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Budget 2022 : En l’absence de sortie à l’international, le Trésor poursuit le recours au marché intérieur


Rédigé par A. CHANNAJE Mercredi 10 Août 2022

Les comptes publics de l’État demeurent confortables au premier semestre 2022. Néanmoins, l’orientation future du Trésor sur le marché intérieur fait face à deux principaux challenges : la hausse des pressions sur le budget de l’État et les décisions relatives aux sources de financement.



Les comptes publics de l’État demeurent confortables au premier semestre 2022. Le déficit budgétaire s’est établi à 18,3 milliards de dirhams à fin juin 2022, en hausse de 11,1 milliards de dirhams en glissement annuel, souligne Attijari Global Research dans son “Research report – fixed income”, intitulé « Vers une poursuite de la hausse des taux en 2022 ».

Cette évolution s’est opérée en dépit d’une nette augmentation des dépenses de l’État dans un contexte inflationniste, précise la même source dans son rapport publié lundi 8 août. « A l’origine, le comportement favorable des recettes fiscales durant ce premier semestre », ajoute la banque. En détail, le rapport note qu’à l’origine des deux premiers acomptes en 2022, les recettes IS ont été portées par les secteurs des Phosphates, du Ciment et des Finances. Les recettes fiscales ont ainsi enregistré une progression de 23,5 milliards de dirhams (soit 22%) en une année, atteignant 131,5 milliards de dirhams au premier semestre 2022.

Le rapport fait remarquer aussi que l’envolée des dépenses de compensation a creusé les dépenses globales de l’État à plus de 165 milliards de dirhams, soit11,4%. « À l’origine, le renchérissement du cours du gaz butane de plus de 60% en une année, passant de 530 $/T à 861 $/T à fin juin 2022. La charge decompensation affiche ainsi un taux de réalisation très élevé de 124% à 21 milliards de dirhams », poursuit le rapport.

Maîtrise du niveau des arriérés du Trésor

Autre point soulevé dans ce document : le Trésor est arrivé, à l’issue du premier semestre 2022,à contenir son besoin de financement à 22,1 milliards de dirhams grâce à l’amélioration des recettes fiscales de l’État et à la maîtrise du niveau des arriérés du Trésor à 3,8 milliards de dirhams au premier semestre 2022. Il s’agit, d’après les analystes d’AGR, d’un taux de réalisation de 29% par rapport aux prévisions de la Loi de Finances 2022, et ce, face à un besoin de financement global en 2022 de 76,5 milliards de dirhams.

Par conséquent, le reliquat des besoins de financement du Trésor durant le reste de l’année demeure important avoisinant les 55 milliards de dirhams. D’après AGR, le bon comportement des finances publiques continue de se refléter positivement sur la trésorerie du Royaume qui affiche une situation excédentaire au terme du premier semestre 2022, en attestent les niveaux de ses placements sur le marché monétaire. Ces derniers demeurent proches de la moyenne observée durant l’année 2021, soit de 9,8 milliards de dirhams, fait remarquer AGR.

Vers un revirement stratégique de la tendance baissière des taux d’intérêt

Le rapport d’AGR fait observer, par ailleurs, que les taux obligataires se sont orientés globalement à la hausse durant cette période, et ce, compte tenu du recul plus important de la demande des investisseurs sur le marché obligataire par rapport à l’offre du Trésor en BDT (Bon de Trésor) au cours du premier semestre 2022.

Cette tendance résulte principalement des deux principaux facteurs. Primo, la maîtrise de l’offre du Trésor en BDT à travers des souscriptions de 57 milliards de dirhams, en légère baisse par rapport au deuxième semestre 2021. Secundo, une évolution moins soutenue de la demande des investisseurs en BDT au premier semestre 2022. Cette configuration s’est traduite par une hausse du taux moyen de satisfaction de 5 pts, passant de 35,2% au premier semestre 2021 à 40,2% au premier semestre 2022.

Cette orientation a induit un relèvement des exigences de rémunération des opérateurs locaux envers les BDT, indique la même source, notant que le repli de la demande a entraîné un relèvement technique des rentabilités exigées par les investisseurs confirmant leurs anticipations inflationnistes. « Nous avons assisté à une orientation haussière des taux, en dépit du maintien du taux directeur de Bank Al-Maghrib inchangé à 1,5%. Cette nouvelle évolution marque un revirement stratégique de la tendance baissière des taux au Maroc entamée depuis 2012 dans un contexte inédit de taux réels négatifs. Ces derniers sont la résultante d’une inflation élevée de 7,2% en juin 2022, soit le plus haut depuis près de 27 ans », explique AGR.

