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COP 26 / Diplomatie Environnementale : l’un des As Gagnant de la Politique Etrangère du Maroc


Rédigé par Yassir Lahrach le Mardi 2 Novembre 2021



Face à un Réchauffement planétaire accéléré, à une Erosion sans précédent de la biodiversité, à des problèmes aigus de Pollutions transfrontières, à une forte Sécheresse, aux Inondations et à l’Elévation du niveau de la mer ou encore aux Pénuries des ressources en eau, la Diplomatie environnementale ou verte s’avère devenir, à l’aune du Coronavirus, un moyen efficace dont les pays avisés et agiles usent pour asseoir des politiques étrangères copieusement séduisantes et noblement souveraines.

Avec la tenue, à Glasgow, depuis le 31 octobre 2021 de la 26 -ème conférence annuelle de l’ONU (COP 26) sur le climat qui s’étale jusqu’au 12 novembre 2021, le Maroc peut, aujourd’hui, se prévaloir de disposer de tous les atouts nécessaires pour développer une réelle Diplomatie de l’Environnement, à même de devenir l’une des cartes gagnantes de sa Politique Etrangère, dans l’ère post-covid. 

Le Maroc ne manque pas en effet d’arguments à ce propos : organisation exemplaire de la COP22 à Marrakech en novembre 2016, reconnaissance mondiale des importantes avancées du Royaume en matière d’énergies renouvelables et d’économie verte, opérationnalisation efficiente d’une Stratégie Energétique Nationale pour une énergie durable, effectivité d’une volonté nationale d’une transition vers une économie verte et décarbonée au service des objectifs du développement durable, lancement d’un projet de construction et d'exploitation d'une unité flottante, de stockage et de regazéification du gaz naturel liquéfié, existence d’un cadre législatif national de l’environnement au diapason du droit et des conventions internationales… Ceci sans oublier de rappeler, un fait tout récent, celui de l’adoption par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU d’une Résolution co-parrainée par cinq pays, dont le Maroc, lequel texte onusien reconnait « pour la première fois que disposer d’un environnement propre, sain et durable est un Droit humain ». 

S’ajoute à cela :

- Le Rapport sur le nouveau modèle de développement, qui relève, de manière explicite, que « l’environnement, les ressources naturelles et la biodiversité subissent de fortes pressions, suite au changement climatique mais aussi sous l’effet de politiques publiques et de stratégies sectorielles qui ne tiennent pas suffisamment compte des impératifs de durabilité des ressources et des équilibres environnementaux » et que le « rythme actuel de mise en œuvre des Objectifs de Développement  Durable, rend difficilement atteignables certains objectifs », à l’exemple de la préservation de la biodiversité et la lutte contre les effets du changement climatique. 

- La teneur et la portée sages, intelligentes et ciblées du Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, adressé aux participants à la COP-26, dont lecture a été donnée par le Chef de gouvernement dans lequel l’Auguste Souverain appelle « à un éveil de la conscience mondiale et à un engagement collectif responsable permettant de faire face aux changements climatiques ».

- La participation du Royaume aux travaux du Sommet de l’Initiative verte du Moyen-Orient, tenu à Ryad du 23 au 25 octobre écoulé, avec la participation de nombreux Chefs d’Etats et responsables gouvernementaux.

- L’organisation au Maroc, au courant de l’année 2022, de la prochaine réunion ministérielle des pays membres de l’International Energy Forum (IEF), en collaboration avec l’Arabie Saoudite.

- La nomination d’une experte internationale, membre du groupe d’experts sur les énergies fossiles auprès de l’ONU et économiste en chef de l’IEF, à la tête du Ministère de la Transition énergétique et du Développement durable.

Ce qui démontre, d’ores et déjà, que le Royaume chérifien est parfaitement conscient des impacts liés à l’Environnement, inscrivant ainsi parmi les politiques nationales prioritaires, celles des énergies renouvelables et du changement climatique.

D’ailleurs et sous la conduite clairvoyante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu le Glorifie, la contribution effective du Maroc aux efforts internationaux en matière d’Environnement n’est plus à prouver, consignant la transition énergétique et les technologies propres, comme contributions effectives du pays dans ce domaine. 


Une Diplomatie Royale distinguée, plaçant l’Environnement parmi ses prédominances


Grâce à une Diplomatie Royale, globale, prospective et stratégique, le Royaume du Maroc ne dédaigne aucun axe ou secteur, dont, prioritairement, le domaine environnemental, même dans un contexte géopolitique très mouvant.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour permettre à la Politique Etrangère Marocaine de continuer à offrir ses délicieux menus diplomatiques à l’international, mais reste juste à y adjoindre ses sauces maison de cuisine interne, comme celles spécifiques au Climat et à la Biodiversité. 

Ce qui permettrait à la Diplomatie Royale de s’inscrire, en tant que cas d’école, non plus uniquement dans le cadre de conférences et de cours universitaires magistraux mais objectivement dans les principaux ouvrages de référence des Relations internationales et de la Diplomatie.


