Le Conseil de Bank Al-Maghrib s’est réuni le 19 décembre pour sa dernière réunion trimestrielle de l’année 2023. Au cours de cette session, de nombreux sujets importants ont été discutés, notamment l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, les projections macroéconomiques à moyen terme, et les décisions de politique monétaire.
Sur le plan international, le Conseil a noté une nette atténuation des pressions inflationnistes, en grande partie due aux resserrements monétaires sans précédent et à la baisse des prix de l’énergie. Cependant, la croissance économique continue de subir les tensions géopolitiques et les incertitudes mondiales.
Sur le plan international, le Conseil a noté une nette atténuation des pressions inflationnistes, en grande partie due aux resserrements monétaires sans précédent et à la baisse des prix de l’énergie. Cependant, la croissance économique continue de subir les tensions géopolitiques et les incertitudes mondiales.
Impact modéré du séisme
Au niveau national, le séisme d’Al-Haouz a eu un lourd bilan humain, mais les répercussions sur l’activité économique devraient être faibles selon les évaluations, y compris celles de Bank Al-Maghrib. En conférence de presse, Abdellatif Jouahri a révélé que les premières estimations font état d’un impact sur la croissance ne dépassant pas 0,2% du PIB.
Cependant, les nombreux projets d’investissement en cours laissent espérer une nouvelle dynamique de l’investissement et de l’activité économique à moyen et long termes. D’après le Wali, et selon les observations des répercussions des séismes dans d’autres pays, la reconstruction dans la région d’Al-Haouz permettra d’accélérer la croissance économique.
Pour ce qui est du Fonds spécial dédié à la gestion des effets du séisme, les contributions ont atteint jusqu’à aujourd’hui 19 milliards de dirhams, selon le Wali de Bank-Al-Maghrib Abdellatif Jouahri. “On bouclera certainement les 20 milliards d’ici la fin de l’année”, a-t-il déclaré devant la presse.
Baisse de l’inflation
Le Conseil a observé un ralentissement de l’inflation domestique, qui devrait se poursuivre à moyen terme. Après un pic de 10,1% en février dernier, l’inflation est descendue à 4,3% en octobre et devrait terminer l’année avec une moyenne de 6,1%, en baisse par rapport à 6,6% en 2022. En tenant compte de divers facteurs, l’inflation devrait baisser significativement pour atteindre environ 2,4% en 2024 et 2025.
De même, sa composante sousjacente devrait enregistrer une nette décélération à 2,4% en 2024 puis à 2,3% en 2025. Pour les prix des produits alimentaires à prix volatils, ils devraient se stabiliser les deux prochaines années. En revanche, les prix des carburants et lubrifiants devraient s’accroître de 5,3% en 2024 puis se stabiliseraient en 2025. Concernant les tarifs réglementés, ils connaîtraient une hausse de 3,3% en 2024 et de 4,3% en 2025, tenant compte de l’effet de la décompensation graduelle des produits subventionnés.
Les anticipations d’inflation à moyen terme continuent de diminuer, et la transmission des récentes décisions de relèvement du taux directeur aux conditions monétaires et à l’économie réelle se poursuit.
Au niveau mondial, les perspectives économiques restent globalement défavorables. La croissance dans les grandes économies avancées montre des signes de ralentissement, tandis que les économies émergentes connaissent des trajectoires variables, notamment la Chine et l’Inde.
En ce qui concerne le Maroc, la valeur ajoutée agricole devrait augmenter en raison des bonnes prévisions de production céréalière. Les activités non agricoles devraient également connaître une croissance progressive, avec des taux de croissance économique prévus de 2,7% en 2023, 3,2% en 2024 et 3,4% en 2025. Les comptes extérieurs connaissent des fluctuations, avec des importations en hausse et des exportations en quasi-stagnation en 2023. Le déficit du compte courant devrait augmenter à 3,8% du PIB en 2025. Les recettes des investissements directs étrangers (IDE) devraient retrouver leur niveau tendanciel. Les finances publiques montrent un déficit budgétaire en réduction, passant de 4,8% du PIB en 2023 à 3,9% en 2025.
Les taux débiteurs ont augmenté de 112 points de base depuis le début du resserrement de la politique monétaire. Le crédit au secteur non financier devrait connaître une décélération temporaire en 2023, avant de s’accélérer en 2024 et 2025.
Le taux de change effectif réel devrait continuer à s’apprécier. Les réserves de change de Bank Al-Maghrib devraient atteindre 372,1 milliards de dirhams à la fin de 2025.
Plan stratégique 2024-2028
Au terme de cette réunion, le Conseil a jugé que le taux directeur actuel de 3% reste approprié pour maintenir l’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Il a donc décidé de le maintenir inchangé tout en continuant à surveiller de près l’évolution de la conjoncture économique et des pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international.
En outre, le Conseil a adopté le plan stratégique de Bank Al-Maghrib pour la période 2024- 2028, approuvé le budget de la Banque pour l’exercice 2024, validé la stratégie de gestion des réserves de change, ainsi que le programme d’audit interne, et a fixé les dates de ses réunions ordinaires pour l’année 2024.
Le Wali a expliqué que ce plan stratégique comportait plusieurs aspects novateurs, notamment un travail approfondi sur les cryptoactifs. La Banque centrale compte aussi assurer la souveraineté des données en se dotant d’un Data Center. “Nous travaillons avec la DGSSI relevant de l’Administration de la Défense nationale, afin de créer un Data Center respectant tous les critères de sécurité”, a expliqué le Wali.