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Bureaux de change face à Covid-19 : La dure réalité d’un secteur en banqueroute


Rédigé par Mamady SIDIBE Vendredi 30 Avril 2021

Les Bureaux de change sont dans la tourmente. En effet, depuis plus d’un an, 781 sociétés de change connaissent un gel total de leur activité et leurs 5000 employés sont frappés à leur tour par la perte d’emploi. Pire, ils ont été exclus par le CVE, de façon inexpliquée, du bénéfice de l’indemnité du fonds de soutien depuis juillet 2020, contrairement aux autres secteurs liés au tourisme qui n’ont été touchés que partiellement. Voyage dans une activité pas comme les autres.



Bureaux de change face à Covid-19 : La dure réalité d’un secteur en banqueroute
Tout ce qui brille n’est pas de l’or, dit l’adage. Aujourd’hui, cette réalité s’applique malheureusement à un secteur, ja-dis convoité et qui faisait rêver plus d’une personne. Car qui dit Bureau de change, pense automatiquement aux devises (dollars, euros et la liste est longue), donc de la richesse. Mais Covid-19 est venu montrer la face cachée de l’iceberg. Un paradis qui ne fait plus rêver. Et les professionnels ou les opérateurs en savent quelque chose, eux qui ont désormais les yeux rivés sur un retour hypothétique des touristes étrangers, des Marocains résidents à l’étranger ou encore le bon vouloir de l’Office de change et de BAM d’instaurer un équilibre entre Banques et ces bureaux de change.

Quelque part, dans une ruelle non loin de l’Avenue Fahd El Oumir à Agdal à Rabat, un box lève le rideau en ce mardi matin. Le gérant, au regard hagard, attend impatiemment l’arrivée d’un client. Ce qui ne sera pas de sitôt. Les temps sont durs, explique-t-il. Plus loin de là, au DFK bureau de change, le constat est le même en cette période de crise sanitaire.

« Actuellement, avec Covid-19 qui a entrainé le confinement combiné à la fermeture totale des frontières, notre Bureau de change est en arrêt total d’ac-tivité. C’est une situation qui est presque générale », souligne un autre qui a requis l’anonymat. Il ajoute : « Pas de touristes, pas de MRE, cela signifie une baisse de chiffres d’affaire de manière significative alors que les charges fixes (loyer, électri-cité, contrats de maintenance etc...) n’ont pas connu de baisse ni de réduction. Pour notre interlocuteur, tous ces éléments réunis ne peuvent que prédire une disparition, voire une baisse définitive des rideaux dans un avenir très proche sans oublier l’absence d’aucun soutien ni aide de la part des organismes gouvernementaux concernés.

Gel de l’activité

A la Fédération nationale des associations régionales des bureaux de change (AFNAR), la mine est grise car l’activité de change est pratiquement gelée depuis 14 mois principalement dans les régions touristiques : Fès, Marrakech, Agadir, Meknès, Rabat, Essaouira, Ouarzazate, Tétouan, Casablanca. Dans certaines ré-gions, l’activité n’a été reprise que de 15%, souligne-t-on, même si l’on avait espéré un début partiel avec l’allègement des mesures barrières.

« Cependant, avec la propagation de la deuxième et troisième vagues ainsi que la fermeture intégrale des frontières, la situation s’est empirée étant donné que notre secteur est lié au tourisme étranger et aux Marocains du monde sans lesquels nous n’avons aucune alternative. Nous travaillons avec un objet unique qui est le change des billets de banque », fait remarquer le Président de cette Fédération, El Yamlahi Abdeslam.

Pire « malgré nos souffrances, le Conseil de veille économique a exclu nos salariés du bénéfice de l’indemnité Covid depuis juillet 2020 pour des raisons inconnues, sans prendre en compte nos diverses réclamations au Chef du gouvernement, au ministre de l’Economie et des Finances, au ministre du Tourisme et au ministre du Travail », explique-t-il.

Pour les professionnels, il est urgent, voire primordial, la nécessité d’accorder l’indemnité Covid avec effet rétroactif depuis juillet 2020 afin d’éviter la catastrophe. Cette mesure salutaire si elle se réalisait permettrait aux acteurs de Bureaux de change d’espérer pour la reprise post Covid-19.Pour ce qui est du plan d’accompagnement, le constat est amer.

« Nous constatons avec regret qu’aucun plan d’accompagnement spécifique n’a été mis en place par l’administration de tutelle ni par le CVE pour permettre la relance post Covid-19. Nous souhaitons que les responsables prennent conscience de la gravité de la situation et ouvrent le dialogue avec notre Fédération au niveau du CVE pour activer la mise en place de solutions efficaces au lieu de prescrire des calmants », fait remarquer, en off, un autre acteur en la personne de M.K.

Besoin de soutien

Pourtant, l’activité de bureaux de change est un secteur pourvoyeur d’emploi. Ainsi la profession a pu créer environ 5000 postes d’emploi stables depuis la crise mondiale de 2008 malgré la fai-blesse de la marge bénéficiaire. Celle-ci connait une dégringolade depuis 2018 pour atteindre des proportions de 0,20% sinon un peu plus. A la Fédération, cette chute est liée à la concurrence accrue des banques et qui accordent à leurs clients maro-cains du monde des cours attractifs. A cela s’ajoute aussi le marché parallèle. Une pratique qui gagne du terrain.

Aujourd’hui, les professionnels ne savent plus à quel Saint se vouer même s’ils sont soucieux de développer leur business, de maintenir les postes d’emploi actuels et de créer des nouveaux, en adéquation avec la stratégie nationale de l’inclusion financière.

Pour ce faire, le secteur a besoin du soutien du CVE (ministère de l’Economie et des Finances, de Bank Al Maghrib et l’Office des Changes) afin de prendre des initiatives encourageantes à l’instar du contrat programme qui a été signé avec la Confédération Nationale du Tourisme et d’autres secteurs sinistrés par les effets catastrophiques du Covid-19. Ceci dans l’espoir de sauver des milliers de familles qui continuent de souffrir depuis ces 14 mois. L’appel sera-t-il entendu ? L’avenir nous le dira.

 








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