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Actu Maroc

Année scolaire 2023-2024 : Une rentrée sous le sceau de la cherté des manuels scolaires


Rédigé par Mina ELKHODARI Mardi 29 Août 2023

A l’approche de la rentrée scolaire, l’inquiétude des ménages se renouvelle quant à une éventuelle hausse des prix des manuels scolaires. Face aux éditeurs qui se disent rassurants, les parents se tournent vers la seconde main. Détails.



La rentrée scolaire approche, l’inquiétude monte aussi. A quelques jours du 4 septembre qui marque le retour des élèves dans les classes pour entamer une nouvelle année d’apprentissage, l’angoisse des ménages tourne, comme à l’accoutumée, vers les prix des manuels et fournitures scolaires, à l’heure où leur pouvoir d’achat est à son niveau le plus bas. En revanche, la vente des fournitures bat déjà son plein. Rien que dans le quartier mythique des Habous à Casablanca, les bibliothèques connaissent un afflux considérable. Les parents disent vouloir anticiper leurs achats pour éviter le stress de la dernière minute.

« Les rayons ne sont pas encore dévalisés. Nous avons pas mal de choix pour remplir notre panier tranquillement loin du stress des dernières heures de pic quand plusieurs manuels scolaires disparaissent», avance une mère de deux enfants, évoquant qu’elle a dû augmenter son budget, cette année, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa progéniture en matière de fournitures scolaires.

« Il est clair que les prix ne sont plus les mêmes. Pour preuve, mes dépenses pour cette année ont dépassé de loin mon budget annuel pour la scolarisation de mes enfants», ajoute-t-elle. Même son de cloche chez une propriétaire d’une librairie sur place, laquelle a affirmé que plusieurs manuels scolaires ont vu leurs prix augmenter, surtout ceux des écoles privées ou ceux importés de l’étranger.

« On note une augmentation d’environ trois dirhams par livre. C’est une hausse assez conséquente sur le budget des parents, surtout ceux ayant plusieurs enfants en âge de scolarisation », lance cet autre père de famille. Il soutient que certaines fournitures ont connu une baisse timide d’environ 50 centimes par rapport à l’année dernière, notamment les cahiers.

Les éditeurs rassurent

Joint par « L’Opinion » le président de l’Association marocaine des éditeurs, Camille Hoballah, a évoqué une hausse importante des coûts de production dans un contexte international difficile marqué par une inflation galopante.

« Le prix du papier est passé de 700 euros la tonne en 2022 à environ 1500 euros en 2023. C’est une hausse importante après dix ans de stabilité », explique-t-il, ajoutant que même si le prix papier a connu une baisse légère, ces derniers mois, il est loin d’être abordable impactant les coûts de production des manuels scolaires supportés par les éditeurs. En revanche, aucune augmentation, ni changement de prix ne sont de mise, concernant les prix des manuels scolaires produits localement, selon les propos de Camille Hoballah.

Ceci grâce, ajoute-t-il, au soutien direct accordé par le ministère de l’Education nationale et celui de l’Economie et des Finances aux éditeurs. Fixé à 25% du prix de vente, ce dispositif d’appui intervient en aide aux éditeurs des manuels scolaires pour répondre au besoin de scolarisation. L’objectif étant de mettre les manuels scolaires à disposition des familles, en bon moment et en quantité suffisante, pour éviter les hausses des prix

En outre, Camille Hoballah a affirmé que ce sont les prix des cahiers qui connaîtront une « légère et raisonnable » augmentation, compte tenu des prix que coûtent les éléments composants leur confection et vu le fait qu’ils sont soumis à la loi de l’offre et de la demande.
 
La seconde main gagne
 
Dans ce contexte, où l’inquiétude monte concernant les prix des manuels scolaires ou même leur disponibilité dans les librairies, nombreuses sont les familles qui se tournent vers les manuels de seconde main. Ceci s’avère plus avantageux, car, de ce fait, les familles garantissent avoir certains livres à des prix moins chers. C’est en tout cas ce qui se passe dans une ancienne librairie au quartier des Habous à Casablanca où chacun vient à la conquête d’un ancien livre pour son enfant.

« Nous avons l’impression que la liste des fournitures, notamment pour nos enfants de l’école privée, ne cesse de s’allonger. C’est pourquoi on préfère acheter les livres de seconde main si jamais ils sont disponibles dans les libraires. Ils se vendent à des prix beaucoup plus intéressants que les livres neufs », souligne cette mère qui se félicite d’avoir trouvé facilement sa conquête.

 « C’est devenu presque habituel. Avant d’aller chercher dans les librairies, je fouille les librairies qui vendent les manuels d’occasion, surtout pour mes deux enfants collégiens de l’école publique », ajoute-t-elle.

C’est ainsi que notre interlocutrice affirme qu’elle fait des économies afin de pouvoir acheter le reste des manuels neufs pour ses enfants de l’école privée.  Des manuels qui ne sont pas toujours très accessibles en quantité suffisante et à des prix abordables. En effet, ces derniers connaissent déjà une augmentation allant jusqu’à 5% de plus en raison de la hausse des coûts d’importation. Une hausse qui va peser, sans aucun doute, sur le budget des ménages.
 
 

Année scolaire 2023-2024 : Non à la vente des manuels scolaires par les écoles privées

A quelques jours de la rentrée scolaire, une nouvelle polémique s’annonce, cette fois-ci, autour de la vente des fournitures et manuels scolaires par certaines écoles privées. L’Alliance des Libraires du Maroc, qui a tiré la sonnette d’alarme contre cette pratique, s’est dite consternée face à cette situation jugée inacceptable et hors la loi.

Elle explique qu’au lieu de faire parvenir aux libraires la liste des manuels sélectionnés par les professeurs, pour que ces derniers puissent à leur tour commercialiser les ouvrages et les fournitures, certaines écoles font payer les frais de tout ce dont un élève a besoin, mettant ainsi en question le rôle des libraires dont la mission exclusive est de vendre les livres et les fournitures.

« Nous dénonçons ces pratiques et comportements contraires à toutes les lois, et qui sont anti-déontologiques, de certaines institutions de l’enseignement privé au Maroc qui vendent aux élèves les livres et les fournitures à chaque rentrée scolaire », fait savoir l’Alliance dans un communiqué.

Et d’ajouter : «Il est clair que certains établissements manipulent les parents d’élèves en les obligeant de manière indirecte à acheter les manuels scolaires de chez eux en sachant que les grands perdants de ce phénomène illégal, et qui est en pleine expansion, sont les libraires».

L’Alliance des Libraires au Maroc insiste, enfin, sur le fait que la mission principale des écoles est l’enseignement et l’éducation et non pas le commerce, exhortant donc le ministère de tutelle à intervenir pour mettre fin à ce qu’elle appelle « l’anarchie » de certains établissements scolaires.