Une Diplomatie gagnante devrait apprendre à se monnayer


Comme allégué en techniques de marketing, il ne suffit pas de disposer des plus belles choses mais encore faut-il être en mesure de pouvoir, convenablement, les valoriser. 

Je me rappelle, dans le cadre de mon expérience d’évaluateur international des dispositifs nationaux de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme que parfois un pays réalise beaucoup de projets mais ne réussit malheureusement pas à les mettre en valeur ou au contraire accomplit le minimum mais parvient, tout de même, à s’en approprier le leadership.

Le Maroc, malgré ses qualités exemplaires, était toujours connu pour sa modestie, sauf que les temps d’aujourd’hui dominés par le hard et le soft power concordent avec des guerres mondiales économiques et informationnelles où il faut se vendre, s’exporter et se valoriser.


La Diplomatie Environnementale, à la croisée de multiples sphères


Sous-estimée dans le passé et bien que relativement jeune, en comparaison à d’autres, la Diplomatie Environnementale s’officialise pour devenir aujourd’hui, l’un des principaux instruments d’influence étatique des pays les plus avisés.

Côtoyant fréquemment de nombreuses thématiques comme les questions énergétiques (atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, utilisation des biocarburants), climatiques (conséquences du réchauffement sur les migrations transnationales), de santé (consommation d’organismes génétiquement modifiés), de propriété intellectuelle (droit des populations indigènes et locales en ce qui concerne l’usage des ressources génétiques naturelles) ou encore de criminalité (blanchiment de capitaux générés par les crimes contre l’environnement, associés à des infractions sous-jacentes tel que le recours à la traite d’êtres humains en vue du travail forcé et le soutien aux conflits), cette Diplomatie ne saurait être efficiente, en l’absence d’une parfaite harmonie avec ces différentes sphères.

D’où un appel fort au Gouvernement actuel de bien tenir compte des interactions, souvent complémentaires et additionnelles, entre ces différentes composantes, en vue de permettre à l’ensemble des Départements ministériels de travailler en plein décloisonnement, pour le développement d’une foudroyante Diplomatie Environnementale, à même de servir les intérêts suprêmes de la Nation.


Environnement et Criminalité


Peu connue, la criminalité environnementale génère d’importants flux financiers, issus d’autres activités illicites.

En juin 2021, le Groupe d’Action Financière, principal pourvoyeur de normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a publié un Rapport très pertinent sur le blanchiment de capitaux, générés par les crimes contre l’environnement, dans lequel sont analysées les méthodes utilisées par des criminels pour blanchir les produits de la criminalité environnementale.

Le Maroc pour contrecarrer cette criminalité a, depuis le mois de février 2017, créé une police de l’environnement, chargée du contrôle, de l’inspection, de la recherche, de l’investigation, de la constatation des infractions et de la verbalisation.

Mais encore faudrait-il que ce gendarme vert puisse élargir davantage ses actions de coordination nationale et de coopération internationale, pour disposer d’une vision 360 degrés, lui permettant de ratisser large et d’être par ricochet, hyper efficace.

Cette police de l’environnement se devrait également d’être un important levier dans la préservation des ressources naturelles et la lutte contre la perte de biodiversité.

Aujourd’hui, il incombe à notre pays :

- D’être hautement sensibilisé par rapport aux crimes environnementaux transnationaux, pour en tenir compte dans la mise en œuvre de sa Diplomatie Environnementale.

- De réfléchir à fonder un Institut Africain de l’Environnement basé dans les provinces du sud, à l’image de l'Agence européenne pour l'environnement qui se charge, notamment, de sensibiliser les pays par rapport à la décarbonation de l’outil industriel, de fournir des informations fiables sur l’environnement et le climat européens, tout en oeuvrant pour l'amélioration des performances environnementales du vieux continent. 

- De retenir cette typologie de crimes dans l’évaluation nationale des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. 

- De sensibiliser davantage les pays du G20, pour tenir leur promesse, prise à la veille de la COP 26, en vue de porter la finance climat au-delà même de 100 milliards de dollars par an mais aussi de s’engager de sortir leurs économies de la prédominance persistante du charbon.

- De recourir aux nouvelles technologies à l’effet de réduire l'empreinte carbone des logements, en incitant les consommateurs à diminuer leur consommation.

En plein déroulement de la COP 26, le Maroc, au-delà de sa participation, y est déjà hautement engagé, affirmant, à maintes reprises, dans des enceintes internationales et régionales, sa forte volonté en vue de limiter la hausse des températures, continuant à promouvoir ses initiatives entamées depuis la COP22.

Un appel est lancé à Monsieur Aziz Akhannouch, qui préside actuellement la Délégation marocaine en Ecosse, en vue d’agir avec perspicacité et anticipation, pour promouvoir une véritable Diplomatie Environnementale.



Yassir Lahrach 
Docteur en droit/Expert en Intelligence économique/Analyste en Stratégie internationale
 



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