Habituée à travailler avec les plus grands — Luis Buñuel, Pedro Almodóvar, Carlos Saura, Coppola ou encore André Téchiné — Carmen Maura compte plus de cinquante ans de cinéma et une filmographie qui a façonné l’histoire du 7ᵉ art espagnol. Pourtant, son rôle dans Calle Málaga n’est pas pour elle un chapitre de plus : c’est une expérience radicale.
« Maryam avait tout clair dans sa tête », confie-t-elle. « Je n’ai jamais été aussi dirigée de ma vie. » Pour l’actrice, chaque geste, chaque inflexion de voix, chaque silence avait été pensé en amont par la réalisatrice marocaine. « Certains pensent que j’improvise, mais c’est tout le contraire. Dans ce film, je n’étais pas libre du tout. Si un jour on me donne un prix pour ce rôle, la moitié sera pour Maryam. »
Ce niveau d’exigence transforme son expérience en une aventure singulière, qu’elle décrit comme « l’un des tournages les plus difficiles » de sa carrière. Mais l’émotion du public — qui ressort bouleversé à chaque projection — efface cette rudesse. « On a tellement de succès… les gens sont enchantés. »
« Maryam avait tout clair dans sa tête », confie-t-elle. « Je n’ai jamais été aussi dirigée de ma vie. » Pour l’actrice, chaque geste, chaque inflexion de voix, chaque silence avait été pensé en amont par la réalisatrice marocaine. « Certains pensent que j’improvise, mais c’est tout le contraire. Dans ce film, je n’étais pas libre du tout. Si un jour on me donne un prix pour ce rôle, la moitié sera pour Maryam. »
Ce niveau d’exigence transforme son expérience en une aventure singulière, qu’elle décrit comme « l’un des tournages les plus difficiles » de sa carrière. Mais l’émotion du public — qui ressort bouleversé à chaque projection — efface cette rudesse. « On a tellement de succès… les gens sont enchantés. »
La comédie selon Maura : un instinct, jamais une intention
Calle Málaga marque une inflexion dans l’œuvre de Maryam Touzani : une incursion assumée dans la comédie. Une tonalité nouvelle que l’actrice aborde sans calcul.
« Je n’ai jamais l’intention de faire rire », explique-t-elle. Sur les tournages, elle reste impassible, même quand toute l’équipe éclate de rire. « L’humour, je l’ai dedans. Si le texte est bien écrit, si tu joues naturel, les gens rient. » Elle souligne la force des scènes avec la nonne — des dialogues audacieux, parfois crus — qui ont surpris même les scénaristes espagnols. « On m’a fait dire des choses impossibles ! Mais j’adorais les dire. »
Pour Carmen Maura, la comédie n’est pas un genre mais une façon d’être : « La meilleure manière d’en faire, c’est de ne pas savoir qu’on en fait. La vie, si on regarde bien, est pleine de comédies. »
Le cinéma comme art… mais aussi comme industrie
L’actrice rappelle avec une franchise rare que le cinéma reste un métier fragile, dont la survie dépend du public : « Faire un film coûte très cher. Quand les spectateurs ne viennent pas, beaucoup de gens souffrent. »
Dans un plaidoyer vibrant, elle en appelle à un retour massif vers les salles : « Une fois par semaine, allez au cinéma ! Ne perdez pas cette habitude. Rien ne remplace la salle, même si la télé est grande. »
Elle raconte avec émotion sa propre redécouverte du rituel cinématographique, en voyant One Battle After Another, du scénariste Paul Thomas Anderson. En salle après une longue parenthèse loin des cinémas, seulement dix spectateurs plongés dans le noir à ses côtés, mais une joie immense.
Une rencontre intime avec Tanger
Si Calle Málaga occupe une place particulière dans son parcours, c’est aussi parce qu’il lui a permis de vivre Tanger de l’intérieur : « Je tombais tous les jours un peu plus amoureuse de la ville ».
Installée dans une maison ancienne, à cinq minutes du lieu de vie de son personnage, elle se mêle au quotidien tangérois : achats compulsifs, promenades jusqu’à s’en perdre dans les ruelles du vieux Tanger et discussions spontanées avec les passants.
Contre certains préjugés persistants en Espagne, elle insiste : « Tanger est l’endroit le plus facile à vivre. Jamais je n’ai ressenti la moindre peur. Les gens sont adorables. »
Elle évoque même l’admiration que ses propres proches, y compris ceux qui ne parlent pas un mot d’arabe ou de français, ont nouée avec les techniciens marocains. « Ils se comprenaient je ne sais comment… C’est magique. »
Entre émerveillement et distance : son regard sur Marrakech
Si elle reconnaît l’hospitalité et la beauté de la ville ocre, ce qu’elle a vu de Marrakech lui semble « trop grand, trop exagéré ». Elle garde néanmoins un souvenir fascinant des jardins immaculés jusque dans le moindre détail : « Pas une feuille sèche ! Ils doivent se lever à quatre heures du matin pour maintenir tout ça. C’est incroyable. » Mais si elle revenait tourner au Maroc, prévient-elle avec humour, « ce sera à Tanger ».
Un attachement sincère au Maroc
L’actrice, qui avait déjà tourné à Rabat et Casablanca pour un film français, considère désormais Calle Málaga comme un lien profond avec le pays et sa lumière. Et elle le promet : « Partout où j’irai présenter le film — Toronto, Venise ou ailleurs — je parlerai de Tanger. Ça en vaut la peine. »
Elle regrette seulement une chose : ne pas parler arabe. Mais même cela n’a pas entamé la chaleur des rencontres. « On se comprend toujours. Il y a quelque chose dans l’air ici – une gentillesse qui dépasse la langue. »






















