
La Ligue nationale des associations des parents d’élèves a exprimé, ce vendredi 30 mai 2025, sa vive indignation de ce qu’elle qualifie "d’exploitation médiatique abusive" des déclarations de certains candidats au baccalauréat.
Dans un communiqué parvenu à L’Opinion, la Ligue dénonce des pratiques qu’elle juge contraires à l’éthique et à la déontologie journalistique, portant atteinte à la dignité des élèves marocains et contribuant à véhiculer une image dévalorisante de la jeunesse et de l’école publique.
L’organisation parentale affirme avoir constaté que certains médias se sont livrés à une « chasse aux témoignages » en filmant des élèves dans des moments de tension et de vulnérabilité psychologique, pour ensuite diffuser des extraits contenant des menaces, des propos irresponsables ou moqueurs, dans l’objectif de faire le "buzz" et d’attirer l’attention du public à travers des contenus sensationnalistes.
Dans ce contexte, la Ligue dit craindre que ces comportements ne nuisent au bon déroulement des examens, en exerçant une pression négative sur les élèves et en détériorant le climat de concentration nécessaire à cette étape cruciale de leur parcours scolaire.
Se référant aux articles 5 et 6 de la loi-cadre 51.17 relative au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique, la Ligue rappelle que cette dernière attribue à l’école un rôle fondamental dans la formation citoyenne, la transmission des valeurs civiques et l’ancrage du vivre-ensemble. Elle souligne que la responsabilité de cette mission est partagée entre la famille, les acteurs éducatifs, les médias, ainsi que les partenaires sociaux et économiques.
La Ligue estime que les médias doivent faire preuve de retenue et de discernement, en respectant la situation psychologique des élèves confrontés à une épreuve particulièrement stressante et décisive de leur vie scolaire. « Ces comportements médiatiques ne respectent pas leur dignité, ni la mission de socialisation que doivent partager l’école, la famille et les médias », affirme-t-elle.
Par ailleurs, elle note que la performance des élèves ne peut être dissociée des perturbations ayant marqué le système éducatif ces dernières années, en particulier les conséquences de la pandémie de Covid-19 et les pressions socioéconomiques subies par les familles marocaines. Elle appelle ainsi à faire preuve de plus de bienveillance et d’accompagnement au lieu de se focaliser sur les erreurs ou les dérapages des élèves.
La Ligue condamne également « toute incitation ou comportement menaçant entre élèves », en référence à certaines séquences où des candidats se sont adressés des avertissements sur la voie publique. Elle considère que ces actes enfreignent les valeurs de paix sociale et nécessitent des réponses éducatives adaptées ainsi que des actions de sensibilisation.
Dans cette optique, la Ligue appelle l’ensemble des médias à faire preuve de plus de responsabilité et de respect dans leur traitement des sujets liés aux élèves, en évitant de les entraîner dans des polémiques médiatiques inutiles. Elle encourage un contenu médiatique constructif, valorisant les efforts des élèves et appuyant la dynamique éducative.
Tenant pour responsables les chaînes diffusant ce type de contenus, la Ligue leur impute un impact négatif sur le climat scolaire et demande aux autorités compétentes, en particulier le Conseil national de la presse, de diligenter une enquête sur ces dérives et d’appliquer les sanctions prévues par les règles de déontologie du métier.
Elle appelle également le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports à émettre une circulaire encadrant les relations entre les établissements scolaires et les organes de presse durant les périodes d’examens, afin de préserver la solennité de ces moments et de protéger les abords des écoles.
Enfin, la Ligue invite l’ensemble des associations de parents d’élèves affiliées à redoubler d’efforts dans la sensibilisation des élèves aux risques liés à des déclarations irréfléchies, susceptibles de leur causer des conséquences psychologiques, sociales voire juridiques. Elle plaide en faveur de la construction d’une culture collective fondée sur la responsabilité, le respect et la dignité.
Dans le même communiqué, la Ligue s’étonne du silence des mêmes médias face aux difficultés logistiques que rencontrent certains élèves pour rejoindre les centres d’examen, citant en exemple le cas de Ben Guerir. Elle insiste sur la nécessité de renforcer la coopération entre la famille, l’école et les médias pour former une génération capable de relever les défis du présent et de l’avenir, tout en respectant les droits fondamentaux des élèves dans un environnement éducatif sûr, sain et digne.