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Actu Maroc

Amortir les dégâts de la crise : Vers un gouvernement d’union nationale ?

Analyse


Rédigé par Ahmed NAJI Mercredi 6 Mai 2020

Les Marocains sont dubitatifs sur l’état de santé de leur gouvernement, dont les maux de tête sont inquiétants. Sprinter pour relancer l’économie exige une parfaite cohésion des membres du corps Maroc.



El Otmani lors d’une réunion du Conseil de gouvernement.
El Otmani lors d’une réunion du Conseil de gouvernement.
De combien va se contracter le PIB du Maroc en 2020 ? 3,7% estime le FMI, 4,5% avance l’agence de notation Fitch, 3,2% se hasarde le Centre Marocain de Conjoncture. Les prévisions du Haut-Commissariat au Plan pour le 2ème trimestre, actualisées au 20 avril, sont réellement déprimantes.

Récession

Plusieurs indicateurs clignent en rouge en raison de la pandémie, mais aussi de la sécheresse ; chute de la valeur ajoutée agricole (-4,2% au 2ème trimestre) et non-agricole (-6,9%), des investissements (-26,5%), de la demande intérieure (1,2%) et extérieure (-12,5%)...

En variation annuelle, le PIB va reculer de 6,8% au 2ème trimestre. Le taux de chômage, 9,2% en 2019, va s’aggraver encore plus. 8,9 points de PIB en moins, ce sont 29,7 milliards de Dhs qui seraient partis en fumée à la moitié de l’année. L’économie nationale, infectée par le Coronavirus, nécessite des soins intensifs.

Et comme pour les humains malades du Covid-19, nombre d’entreprises, surtout parmi les très petites, petites et moyennes, vont mourir. C’est difficile à admettre, triste à avouer, mais il ne sert à rien de nier de ce qui va forcément advenir par simple enchaînement de causes à effets. La récession est là. Et la réflexion au sein de la classe politique est déjà tournée sur l’après-Coronavirus.

Destruction créatrice

Au Maroc, comme dans le reste du monde, un processus de destruction créatrice, dans un parfait accomplissement de ce concept schumpétérien, est actuellement à l’oeuvre, autant du fait de la pandémie que de la bulle financière qui était déjà sur le point d’éclater sur les marchés internationaux. Ce mécanisme intraitable va produire des gagnants et des perdants, parmi les individus, les entreprises, les systèmes de gouvernance et les nations. Aux Marocains de choisir leur camp.

Face à une crise mondiale de cette ampleur, qui va faire passer celle de 1929 pour une partie de plaisir, la mobilisation et la collaboration de tous les Marocains pour redresser la barre de leur économie est unanimement requise et soutenue. Il faut non seulement amortir les dégâts causés par le quasi-arrêt des activités productives et les difficultés des partenaires commerciaux étrangers, mais aussi et surtout transformer cette crise en opportunité pour se positionner au mieux sur l’échiquier géopolitique du monde post-Coronavirus.

Atouts

La crise du Coronavirus a démontré l’importance cruciale et indépassable du rôle de l’Etat, que l’on croyait prêt à succomber face à la globalisation. L’Etat-providence keynésien fait un retour fracassant et les banques centrales, Bank Al-Maghrib s’inscrivant dans cette tendance, ne sont plus en retrait et assouplissent quantitativement les marges de manoeuvres des marchés financiers, assoiffés de liquidités.

L’autre atout du Maroc, celui de disposer d’un appareil productif réactif aux bouleversements de tendances des marchés, est également apparu dans toute sa nécessité stratégique, dans la dimension sécurité nationale du terme. Mieux encore, l’industrie textile, par exemple, a démontré de réelles capacités à investir de nouveaux créneaux à l’export, même si le volume des masques de protection écoulés à l’étranger reste encore modeste. Faisons confiance à nos industriels pour accroître leur appétit en mangeant de nouvelles parts de marchés.

Encore plus primordial apparaît le socle monarchique du système politique marocain, assurant stabilité sociopolitique du pays et continuation dans la réalisation de programmes à long terme. Le Maroc ne manque pas d’arguments à faire prévaloir pour se faire une place au soleil dans un monde reconfiguré par le Coronavirus.

Fédérer les énergies

Maintenant, il reste à savoir si notre actuelle équipe gouvernementale est apte à relever ce défi, une interrogation légitime à soulever, vu son maigre bilan bien avant la survenue de la pandémie. Avec tout le respect du à notre chef du gouvernement, il n’a rien d’un Franklin Roosevelt, et le parti en tête du gouvernement est déjà tellement usé par l’exercice du pouvoir qu’il n’est pas des mieux placés pour concevoir et réaliser un « new deal ».

Fédérer les énergies de toutes les formations politiques dans un gouvernement de salut public est un besoin dicté par la conjoncture.

Ahmed NAJI








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