, mais une nécessité nationale. Elle engage non seulement l’avenir des générations futures, mais également la stabilité sociale, économique et territoriale du Royaume.
 
Dans cette perspective, l’UGAM appelle à l’adoption de mesures équitables et solidaires, fondées sur une véritable justice sociale et territoriale. Elle réclame notamment la création d’un Fonds national de soutien destiné à accompagner les agriculteurs frappés par la sécheresse et les catastrophes naturelles, ainsi qu’une réforme en profondeur du système de commercialisation des produits agricoles, en luttant contre la spéculation et l’intermédiation excessive. À cet effet, le renforcement des coopératives et des entreprises agricoles locales est jugé indispensable.
 
Les istiqlaliens insistent aussi sur l’intégration active des femmes rurales et des jeunes agriculteurs, non seulement comme bénéficiaires des politiques de développement, mais en tant qu’acteurs clefs du renouveau du modèle agricole national. Par ailleurs, ils demandent formellement que l’Union soit associée à l’élaboration des politiques agricoles, en sa qualité de force de proposition et d’organe représentatif légitime du monde rural.
 
L’UGAM réaffirme en outre son engagement total dans la lutte syndicale et de terrain pour la dignité des agriculteurs et la défense de leurs droits. Le congrès décide de renforcer ses structures régionales et locales, en s’ouvrant davantage aux nouvelles générations et aux compétences émergentes dans le domaine agricole. Elle recommande par ailleurs le lancement d’une campagne nationale de plaidoyer pour ériger la souveraineté alimentaire au rang de priorité stratégique, dans le cadre du nouveau modèle de développement du Royaume.
 

​3 questions à Mohammed Benchaib, président de l’UGAM : « Nous avons besoin d’une vision claire, fondée sur la durabilité et l’autosuffisance »

  • Comment évaluez-vous l’approche agricole actuellement adoptée par le Royaume, notamment à travers le plan « Génération Green » ?
Le Maroc dispose d’environ 8 millions d’hectares de terres agricoles, dont près de 70 % sont consacrés à la culture des céréales. Le reste est réparti entre les légumes, les arbres fruitiers et d’autres activités agricoles. Cette forte dépendance aux céréales rend notre agriculture particulièrement vulnérable aux aléas climatiques, en particulier aux sécheresses récurrentes. Cela se traduit par une dégradation du couvert végétal, une baisse de la productivité et une extension progressive des zones non irriguées, au détriment des terres irriguées.

Dans ce contexte, la stratégie actuelle du gouvernement, qui prévoit la mise en place de stations de dessalement d’eau de mer dans plusieurs régions, constitue une avancée significative, notamment pour l’approvisionnement en eau potable. Mais il devient aujourd’hui indispensable d’élargir cette approche au secteur agricole, qui reste le pilier de notre souveraineté alimentaire.

 
  • Faut-il donc envisager un recours plus large à l’eau dessalée pour l’irrigation ?
Absolument. Bien que le Maroc bénéficie d’un vaste littoral sur l’Atlantique et la Méditerranée, l’exploitation de cette ressource marine à travers le dessalement reste encore limitée. Pour franchir un cap, il est crucial que l’État mette en place un plan global et intégré en matière de dessalement, qui ne se contente pas de répondre aux besoins domestiques mais intègre pleinement les besoins agricoles.

Ce plan devrait soutenir en priorité les cultures stratégiques telles que les céréales et les légumineuses, ainsi que l’élevage. Ces secteurs sont essentiels à notre sécurité alimentaire et doivent bénéficier d’un soutien renforcé. Nous avons besoin d’une vision claire, fondée sur la durabilité et l’autosuffisance, mais aussi d’un appui direct de l’État pour le développement de projets de dessalement dédiés à l’agriculture. C’est à cette condition que nous pourrons véritablement renforcer notre souveraineté alimentaire et mieux faire face aux crises à venir.

 
  • Comment l’Union Générale des Agriculteurs perçoit-elle l’importance du soutien aux filières agricoles stratégiques comme les céréales, les légumineuses ou la viande ?
Ces filières sont vitales pour la stabilité alimentaire du pays. C’est pourquoi nous plaidons pour la mise en œuvre d’une politique de soutien ambitieuse, globale et cohérente. Cela passe par une réduction significative des coûts de production, un accès facilité aux semences et aux fourrages, ainsi qu’une amélioration des infrastructures de stockage et des circuits de commercialisation.
Nous appelons notamment à la création d’un stock national stratégique de céréales et de légumineuses. Ce soutien ne doit pas être perçu comme une réponse ponctuelle à une crise, mais bien comme un choix stratégique, structurant pour l’avenir. Il s’agit de renforcer la résilience du secteur agricole, de permettre aux agriculteurs de rester sur leurs terres, et de préserver la stabilité du marché intérieur face aux fluctuations de plus en plus marquées du marché international.

​UGAM : Mohammed Benchaib reconduit pour un second mandat

Lors du sixième Congrès de l’Union Générale des Agriculteurs du Maroc (UGAM), Mohammed Benchaib a été réélu, à l’unanimité, a la tête de l’Instance. En plus de traiter des enjeux du secteur, ce nouveau congrès de l’UGAM constitue une étape clé pour la réorganisation interne de cette formation syndicale, à travers l’élection du Bureau et de son président, suite à la constitution des Bureaux locaux de la formation syndicale. Une dynamique essentielle pour activer pleinement le rôle de l’UGAM, qui se veut une représentation forte, réaliste et engagée des agriculteurs et des travailleurs du secteur agricole.
 
 
 
L’Union a salué à l’occasion de son Congrès l’ensemble des agricultrices et agriculteurs du pays, tout en rendant hommage à leur résilience et à leurs sacrifices, et en affirmant que la bataille de l’agriculture n’est pas seulement une bataille pour le pain, mais une bataille pour la dignité, la souveraineté et l’indépendance nationale.
 
Notons que l’UGAM est une organisation historique, fondée en 1988, qui s'engage à formuler des propositions et des programmes concrets, à inscrire dans l’agenda du parti, notamment en lien avec les secteurs stratégiques de l’agriculture et du développement rural
 

​Engagement partisan : Vers un programme contractuel entre le PI et l’UGAM

Le Parti de l’Istiqlal (PI) compte sur l’UGAM, avec sa nouvelle direction, pour contribuer à enrichir sa vision, ses choix, ses initiatives et son offre agricole équilibrée, a indiqué Nizar Baraka lors du Congrès. « Il compte également sur l’Union pour l’accompagner dans sa dynamique organisationnelle, notamment dans la réussite de l’initiative ‘‘2025, Année du volontariat’’, en coordination avec les autres structures et organisations professionnelles du parti », a ajouté Baraka, notant que l’initiative a déjà franchi des étapes avancées avec un élan remarquable. Il a par ailleurs affirmé que le parti est engagé à soutenir l’Union, à l’appuyer dans son rôle d’encadrement et de plaidoyer, au service des intérêts des agriculteurs et du développement du secteur. L’Union est en outre appelée à élaborer un programme contractuel avec le parti, exposant les défis professionnels et organisationnels à surmonter, définissant les objectifs à atteindre, pour bénéficier d’un accompagnement actif.








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