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Chloroquine or not chloroquine" ?


le Mardi 24 Mars 2020

Le professeur Didier Raoult, cet énergumène au caractère bien trempé et au physique de pirate sympathique, est à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection au CHU de La Timone à Marseille depuis 2011, et l’auteur de quelques 6000 publications.



Professeur Aziza Benkirane
Professeur Aziza Benkirane
Depuis l’apparition du Covid-19 en Chine, et suite à une publication chinoise sur les effets in vitro de la chloroquine - un vieil antipaludéen qui coûte des clopinettes - le Pr Raoult préconise dans le traitement de cette virose pandémique l’usage de l’hydroxy-chloroquine (Plaquenil*), moins toxique, à des doses moindre qu’en chine : 600 mg/j (au lieu de 1000 mg/j), en association avec un antibiotique : l’azithromycine (zithromax*). Tout ceci, à condition d’appliquer ce traitement avant que la charge virale ne conduise les malades en réanimation, pour des pneumonies interstitielles nécessitant la ventilation artificielle.

En somme, il préconise :

1- Pas de confinement général, «On n’a jamais guéri une maladie par la contention ou l’emprisonnement des malades», avance-t-il en référence aux grandes épidémies du moyen âge, la peste, le choléra … etc
2Dépistage massif de la population, comme en Corée du sud, Hongkong, Taiwan et Russie
3 - Confinement réel (pas à domicile), mais sélectif des personnes positives,
4 - Application du traitement avant la période de complications (8-9ème jour de la contamination).

Il espère ainsi, réduire le nombre de complications, et la léthalité. Sachant que le test classique qu’il utilise, la PCR qui dose la charge virale, revient cher, n’est pas à la portée de tous les laboratoires, ni facile à intégrer dans une politique de santé publique.

Selon lui, sur les 24 patients volontaires qu’il a traités ainsi empiriquement à Marseille, 75% négativaient leur charge virale au bout de six jours. En clair : le virus avait disparu, et les patients n’étaient plus contagieux. En comparaison, 90% des patients traités sans chloroquine, à Nice et Avignon, seraient encore contagieux au bout de cette même période.

Ces déclarations, amplifiées par les réseaux sociaux, ont soulevé un grand espoir à travers le monde, et une méfiance accrue envers les politiciens qui semblaient rester sourds à ces propositions pour des considérations économiques. D’autant que ces derniers récusaient le port du masque chirurgical par tous – en zone de pénurie grave même pour les soignants - alors que l’on a vue sur les médias, que tous les asiatiques qui sont arrivés à bout de la maladie en portaient sans exception.

En même temps, ces propositions ont soulevé un tollé dans le milieu scientifique français, dont de nombreux spécialistes - des « andouilles » selon le professeur marseillais - estiment que ces essais, menés auprès d’un petit nombre de patients, ne répondent pas à tous les critères scientifiques nécessaires pour valider un traitement, notamment l’absence du double aveugle (tirage au sort secret, ni le patient, ni les soignants ne doivent savoir qui reçoit le traitement, et qui reçoit le placébo). D’autant que l’étude ainsi randomisée de certains antiviraux utilisés en Chine, aurait démontré leur totale inefficacité.

Entre temps, plusieurs tests de dépistage rapide, parfois à lecture quasi instantanée ont été développés, avec l’apparition de drives de dépistage massif, donnant raison au Pr Raoult quant aux 3 premiers points : 

1 - Le confinement généralisé, même policé, et armé, n’a pas permis à lui seul, à la Chine de contenir rapidement l’épidémie (plus de 3 mois, et une mortalité de 1,4 à 4,5%).
2 – Le dépistage massif en Asie a été plus rapidement efficace, abaissant la mortalité à 0,5%
3 – Le confinement spécifique, dans des espaces dédiés, avec surveillance biologique et médicale, permet de prévoir, voire de prévenir les complications

Qu’en est-il du traitement à l’hydroxy-chloroquine, sur l’achat de laquelle se précipitent tous les gouvernements, tout en la dénigrant ? L’état français veut la réserver aux cas graves, où « il n’y aurait plus rien à perdre », parce qu’elle empêcherait le choc cytokinique pré mortem, ou même interdire son emploi jusqu’aux résultats des études randomisées. Alors que « El Profesor » veut la prescrire avant les complications, avant même l’apparition des symptômes. C’est un traitement empirique, certes, sans aucun fondement scientifique, certes, mais qui semble marcher à priori, à tel point que tous les médecins hospitaliers en France la prescrivent, la stockent, allant jusqu’à cambrioler la pharmacie de leur hôpital. A tel point que les élus locaux, qui l’ont expérimenté personnellement demandent à leurs hôpitaux de la prescrire. Bref c’est la confusion la plus totale ! Ce qui est en soi normal pour une question de vie ou de mort.

Si Wilhem Röntgen avait su comment agissaient les rayons X, on n’aurait jamais eu d’imagerie médicale. Si Marie Curie avait su où conduirait la radioactivité, on n’aurait jamais eu la radiothérapie, la curiethérapie … La médecine est jalonnée de bien d’autres exemples où on a découvert par hasard la pénicilline … etc. Alors s’agit-il d’un saut dans l’histoire de la science médicale ? On le saura dans quelques jours. Peut-être même au Maroc avant tout le monde, si nous dépistons rapidement, testons, et retestons tout le monde avant l’apparition des complications auxquelles nos pauvres hôpitaux ne pourront pas répondre.

Pr Aziza BENKIRANE
Casablanca