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Coiffure et esthétique : Besoin d’une réglementation du secteur


Rédigé par Bouteina BENNANI le Mardi 5 Mai 2020

La crise sanitaire a mis à nu les « failles » des instituts de beauté, un secteur qui fait vivre plusieurs familles, souvent à la limite de l’informel et dans la précarité.



Les coiffeurs pour hommes et femmes sont parmi les métiers qui sont totalement confinés en cette période de pandémie du Coronavirus. Et qui dit coiffeur, au Maroc, dit aussi salon d’esthétique et ses opérateurs : nettoyage du visage, manucure, épilation, make-up artistique (spécialiste de la coiffure de mariage)... Toutes ces prestations sont en stand by, entraînant l’appauvrissement du personnel vivant déjà dans une certaine précarité, pour la plupart non déclarés. Le secteur a besoin de structuration, de réglementation et de jours meilleurs pour les gens du métier.

Les salons de coiffure ou instituts de beauté ont été parmi les premiers services à fermer le 19 mars, le contact est direct et l’infection par le toucher ou via les accessoires (brosses, ciseaux) est un risque réel. Surtout qu’en ces dernières années, ces salons poussent comme des champignons dans tous les quartiers, prenant local dans un garage (en location), une chambre dans un appartement…

C’est un métier rentable, surtout si l’artisan opte pour une clientèle féminine, et c’est la source de revenu de beaucoup de familles précaires. Ces dernières investissent en l’un des enfants en l’inscrivant dans une école privée de coiffure pour deux ans, pour avoir un diplôme et exercer. L’ouverture du salon ne demande pas un grand fonds de démarrage ni de roulement et les recettes peuvent monter en flèche avec de bons apprentis et une clientèle assidue. Certes, il y a des distinctions entre divers salons et les professionnels se démarquent de par leur doigté et leur coupe. Ces mains de maîtres sont de vrais visagistes.

La crise financière se creuse, quelle alternative pour le secteur et où les intégrer?

En cette période de précarité quasi-nationale, due au Covid-19, les artisans coiffeurs essaient de joindre les deux bouts, à défaut de travail. Depuis le 19 mars, l’interdiction totale d’ouvrir place le secteur dans l’inquiétude des employés et des propriétaires de salons. D’autant plus qu’il n’y a aucune autre source de revenus pour les gens du métier ni assurance, ou même une sorte de solidarité en leur faveur.

Les affiliés à la CNSS ou au RAMED peuvent bénéficier du bonus mensuel de l’Etat, prévu pour les sinistrés du Coronavirus. Mais ceux qui ne sont enregistrés nulle part (non déclarés par leurs employeurs) se sentent perdus (pour 10 employés, ils n’en déclarent que la moitié). Et c’est le cas d’une grande majorité de stagiaires. La solution est dans l’attente du déconfinement qui, assurément, ne va pas leur bénéficier au tout début, question d’urgence sanitaire oblige.

Problématiques relevées par les hommes et femmes du métier : structuration et réglementation s’imposent

On a demandé, en ces temps de confinement à certains professionnels de nous révéler les failles du métier. Il est à noter que ce secteur évolue dans l’anarchie : aucune réglementation ni structuration, et aucune carte professionnelle. Les tarifs, imposés par les employeurs et propriétaires sont variables d’un salon à l’autre, selon les prestations. A titre d’exemple, le prix du brushing peut varier, selon l’institut et le quartier, entre 20 et 100 Dh, une marge de profit qui reste élevée.

Le métier demande une hygiène particulière qui n’est pas tout le temps respectée, surtout pour ce qui est des accessoires (brosses entre autres). D’où le besoin de visite de contrôle de la part des services d’hygiène qui ne se fait guère.

Aussi, certains stagiaires ont relevé que le propriétaire du salon ne déclare pas tous les salariés, au plus, il déclare l’apprenti avec le Smig ou comme travailleur à la demi-journée. En cas de litige ou mauvais travail, il peut facilement le virer et le remplacer. D’autres propriétaires conviennent avec les employés d’un pourcentage fifty-fifty mais c’est à eux de cotiser RAMED ou autre.

Ce qui manque au secteur, c’est la création d’une alliance, fédération ou association de coiffeurs. Selon d’anciens professionnels, connus au niveau de Rabat, existait, il y a quelques années, un club artistique. C’était une sorte d’association où les professionnels se réunissaient pour discuter du métier, échangeaient les idées et les innovations. Aujourd’hui, chacun évolue comme il peut et chacun pour soi.

Bouteina BENNANI



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