Le Trésor face à deux principaux challenges en 2022

En marge de l’accélération des tensions inflationnistes, AGR fait observer, d’autre part, que certaines hypothèses de construction de la Loi des Finances 2022 ne semblent plus d’actualité. Ainsi, poursuit la même source, l’orientation future du Trésor sur le marché intérieur fait face à deux principaux challenges. Le premier est la hausse des pressions sur le budget de l’État. Il s’agit principalement des dépenses de compensation. Selon les projections de la LF-22, la charge de compensation s’établirait à 17 milliards de dirhams en 2022. Toutefois, cette charge a dépassé les 20 milliards de dirhams au premier semestre 2022.

Le second challenge en question concerne les décisions relatives aux sources de financement. « Après avoir réalisé des financements extérieurs de plus de 60 MMDH en 2020 suite essentiellement à deux levées à l’international (40 MMDH), le Trésor n’a pas effectué, depuis, de nouvelles levées importantes en devise. À noter que la LF-22 estime les financements extérieurs autour des 40 MMDH en 2022 », poursuit le rapport.

Quoiqu’il en soit, les analystes d’AGR restent « convaincus quant à la capacité du Trésor à maîtriser son déficit budgétaire en 2022 en dessous des 6% du PIB ».

A ce stade, ils rappellent que le ministère de l’Economie et des Finances a revu ses prévisions de déficit et de croissance pour l’année en cours compte tenu des récentes évolutions à 5,3% du PIB et 1,5% respectivement.

Des perspectives haussières d’évolution des taux

Sur la base des prévisions du besoin du Trésor par la LF-22 et du niveau de ses tombées estimées à 61 milliards de dirhams durant le reste de l’année 2022, AGR indique que le besoin de financement brut moyen par mois s’établirait à 13,4 milliards de dirhams au deuxième semestre 2022. Ce besoin tient compte de la concrétisation de la totalité des financements extérieurs fixés à 40 milliards de dirhams par la LF-22 et des recettes de privatisation estimées à 5 milliards de dirhams, précise-t-on.

Financement à l’international

AGR souligne, d’autre part, qu’il reste confiant en la capacité du Maroc à réaliser de nouvelles sorties à l’international sans grandes difficultés et à des conditions de financement « correctes ». Et ce, en dépit du durcissement monétaire de plusieurs grandes banques centrales à l’international (FED, BCE, BOE, BNS...) en 2022 qui ont induit des tensions haussières sur les taux de financement des économies émergentes.

Le Royaume profite toujours d’une prime de risque relativement plus attractive par rapport aux pays émergents, rassure la même source, notant que deux constats soutiennent son scénario. D’abord, des notations favorables de la dette souveraine avec des perspectives stables. « Grâce aux derniers tirages (LPL, DTS) auprès du FMI, le Maroc a renforcé sa résilience face aux chocs extérieurs. Dans ces conditions, les réserves de change s’établissent à 300 MMDH, soit aux environs de 6 mois d’importation de biens et services », fait savoir AGR.

Le second contact en question est qu’une quote-part de la dette extérieure est maîtrisée à 24% en 2022, « soit un niveau cohérent avec le benchmark de référence du Trésor à l’international. Ce dernier se situe entre 25% et 30% ».



A. CHANNAJE


Le service de la dette extérieure publique à fin mars
 
388,1 milliards de dirhams. Tel est l’encours de la dette extérieure publique à fin mars 2022, dont 209,7 MMDH pour le Trésor et 178,4 MMDH pour les autres emprunteurs publics, indique la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE). Durant les trois premiers mois de l’année 2022, les tirages sur emprunts extérieurs publics ont porté sur un volume global de 3,9 MMDH, précise la DTFE dans son bulletin statistique de la dette extérieure publique à fin mars 2022. Le bulletin fait savoir également que 2,6 MMDH ont été mobilisés par le Trésor, dont 2,1 MMDH pour les appuis aux réformes, et 0,5 MMDH pour les projets du budget, et 1,3 MMDH au profit des projets des Établissements et Entreprises Publics (EEPs).

De son côté, le service de la dette extérieure publique s’est élevé à 5,5 MMDH (2,6 MMDH ont été réglés par le Trésor et 2,9 MMDH par les autres emprunteurs publics). La structure par créanciers de cette dette révèle une prédominance des multilatéraux avec une part de 49,7%, suivis des marchés financiers internationaux et banques commerciales (28,6%), et des bilatéraux (21,7%).
 








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